Jean-François Gerardin, Le Lavalois, Sainte-Brigitte-de-Laval, mars 2014
Une discipline sportive en plein essor au Québec: l’ultimate frisbee et un jeune athlète de chez-nous, fraîchement repêché par une équipe internationale: Francis Vallée, un Lavalois qui fait parler de lui. Ce ne sont pas les sportifs qui manquent à Sainte-Brigitte-de-Laval, mais certains font et feront encore parler d'eux; et ce, tant au niveau régional que provincial, national et international. C'est à ce dernier niveau qu'est parvenu Francis, le 14 décembre dernier. Nous avons donc rencontré ce jeune citoyen de notre ville chez ses parents. Francis est le fils de Nathalie Bouchard, bien connue à l'école du Trivent depuis longtemps, et de René Vallée. Une jeune fille, sa soeur Laurie-Anne, complète la petite famille.
Francis est né en 1995 et aura très bientôt 19 ans. Sa soeur a 15 ans, une autre sportive… qui suit ses traces. Déjà attiré par le sport, lorsqu’il fréquente l’école Du Trivent, il joue au hockey sur la patinoire extérieure de S.B.D.L. Ce jeune sportif poursuit ses études secondaires à l'École secondaire Samuel-de-Champlain. Là, il profite aussi des nombreuses occasions offertes par le programme d'éducation physique et celui des activités sportives hors cours où il se révèle un excellent athlète. Ensuite, le voilà au collégial. Il fréquente le C.G.E.P. De Limoilou (Québec). Inscrit en sciences humaines depuis deux ans, il ne lui restera qu'une année dans cette orientation avant de passer aux études universitaires. À cet égard, Francis nous confie qu'il tend fortement à envisager une formation d'éducateur physique. Quand on tombe dans la « marmite» de bonne heure…
Le coup de foudre
Un jour, au début de ses études secondaires, un ami insiste auprès de lui pour qu'il l'accompagne à une activité physique nouvelle. Laissant ses patins et son gouret, Francis chausse ses espadrilles d'éducation physique et se pointe au rendez-vous. Il découvre l'ultimate frisbee… À peine arrivé, il y excelle à tel point qu'il attrape la piqûre. Pendant 3 semaines, il délaisse son cher hockey et le disque noir, pour adopter le disque blanc.
Un peu d'histoire
N'eut été d'une boulangerie fondée en 1869 par William Russel Frisbee, commerce qui fut appelé la Frisbee Pie Company, cette discipline planante n'aurait peut-être pas vu le jour. Quelques années plus tard, en 1940, des universitaires de Yale prirent l'habitude de terminer leurs repas en lançant les moules à tartes de leur fournisseur officiel : la Frisbee Pie Company. Et en 1948, nous sommes à l'ère du plastique, Walter Frédéric Morrison se souvient de Yale et, se rappelant des parties de moules volants, il met au point le premier disque volant. Très vite, en 1960, cette invention fait l'objet d'une offre d'achat de la Wham O, une société californienne de jeux. Le frisbee de compétition venait de voir le jour, de même que l'Association Internationale de frisbee.
Le joueur d'Ultimate Frisbee
Tout le monde ou presque peut jouer au disque volant. Toutefois, les professionnels sont à mettre dans une classe à part. En effet, si on peut s'amuser entre ami(e)s sur une plage ou en salle en échangeant ce frisbee, il faut néanmoins posséder de grandes qualités physiques, des aptitudes psychomotrices particulières et disposer d'un sens marqué sur le plan spatio-temporel pour atteindre le niveau qui a permis à Francis Vallée d'accéder à une ligue professionnelle internationale, le Royal de Montréal, à 18 ans. D'autant plus que sa sélection s'est faite au milieu de 100 aspirants dans un premier temps. Celle-ci s'est poursuivie avec les 50 joueurs retenus. En fin de course, Francis Vallée a signé son premier contrat professionnel comme les 27 autres sportifs finalement sélectionnés. Pas pire pour ce jeune homme de 18 ans, le moins âgé de cette équipe.
Un sport collectif
Tous les sportifs et nombre d’amateurs de sports connaissent le basket-ball, le hockey, le handball, le football et le soccer entre autres. Ces disciplines qui ne datent pas d’hier présentent de nombreuses similitudes avec celles qui caractérisent le jeu de frisbee.
Ainsi, pour un adepte sérieux de ce nouveau sport, faut-il exceller dans les aspects suivants : endurance, résistance, souplesse, vitesse de réaction, puissance explosive. À ces dispositions acquises ou innées, il faut ajouter les capacités suivantes : une psychomotricité fine, une vision périphérique excellente, des qualités gymniques, l'art du marquage et du démarquage (tracés et feintes), le sens de la coopération, un comportement courtois et non violent, etc.
Jeu, terrain, rôles des joueurs
En compétition extérieure régulière, l'ultimate Frisbee se déroule, sensiblement, sur une surface de même dimension qu'un terrain de football, c'est-à-dire 100 mètres de longueur par 37 mètres de largeur. À chaque extrémité de ce terrain, deux lignes situées à 18 mètres des lignes de fond délimitent un secteur appelé zone d'en but. Un meneur de jeu, un «handler», une espèce de quart-arrière comme au football, décide de la première passe et de la stratégie d'avancée de ses joueurs selon les occasions propices et les tracés de course de ces derniers qui sont, habituellement, surveillés, c'est-à-dire, marqués par un adversaire qui cherche à intercepter le disque.
Ceux qui ont comme rôle de recevoir sont, dans le langage de ce sport, des «cutters» car ils suivent des tracés capricieux qu'ils changent avec des feintes et des accélérations subites pour déjouer la surveillance de leur marqueur et offrir la meilleure cible au partenaire qui a le disque en main. Ainsi, de passe en passe, l'avancée d'une équipe se poursuit avec des revirements quand un joueur de l'autre équipe intercepte le frisbee.
Le point est enregistré lorsqu'un joueur capte l'engin et le ramène dans la zone d'en but. Ces parties opposent 7 joueurs contre 7 joueurs lorsqu'il s'agit d'un terrain officiel en compétition extérieure. En d'autres cas, sur le sable ou en gymnase, il peut se jouer à 5 contre 5. Au bout d'un temps x, chronométré ou non, on note le pointage et on continue jusqu'à ce qu'une équipe ait amassé deux points de plus que l'autre équipe. Pour en connaître plus sur ces actions sur le terrain, tapez ultimate frisbee ou assistez à une partie en saison ou encore à l'entraînement d'une équipe lorsque l'occasion se présentera.
L'argent, nerf de la guerre
Si une paire de souliers similaires à celles qu'utilisent les joueurs de soccer extérieur ne coûte pas cher, environ 180 $ pour ceux de Francis, ce sont des dépenses beaucoup plus importantes qui attendent l'athlète de haut niveau lorsqu'il est appelé à participer à des tournois ailleurs que dans sa région. Demandez à ses parents et vous verrez vite que les frais grimpent à la vitesse grand V.
En effet, maintenant professionnel, Francis est appelé à voyager, rencontres nationales et internationales obligent. Ainsi, cet été, en août, il va jouer en Italie. Ce tournoi à Lecco est en fait le Championnat junior d’ultimate des moins de 19 ans. Francis y participera non pas avec Le Royal de Montréal, mais avec l’équipe canadienne d’ultimate frisbee sur laquelle il s’est aussi taillé une place.
Il se joindra donc aux meilleurs joueurs du pays pour y représenter le Canada. Contrairement au Royal de Montréal, cette équipe ne subventionne en aucun cas ses joueurs. Ce déplacement impose des frais (le voyage, l’hébergement et autres dépenses inhérentes) qui sont assumés par le joueur. Malgré la grande collaboration de ses parents, des commandites à l'occasion et les montants d’argent que Francis gagne au Alpin l'été ou au Canadian Tire en fin de semaine (s’il le peut), la somme amassée ne peut suffire car il doit étudier et participer à des entraînements et des compétitions qui ont lieu sur des périodes où il peut travailler normalement.
Encourageons ce Lavalois
Les qualités de Francis ne se limitent pas à ses aptitudes et son excellence en sport, C'est un jeune homme courtois, responsable et engagé déjà auprès des jeunes de sa communauté pour redonner un peu de ce qu'il a reçu: à la polyvalente Samuel-de-Champlain, il entraîne une équipe de jeunes au Utimate frisbee et initie également des écoliers du Trivent à ce sport. Ce sportif de haut niveau a une nature calme et pondéré. Il m’apparaît simple, humble et réaliste. De plus, il s'exprime dans un excellent français et les lettres qu'il compose pour ses demandes de subventions et la présentation de son curriculum vitae témoignent de la qualité de son français écrit.