Daniel Gagné, Le P’tit Journal de Malartic, le 19 novembre 2014
Je ne suis pas un journaliste retenu et payé par le parti, pas plus qu’un employé de Power Queb. Je suis un travailleur volontaire de votre journal, un ami de celui que je vous présente. Comme on ne résume pas facilement, plus de 40 années, en une seule chronique de 700 mots, ce sera un survol, en trois ou quatre temps… simplement. Henri Jacob est un écologiste documenté, engagé et enraciné; un militant sensible et tenace.
En 1972 avec Jeunesse Canada Monde, il participe à la naissance d’un projet pilote de recyclage dans la ville de Kitchener en Ontario, une ville qui est devenue chef de file en la matière. En 1973, il fait partie de Val Nature, une coopérative de produits naturels, où les échanges font avancer une réflexion qui plonge des racines profondes dans sa pensée et sur la nécessité de travailler en groupe. Il devient évident que notre Terre souffre de son succès; plus il y a d’humains, plus les autres créatures sont en danger.
Au Guatemala, en février 1976, par un tremblement de terre et ses 25,000 morts, la planète lui passe un message difficile à oublier : « Il n’y a pas qu’au tiers-monde que ça brasse »! Les forces de la nature inspirent… la démocratie inquiète. Devenu père en 1977, et de plus en plus conscient des menaces pour la planète… pour les humains aussi évidemment.
En 1979, il s’installe avec Micheline sur une île près de Dubuisson. Un endroit tranquille, à l’abri de bien des misères humaines, au cœur de l’Abitibi, où il semble possible d’offrir une petite part d’avenir à sa fille Wina. 1983… « à deux pas de 1984 ». Comme les écolos connus sont rares en Abitibi, il est invité à Minogami en Mauricie, à titre de représentant d’une des régions du Québec, pour former avec d’autres militants de l’époque, le R.Q.G.E. (Regroupement québécois des Groupes Écologistes). Il y fait une rencontre marquante : Michel Jurdant, le plus grand écologiste du Québec, avec plusieurs livres à son actif, dont « Le défi écologiste ». Il va guider Henri, comme bien d’autres de sa trempe. Selon Henri, Michel Jurdant est un David Suzuki, en plus virulent.
Ce nouvel ami décède l’année suivante. Henri Jacob sera au RQGE pendant 20 ans, dont 15 à titre de président. Dans la même foulée, le R.C.E. (Réseau canadien de l’Environnement) vient au monde. Une structure qui sera le théâtre de beaucoup d’éclats, de quoi écrire une édition complète du P’tit Journal.
Dans l’île, un peu coupé des communications de l’ère moderne, Henri fait faxer ses communications du RQGE et du RCE au Ministère des forêts et les appels téléphoniques chez sa mère, où il passe de temps en temps pour prendre note des dossiers en développement. En 1987 Henri fonde le R.E.V.E. (Regroupement écologiste Val d’Or et Environs), dans le cadre d’un projet d’incinérateur de BPC et de différents produits toxiques. Cette usine devait être installée à Senneterre, suite à une entente réalisée à la MRC de la Vallée-de-l’Or.
On raconte à l’époque que cette proposition se voulait un échange de bons procédés entre le maire de Senneterre, qui souhaitait créer des emplois dans sa ville, et André
Pelletier, maire de Val-d’Or, qui, lui, rêvait d’un parc « régional », donc subventionnable, contrairement à la simple forêt récréative de Val-d’Or. Par les résolutions #1365 du 6 juin 1986 et #1641 du 6 juin 1987, de la MRC de la Vallée de-l’Or, le maire André Pelletier permet à cette usine de prendre vie… « de prendre la vie » pour ses très nombreux opposants.
On raconte aussi à ce moment qu’espérant au fond que ce projet d’incinérateur de produits toxiques échoue, le maire de Val d’Or subventionne la création d’un groupe écologiste dont la sale besogne serait de faire échouer ce projet, sans que le maire n’en subisse les contrecoups personnels… et politiques bien sûr! Ce groupe sera le R.E.V.E., un groupe à qui on ne souhaitait pas une survie aussi longue! Le R.E.V.E. et les gens de la région ont réussi à empêcher ce projet de se réaliser.