Denise Gagné, Le Sentier, Saint-Hippolyte, juillet 2014
C’est une centenaire comme on en voit peu : coquette, souriante, elle a l’œil vif et malicieux. On a peine à croire que, le 3 juillet, Rose-Anna Dagenais, née Hamelin, a fêté ses 100 ans. Entourée de plusieurs membres de sa famille, elle partage volontiers les souvenirs et les anecdotes qui ont jalonné sa vie bien remplie.
Née à Sainte-Justine-de-Newton en Montérégie, elle participe très tôt aux durs travaux de la ferme familiale. Il fallait que je travaille aussi fort qu’un homme. Pour me reposer, je lavais les planchers ! se souvient-elle. Il est vrai que la famille compte 14 enfants : les loisirs sont rares et les tâches nombreuses.
Les premiers pas en tant que postière
Rose-Anna épouse Fernand Dagenais le 9 juin 1936. Ils ont cinq enfants : Roger, Florian, Jean, André et Paulette. La famille rend souvent visite aux grands-parents paternels qui habitent Saint-Hippolyte. Le grand-père, Georges Hamelin, est forgeron tandis que sa femme, Léocadie, tient le premier bureau de poste de Saint-Hippolyte. Rose-Anna aide sa belle-mère à trier et à distribuer le courrier, sans se douter qu’un jour c’est elle qui prendra la relève.
Maîtresse de poste durant 50 ans!
La famille vit à Montréal jusqu’en 1945, puis vient s’établir à Saint-Hippolyte. Ils s’installent dans le village. Fernand Dagenais, qui est électricien, fonde sa propre entreprise tandis que sa jeune femme seconde Léocadie au bureau de poste. Lorsque celle-ci prend sa retraite, c’est dans sa propre maison que Rose-Anna installera le bureau de poste. Tous les jours, à neuf heures et à dix-sept heures, on devait aller chercher le courrier qui arrivait par train à la gare de Shawbridge, se rappelle Rose-Anna. Les enfants étaient jeunes, il fallait voir aux devoirs et aux leçons, s’occuper des repas, de la maison, les journées étaient bien remplies! Cette femme infatigable restera cependant maîtresse de poste pendant 50 ans. La moitié de sa vie!
Le bingo, les cartes…et les siestes
Aujourd’hui, Rose-Anna a des journées moins trépidantes, mais reste tout de même très active : elle joue au bingo, aux cartes, fait des mots cachés…je fais aussi quelques siestes! confie-t-elle d’un air taquin. Encore pleine d’énergie, elle soigne son apparence : bien coiffée et habillée, elle se rend tous les jours à la salle à manger prendre ses repas. En bonne santé, ses souvenirs toujours intacts, elle a maintenant le temps de profiter de ses sept petits-enfants et de ses neuf arrière-petits-enfants. Son plus beau souvenir? Elle n’hésite pas une seconde pour affirmer que la naissance de chacun de ses enfants constitue le plus beau moment de sa longue vie.
Son secret ?
Pour elle, vivre 100 ans n’est pas un exploit : Ma sœur aînée a vécu jusqu’à l’âge de 109 ans ! s’exclame-t-elle. Mais quand on lui demande si elle a un secret pour devenir une centenaire aussi spéciale, elle se contente de sourire en secouant la tête. Une de ses belles-filles répond à sa place : Le travail! Elle nous a toujours dit que le travail, ça ne fait pas mourir! Une petite étincelle dans les yeux de Rose-Anna confirme que pour être si belle à cent ans, elle n’a pas ménagé sa peine…