René Grenier, Le Stéphanois, Saint-Étienne-des-Grès, avril 2014
Lionel Boisvert voit le jour le jeudi 29 décembre 1921 à Saint-Étienne-des-Grès. Il est le fils légitime d’Aquila Boisvert et de Cora Bélanger. La famille compte quatorze enfants : sept garçons, sept filles. Il est baptisé à Saint-Étienne-des-Grès, le 29 décembre Lionel Boisvert 1921; son parrain et sa marraine sont monsieur Eugène Boisvert et madame Marianna Boisvert.
Il est né dans le 5e rang, au bas de la côte du Lac des Érables. Il a vécu à cet endroit pendant environ un an avant que son père achète la maison sur le haut de la côte. Cette maison a été vendue, mais existe toujours. Il est de descendance directe d’Étienne Denevers (De Nevers) arrivé au Canada vers 1650; Étienne se mariait à Sillery, Québec, le 20 octobre 1652 avec Anne Hayot; il était Sieur de Brentigny originaire d’Epernay, en Champagne, France. Il s’unit avec Yvette Bourassa (1922-1992), le 8 mai 1947 à Saint-Étienne-des-Grès, fille légitime d’Avila (Ovila) Bourassa et de Clothilde St-Pierre. Ce couple aura huit enfants dont 5 toujours vivants : Carolle, Jeanne, Lucie, Louis, Serge. En 1966, son fils Carl ainsi que son père et sa mère décèdent.
Éducation
Au début de sa scolarisation, il devait parcourir le 5e rang à pied jusqu’à l’école qui se trouvait sur le chemin des Dalles. À cette époque, ce chemin s’appelait « le P’tit rang ». La distance étant quand même d’un mille, soit 1,5 kilomètre, les parents se partageaient le transport pendant les jours plus froids de la saison hivernale; les Adrien Rivard, Aquila Boisvert, Maxime Matteau et quelques autres y allaient à tour de rôle en attelage de chevaux. Les études n’ont pas duré très longtemps. Il abandonne à la fin de la 4e année, mais il se rappelle très bien des enseignantes qu’il a eues : Lucille Gélinas, Yvonne Milette, Gabrielle Bellemare.
Les travaux de la ferme étant importants, il s’occupait des animaux de la ferme avec son père. Il transportait l’eau d’un petit ruisseau éloigné de la ferme jusqu’aux bâtiments à l’aide d’un bœuf qu’il avait dressé pour l’attelage. Il faisait boire les vaches à la chaudière jusqu’au jour où il décida de fabriquer une auge d’environ 30 pieds de longueur. Facile à dire, mais pas si facile à faire; trouver un pin assez long pour les circonstances, le couper et le creuser avec une « tig », comme il se plaît à nommer cet outil fait un peu comme une hache, mais dont la partie tranchante est verticale et de forme ovale. Avec de la patience, il parvint à creuser l’arbre. Il dut imaginer comment faire entrer cette auge dans l’étable, l’installer devant les animaux, puis la niveler pour que tous les animaux aient de l’eau à boire.
Chantiers
À l’âge de 16 ans, les chantiers l’appellent. À l’automne, il monte à Sanmaur. Encore jeune et nouveau dans ce métier, il a la responsabilité de couper le bois de chauffage. Dès son arrivée sur les lieux, on installe les tentes pour dormir et il doit préparer des branches de sapins qui serviront de tapis; ensuite, on coupe le bois pour bâtir les camps des bûcherons, des officiers, et la cuisine. Ces habitations étaient faites à partir de bois rond et de mousse mêlée d’un peu de terre qui servait d’isolant pour les murs et pour les couvertures. Il a fait ce métier pendant neuf hivers. Une année, il a même passé la période des fêtes sans revenir dans sa famille. À l’âge de 20 ans, il a passé l’année entière dans les chantiers : l’hiver pour bûcher et l’été pour préparer les chemins. Un jour, revenant de Clova avec son frère Oscar qui s’était trouvé un emploi au Carborundum de Shawinigan, il décida de rester à la Tuque comme bûcheron. Il rencontra monsieur Henri Durocher qui lui remit un cheval, supposément la plus belle bête de son lot. Connaissant un peu les chevaux, il examina cette bête et vit que ses oreilles étaient courbées vers l’intérieur; il ne fut pas long à s’apercevoir que ce cheval n’obéissait pas aux commandes. Lionel fit semblant de rien et, avec le temps, il apprivoisa la jument « Mone » qui finit par lui obéir sans réplique. Il lui arrivait souvent de donner sa paie aux parents pour les aider financièrement.
Et la vie continue
Un été, avant son mariage, il travailla sur une ferme avec Réal Bourassa; il aidait à battre l’avoine avec une batteuse stationnaire. Son travail consistait à ramasser la paille à la sortie de la batteuse afin de libérer la machinerie, avant de la transporter dans la grange pour les animaux. Lionel a pratiqué le métier de forgeron à Shawinigan allant même jusqu’à ferrer 21 chevaux dans une seule journée avec l’aide d’un autre forgeron. Son salaire était de 15 $ la semaine alors que sa pension lui coûtait 5 $. Il réussit à acheter la terre au bout du 5e rang et à organiser sa propre forge. Il réparait la machinerie agricole et fabriquait des « bob sleigh » et des traîneaux à chevaux.
Ne pouvant cultiver une grande partie de sa terre, il décida de modifier la partie la plus rapprochée du 5e rang en créant le Lac des Érables. Son but était d’attirer les touristes, les plaisanciers et les baigneurs afin de créer un revenu pour faire vivre sa famille; le prix d’entrée était de 0,10 $ par personne. Fort de son succès, il divisa la partie arrière du lac en lots à vendre. Certains résidents se sont installés en permanence par la suite. Aujourd’hui, ce secteur résidentiel privé est administré par un comité. Il arriva au village en 1967 et fut le premier à bâtir sa maison sur la rue St-Honoré. L’entrepreneur Henri Bellemare creusa les fondations de sa maison au prix de 40 $.
Anecdotes
Après une première rencontre avec Yvette, sa future épouse, il désire la revoir. Les garçons visitaient les filles Bourassa en groupe. A la première visite de fréquentations officielles, Lionel se présente chez Yvette avec ses amis Benoit Lampron qui fréquentait Clémence, Bertrand Boisvert fréquentant Germaine et Réal Guillemette courtisant Julienne; tous ces futurs prétendants entrent dans la maison à l’exception de Lionel qui se tient légèrement à l’écart. Yvette ne voyant pas Lionel demande aux autres garçons : « Lionel ne vous a pas accompagné? » Sur ce, Lionel se présente et voilà le début de grandes amours.
Amateur de chevaux, Lionel, accompagné d’Arthur Guimond et de Paul Landry, se rend à Trois-Rivières. Une impulsion s’empare de lui : « je m’achète un cheval! » N’ayant aucun argent dans ses poches, Adonaï Lemire, son employeur qui l’accompagnait aussi, paie son achat. Lionel a vu son salaire amputé chaque semaine jusqu’à ce que son cheval soit payé.
Divers
Lionel a été membre actif du club Optimiste pendant 10 ans et il y avait tellement de monde qui était parent avec lui que tout le monde l’appelait : « mon oncle ». Depuis au moins 21 ans, il est membre de l’Âge d’or et il aime tellement le « baseball poches » qu’il en jouerait tous les jours. Durant toutes ses sorties, 5 jours par semaine, il côtoie des gens différents et il veut rester alerte autant pour la compétition que pour les conversations. Il pense même que ces sorties l’empêchent de souffrir de la maladie d’Alzheimer. Rares sont ces sorties dans lesquelles il n’est pas l’aîné du groupe, mais il paraît tellement jeune qu’il peut être difficile de le croire.