Des projets et des mirages

Vincent Di Candido, Échos Montréal, Montréal, décembre 2014

Dans le but de relancer Montréal, le comité formé de plusieurs personnalités incluant Jacques Ménard de la B.M.O. et la Chambre de Commerce métropolitaine ont lancé l'initiative « Je Vois Montréal ». Suite à un colloque, ils ont ainsi retenu plus de 150 projets citoyens venant de tous azimuts : culturel, social, communautaire et économique. Tout en saluant cette initiative nouvelle, il est pertinent de souligner que par le passé de nombreuses démarches similaires ont connu leur lot d'échecs. Qu'on se rappelle les multiples colloques, forums  et autres démarches rencontres mobilisant des milliers de citoyens, ou encore les forums 2004 et 2013. Des centaines de participants ont fait l'effort de s'investir pour y participer et soumettre quantité de projets intéressants, incluant l'identification patrimoniale du Vieux-Montréal. Sans compter les rapports officiels de sociétés mandatées à cet effet, qui ont collaboré avec les intervenants du milieu et des instances économico-municipales variées et ainsi pondu des analyses  intéressantes et détaillées, puis acheminé leurs recommandations professionnelles, telles que celles que l'on retrouvait dans les cahiers de Biancamano, Bolduc & Boisvert. Qu'on se remémore aussi les tergiversations incessantes quant au dossier de la modernisation de la rue Notre-Dame, depuis maintenant près d'une trentaine d'années. Déjà, à ses débuts il y a plus de 20 ans, notre journal Échos Montréal faisait état des planifications budgétaires supposément concrètes du milieu municipal alors en place pour moderniser enfin cette voie capitale de circulation de notre ville. Cette blague récurrente a continué de resurgir ponctuellement au fil des années, jusque même en 2006, ou l'ancien maire Gérald Tremblay avait affirmé avec conviction qu'il s'agissait d'une bonne date pour commencer enfin les travaux de rénovation et d'élargissement de l'artère. Plus récemment, il s'est créé une OSBL ayant pour but de proposer divers projets récré-culturels afin de constituer une animation de qualité pour Montréal.

Cette dernière a notamment soumis un projet rassembleur, inédit et historique pour cet hiver, aurait pu être récurrent chaque année  et même être bonifié dans le cadre du prochain 375e anniversaire de Montréal. Il s'agissait de construire 3 mini-Châteaux de Glace sur la place Jacques-Cartier, des répliques en formats réduits des Châteaux de Glace qui enchantaient des milliers de visiteurs du Vieux-Montréal au 19e siècle. C'était un projet de qualité pour un budget assez minimal, et qui aurait en outre contribué à dynamiser le Vieux-Montréal, plutôt tranquille et délaissé en période hivernale.

Or, malgré l'enthousiasme unanime de tous les intervenants rencontrés, incluant les résidents du quartier, les commerçants concernés, la Société de Développement Commercial du Vieux-Montréal (S.D.C.) et même interlocuteurs municipaux responsables du dossier à l'Arrondissement Ville-Marie – qui ont en cours de route demandé plusieurs modifications à la planification logistique du projet, on a ultimement à la ville décidé de ne pas se lancer dans l'aventure, pour des prétextes budgétaires alors que l'investissement aurait pourtant été très minime en retour de retombées réellement intéressantes.

Pendant qu'on déclare une volonté ferme de faire bouger Montréal pour qu'elle soit vivante et prospère, on ne devrait pas hésiter à investir dans des événements rassembleurs et générateurs de revenus et plutôt encourager la dynamique des citoyens qui s'investissent bénévolement pour élaborer des projets culturels de divertissement. Car demander leur participation aux citoyens pour ensuite écarter toutes leurs démarches, c'est plus qu'un non-sens, c'est également contribuer à alimenter une perte de crédibilité politique à l'esprit de la population.

 

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