Marjolaine Jolicoeur, L'Horizon, MRC des Basques, octobre 2014
Lorsqu’on vit dans la MRC des Basques, on est curieux de savoir mais qui sont-ils ces fameux Basques ? Et de qui parle-t-on lorsqu’on voit des panneaux annonçant « Bienvenue chez les Basques » ? Soyons honnêtes, il n’y a pas beaucoup de Basques vivant sur notre territoire. Notre seul véritable lien avec eux, c’est leur venue sur l’Ile aux Basques en face de Trois-Pistoles, voilà plusieurs siècles. Plutôt mince comme filiation, mais qui suffit à engager une conversation avec des Basques rencontrés lors d’un récent voyage dans leur pays.
Ces Basques étaient tout à fait surpris d’apprendre le nom de notre territoire. Ils connaissent à vrai dire assez peu l’histoire de leurs ancêtres venus chasser la baleine dans nos contrées ou faire la traite des fourrures avec les Amérindiens.
Une ignorance très vite oubliée devant leur gentillesse et la beauté du Pays basque français, dont le littoral est parsemé de longues plages de sable fin et de stations balnéaires comme Biarritz, Hendaye ou Saint-Jean-de-Luz. Il y a une vingtaine d’années, la municipalité de Ciboure devait être jumelée à celle de Trois-Pistoles, mais cela ne s’est pas concrétisé.
Du côté espagnol
Non loin de là, du côté basque espagnol, San Sebastian/ Donostia a aussi beaucoup de charme. Des messieurs portant béret discutent en buvant du cidre, une spécialité dont les Basques revendiquent l’invention. Autour de la Plaza de la Constitucion, des balcons numérotés rappellent que l’endroit servait jadis d’arène pour la corrida. Mais le sang du taureau n’y coule plus. Un parti nationaliste basque, le Bildu, ayant la majorité au conseil municipal, a interdit la corrida auprétexte qu’elle n’est pas basque mais aussi sous la pression des groupes de défense animale. (En 2010 la corrida a aussi été interdite en Catalogne)
Dans les étroites rues piétonnières aux enseignes écrites en euskara (langue basque), l’atmosphère à Donostia est détendue, chaleureuse. Au sommet du mont Urgull, une statue du Sacré-Cœur veille sur les surfeurs plongeant dans les vagues qui se fracassent sur les rochers d’une des trois plages de cette ville fondée au XIIe siècle.
Pays basque bio
Pays maritime et de pêcheurs, le Pays basque en est aussi un de pâturages, de vignobles et de forêts. Dans les Pyrénées, vautours et aigles royaux survolent dessommets vertigineux. L’agriculture, très souvent biologique, produit petits fruits, légumes, vins, huiles d’olive, fromages de brebis ou confitures.
Le piment a fait la renommée d’Espelette, dont les façades de maisons se parent à l’automne de guirlandes du fruit rouge séchant au soleil. Vendu frais, en poudre, séché ou incorporé dans le chocolat, le sel ou le vinaigre, ce piment est relativement doux mais très parfumé. C’est un incontournable de la gastronomie basque.
Autre incontournable, les tissus en lin, en coton ou en chanvre. Toiles cirées vendues au mètre, nappes ou serviettes, le linge basque d’une grande résistance s’orne de rayures symbolisant les sept provinces basques, de couleur rouge ou bleue. La croix basque (ou lauburu)apparaît parfois sur les tissus, tout comme sur les boîtes de biscuits en métal vendues absolument partout, les Basques français étant très friands de sablés et de gâteaux au beurre.
Une MRC sans Basques
Nous sommes, finalement, très différents des Basques. Parcourir leur pays s’avère un dépaysement total. Autant au niveau de leur accent chantant, du climat plus doux que le nôtre ou de leur riche passé historique.
Un fil conducteur entre les Basques et nous réside peut-être dans notre patrimoine chrétien commun. Tout comme ici, de nombreux villages basques recèlent de belles églises témoignant de la ferveur catholique de ses habitants. Au bord d’une route comme au détour d’une montagne apparaît souvent une église de style baroque ou une croix de chemin.
Ce lien de parenté est particulièrement visible à Saint-Jean-Pied-de-Port, cité médiévale aux remparts et maisons de grès rose. Depuis mille ans et encore de nos jours, les pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle s’y arrêtent avant de continuer leur marche vers l’Espagne. Comme si l’histoire était un éternel recommencement…