Nathalie Côté, Droit de parole, Québec, décembre 2013
Devant l’imminence d’une hausse des tarifs d’Hydro-Québec en 2014, la plus importante depuis 15 ans, le mouvement critique des choix d’Hydro-Québec s’organise. À Montréal, le 3 décembre dernier, un groupe de personnes, appuyé par quelque 200 manifestants, occupait les bureaux de la société d’État. Pendant ce temps, à Québec, la Coalition pour la justice sociale entamait une campagne de couronnes de Noël contre la hausse. Les abonnés sont invités à créer leur propre couronne et à s’afficher contre la hausse sur les réseaux sociaux en partageant leur photo sur le site de la coalition.
Si la Régie de l’énergie donne son accord à la hausse demandée par Hydro- Québec, cette taxe supplémentaire appauvrira autant la classe moyenne que les plus modestes. Il s’agit d’une augmentation d’une centaine de dollars par année pour une maison moyenne, d’un peu moins pour un appartement. Mais ce sont les plus pauvres qui vivent dans les logements les plus mal isolés ; c’est bien connu. C’est pour eux que la hausse sera la plus difficile à encaisser. Et que propose Hydro-Québec aux ménages les plus modestes ? Des ententes de paiement !
« Les hausses de tarifs d’électricité n’ont rien à voir avec les besoins d’Hydro-Québec – déjà plus que rentable avec ses milliards de profits –, et encore moins avec les besoins en électricité abordable de la population », soulignait Kim DeBaene, une des porte-parole de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics lors de l’occupation des bureaux d’Hydro-Québec à Montréal. La coalition pan québécoise dénonce cette hausse qui ressemble à une nouvelle étape dans le détournement d’Hydro-Québec de sa mission première comme service public. Elle déplore, avec raison, que la société d’État soit devenue l’instrument d’une politique fiscale profondément inégalitaire.
Si cette hausse est si importance, c’est que le Parti québécois prévoit le dégel du bloc patrimonial, cette réserve d’électricité qui permettait à l’ensemble de la population, d’avoir accès à l’énergie à faible coût. Pourtant, pendant sa campagne électorale de 2011, le parti s’était engagé à maintenir le gel. Mais est-ce si étonnant ? Il faut relire Comment mettre la droite K.-0. en 15 arguments, dans lequel Jean- François Lisée défend des augmentations des tarifs d’électricité sous prétexte que cela diminuerait notre consommation. Un argument qui n’a d’ailleurs pas été repris par le gouvernement actuel pour justifier cette hausse éventuelle. Et pour cause. Alors que le Parti québécois vient de donner son accord à l’arrivée du pétroledes sables bitumineux au Québec, comment pourrait-il nous faire la morale et nous demander de consommer moins d’électricité ?
Pour de la chaleur dans les chaumières pour tous, ce que la Coalition pour la justice sociale demande plutôt, c’est un impôt plus progressif et que le gouvernement taxe les riches et non les pauvres. Parce qu’une augmentation du compte d’électricité de 100 $ par année n’a, en effet, pas la même signification pour tous.