Paul-Henri Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, le 28 novembre 2014
Le centre d'exposition Expression présente jusqu'au 1er février 2015 When the Shadows Change Colour (Quand les ombres changent de couleur) de l'artiste Chih-Chien Wang.
Difficile de décrire cette nouvelle proposition du centre d'exposition maskoutain. D'autant plus que l'artiste qui vit à Montréal est arrivé à notre rendez-vous avec une heure de retard. Il avait cependant une bonne raison puisqu'il devait quérir son fils à la garderie et il est resté coincé dans un embouteillage. Sauf que la rencontre fut très brève, agenda oblige.
Mais auparavant, le commissaire de l'exposition, Sylvain Campeau, nous avait fait visiter les installations qui étaient en cours de réalisation. Entre les câbles, les outils et les escabeaux, on a pu avoir une idée de ce qui était représenté. C'était la veille du vernissage et connaissant le professionnalisme de l'équipe d'Expression, les œuvres devaient être arrivées en retard.
L'exposition est essentiellement composée de vidéos et de photos. Ces éléments sont répartis dans quatre salles de dimensions différentes (d'une très grande à un toute petite). En fait, ce sont quatre mises en scène « fondées sur une théâtralité subtile et minimale » peut-on lire dans les documents qu'on nous a remis.
En entrée, dans la plus grande salle, on assiste au dialogue (en anglais) entre deux jeunes femmes, l'image de chacune étant projetée sur un mur distinct. Les visiteurs qui auront la patience d'écouter ces échanges qui durent 25 minutes se rendront compte que les personnages ne sont pas ce qu'ils semblent être. La voix de l'artiste intervient et ajoute à l'illusion.
Dans la salle du fond, Chih-Chien Wang présente l'observation silencieuse d'inconnus rencontrés au parc La Fontaine de Montréal. Les sujets ont consenti à se faire longuement filmer avec minutie et souci du détail.
Les détails, justement, il faut savoir s'y attarder pour apprécier cette exposition. Il faut avoir aussi l'esprit très ouvert et une curiosité certaine pour l'oeuvre de cet artiste d'une sensibilité peu commune.
Chih-Chien Wang est né à Taiwan. Depuis 2002, il vit et travaille à Montréal. Après des études en cinéma et en théâtre à l'Université chinoise de Taipei, il s'est établi au Québec où il a complété une maîtrise en photographie à l'Université Concordia en 2006.
Il a récemment exposé son travail dans des musées au Canada et à l'étranger. Ses œuvres figurent dans plusieurs collections dont celles du Musée des beaux-arts du Canada, le Musée de l'Élysée à Lausanne, le Musée des beaux-arts du Québec, le Musée d'art contemporain de Montréal et des collections d'entreprises et privées.
« Mon travail explore la vie de tous les jours, l'expérience quotidienne, écrit l'artiste. Je me sers de la photographie et de la vidéo pour recréer et examiner ces moments. Ils reflètent tantôt ma compréhension de gens, tantôt la société dont je fais partie, tantôt encore la ville où je vis. Et parfois, ils répondent à mon doute quant au soi. Ces moments se présentent si souvent qu'il semble normal de ne pas les voir. Or, à partir du moment où nous en prenons conscience, ils établissent en nous un dialogue ».