Grandeur et perdition d’une ville

Vincent Di Candido, Échos Montréal, juin 2014

Une grande ville comme Montréal, métropole du Québec, doit se donner la dynamique nécessaire pour permettre à ses quartiers d’atteindre leur plein potentiel ! Et à cet égard l’engagement conjoint des citoyens et des élus est essentiel car ils peuvent stimuler l’économie, générer de l’animation commerciale et touristique tout en assurant la vitalité d’un secteur et la pérennité de ses commerces.

Ainsi se sont contruits les différents centres urbains de Montréal au fil de son histoire. Cependant, chaque quartier a sa spécificité. Côte-des-Neiges, très peuplée, englobe une forte multiplicité d’ethnies avec des gens aux revenus moyens. Cela n’a pas pour effet d’attirer les boutiques de designers ni les grandes surfaces et centres commerciaux renommés.

Le Plateau, jadis peu fréquenté, est progressivement devenu un quartier à la mode qui s’est peuplé de citoyens de professions libérales. Médecins, artistes et bourgeois-bohèmes (les fameux bobos) se sont installés, profitant de sa proximité avec le centre-ville, ainsi que de la composition des rues avoisinantes reconnues, comme Mont-Royal, Le cœur de Montréal, qu’on peut dépeindre comme le centre-ville à l’ouest de Saint-Laurent, n’a pas de rivaux si l’on considère le monde des affaires et ses gratte-ciels ! Sans oublier les milliers de boutiques, designers et grandes surfaces, en majorité installés sur la rue Sainte-Catherine. Longue de plusieurs kilomètres, elle est notre 5th Avenue ou nos Champs-Élysées, avec une activité continue, jour et nuit. Malheureusement, le côté est, qui a déjà été un secteur très animé, est tombé dans la désuétude après la fermeture d’usines comme Vikers, Steel Weel, Steel Foun – dries, MTL. Locomotive, etc… Des milliers de travailleurs, dès la paie du jeudi, envahissaient le quartier et allaient se divertir dans des boîtes de nuit comme la Casa Loma, le Mocambo et… les tavernes !

Le Vieux-Montréal, qui avait été délaissé au profit du centre-ville après la construction de la Place Ville-Marie, a entrepris une mutation commerciale vers le modernisme, retrouvant ainsi son pouvoir d’attraction auprès des gens d’affaires, tout en conservant ses charmes patrimoniaux et son attrait récréotouristique. Il séduit de nouveau les designers, les galeries d’art, des restaurateurs reconnus et des hôteliers suite à l’ouverture du Palais des Congrès ainsi qu’à la poussée touristique dans ce quartier historique et patrimonial ! Pour le renouveau de ce secteur, était nécessaire l’engagement de personnes passionnées et voulant préserver la richesse du bâti ! Georges Coulombe, homme d’affaires bien connu, en fait partie. Il se bat depuis une trentaine d’années pour mettre en valeur les vieilles pierres et moderniser l’intérieur; c’est également le cas de la famille Antonopoulos qui a beaucoup investi dans l’hôtellerie.

Beaucoup de villes ont changé leur image en investissant dans des quartiers en perdition. Boston, Lyon, Grenoble, Édimbourg et d’autres ont transformé ces lieux qui sont devenus des centres d’attraction pour les résidents et les touristes. Des plans triennaux ont été mis place pour instaurer une dynamique proactive.

Montréal doit plus que jamais suivre cette voie et se lancer dans des projets semblables, afin de redonner leur fierté citoyenne à tous les Montréalais, écorchés par une décennie de stagnation et par divers scandales de corruption !

 

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