Christal Beauchemin, Le P’tit Journal de Malartic, le 14 mai 2014
Avoir un enfant change une vie, c’est évident. L’aspect qui «perturbe» le plus mon quotidien et sans doute celui de plusieurs parents, ce sont les nuits de sommeil dérangées par les nombreux réveils du nouveau venu dans la famille. Beaucoup de mamans ressentent la pression de l’entourage lorsqu’elles se font demander la fameuse question : «Et puis, il fait ses nuits?», comme si un bébé avait une étiquette au dos: «Devrait faire ses nuits à X mois, sinon est défectueux. » Croire qu’un bébé DOIT faire des nuits d’adulte dès sa première année de vie est bête selon moi. Oui il y en a des bébés qui font leur nuit et c’est tant mieux, mais il faut garder à l’esprit qu’il est normal pour un bébé de se réveiller la nuit.
Premièrement, durant les 6 premiers mois de vie, «les réveils nocturnes pourraient jouer un rôle positif dans la prévention de la mort subite du nourrisson en empêchant un sommeil trop profond pour la maturité du bébé.» De plus, si l’on fait dormir bébé dans notre chambre ou même dans notre lit, cela permettrait au bébé de «calquer son rythme respiratoire sur celui de sa mère la nuit. Les risques qu’il « oublie» de respirer sont donc plus grands en son absence parce qu’il n’a pas de «modèle» de respiration à suivre. En outre, il y a plus de chances que la mère se rende compte à temps que son bébé a cessé de respirer s’il est contre elle (c’est l’instinct) que s’il est à l’autre bout de la maison.» D’ailleurs, le cododo, lorsqu’on suit certaines règles de sécurité émises par L'UNICEF, permet non seulement d’être à l’affût d’une possible détresse du nourrisson, mais il permet à plusieurs mamans de mieux dormir sans avoir à se lever constamment. Le poupon, bien au chaud contre maman, se réveillera par le fait même moins souvent. Après tout, après 9 mois à n’entendre que les battements de cœur de sa mère, sa voix et sa respiration, il est tout à fait normal que le petit se sente mieux auprès de sa mère, avec qui il ne fait qu’un, que dans une chambre silencieuse isolée du contact humain.
Deuxièmement, les réveils nocturnes joueraient un rôle dans le développement du cerveau du tout petit. «En effet, ils ont pour résultat de multiplier les phases de sommeil dit léger ou paradoxal, phase pendant laquelle le cerveau se développe.»
Troisièmement, se réveiller rappelle au bébé qu’il doit se nourrir suffisamment. Durant ses 5 premiers mois, parfois plus longtemps, son estomac est petit et peut donc emmagasiner seulement pour quelques heures. Il a donc besoin de boire la nuit pour réussir à consommer quotidiennement toutes les calories nécessaires pour grandir.
Quatrièmement, dire que l’enfant fait des caprices et manipule ses pauvres parents et qu’il serait préférable de le laisser pleurer un peu sonne faux à mon oreille. «Ces techniques de conditionnement du sommeil sont à exclure, même dans la deuxième année de vie de l’enfant, lorsque le processus d’attachement s’est accompli et qu’une vraie douleur de séparation frappe l’enfant au moment du coucher.» Penser que le laisser pleurer quelques nuits n’est pas néfaste et que cela lui apprendra à se calmer seul, à devenir autonome et à faire ses nuits est totalement erroné. Cette manière de faire peut induire des effets néfastes sur l’estime de soi de l’enfant. Lorsque les pleurs, étant la seule façon de communiquer ses besoins, sont ignorés par le parent, l’enfant perdra confiance en sa capacité de transmettre son message et il perdra également confiance en la personne de référence qui doit s’occuper de lui. Oui, après un certain temps le bébé va effectivement se «rendormir seul, mais ce sera le signe d’un repli sur soi, lié à la déception que ses signaux ne soient pas perçus – le nourrisson abandonne. Cette méthode me révulse: c’est un acte de dressage nocturne…
Le dressage, c’est bon pour les animaux de compagnie, pas pour les enfants.» Tellement de facteurs possibles peuvent influer sur le confort de nos bébés, enfants. Les dents, le chaud, le froid, la peur d’être séparé, le mal, les poussées de croissance, la tristesse, les terreurs nocturnes, le besoin de réconfort, etc… Le laisser pleurer en pariant sur le caprice et la manipulation est plutôt lâche comme méthode. Finalement, les bébés et les bambins ne font pas tous leur nuit et cela est NORMAL. La réponse à leurs besoins devrait être le premier geste que le parent devrait poser et ce, même quand il est fatigué et que son enfant vient déranger son petit confort égoïste et individualiste.
Avoir des enfants, c’est aussi s’en occuper la nuit. Pour ma part, je ne me pose même plus la question s'il devrait dormir plus longtemps ou non à son âge. Je suis devenue tellement sereine avec le fait qu'il se réveille la nuit. Cela est naturel et instinctif: je monte le rendormir paisiblement, parfois même 3 fois en 3 heures. Difficile de pouvoir prendre du temps pour soi dans ce temps-là, mais bon, je n’ai pas fait un enfant pour le délaisser quand il a besoin de moi. Je crois qu'une fois qu'on se laisse aller, qu’on arrête de se stresser et qu'on laisse tomber le questionnement du sommeil de notre bébé on est déjà plus reposé le matin.
Ils finiront bien par faire leurs nuits quand ils seront prêts à les faire.