Christiane Dupont et Philippe Rachiele, Journal des Voisins, Ahuntsic, septembre 2013
Depuis plusieurs mois, Hydro-Québec procède à la coupe d’arbres à proximité des lignes à haute-tension, notamment dans le corridor du chemin de fer qui passe sur l’Ile Perry et jusqu’à la rue Sauvé dans Ahuntsic-Cartierville. De la même manière, le parc Saraguay a lui aussi été menacé de coupes semblables il y a quelques mois. Plusieurs citoyens s'étant vivement opposés à cette dernière opération par Hydro-Québec, un moratoire a été envisagé pour quelque temps. Mais jusqu'à quand? Quelques lecteurs nous ont déjà fait part de leurs craintes à ce sujet.
Des normes pour vendre?
Ces différentes coupes visent, selon Hydro-Québec, à sécuriser son réseau. Toutefois, selon Étienne Brunet, conseiller du district Sault-au-Récollet et candidat à la mairie de l'arrondissement, ces coupes ont été rendues nécessaires afin de se conformer aux normes américaines de sécurité des lignes de transport d'électricité pour qu'Hydro-Québec puisse poursuivre la vente d'électricité aux compagnies américaine, ces dernières exigeant que l'électricité qu'elles achètent proviennent d'entreprises qui respectent leurs normes.
Ces coupes vont toutefois à l’encontre des efforts de la ville de Montréal et de l'arrondissement. L'arrondissement désire augmenter la canopée pour réduire les effets d’ilots de chaleur néfastes pour la santé des résidants.
Journaldesvoisins.com avait déjà pris acte de l'abattage d'arbres de l'Île Perry, et avait fait un reportage photo avant (automne 2012) et après (printemps 2013). Plus récemment, on entendait parler d'autres sites qui allaient subir le même sort.
Qu'en disent nos élus?
Le chef de cabinet du maire Pierre Gagnier, Robert Dolbec, nous a indiqué que les élus ont tout d'abord déploré le fait de ne pas être informés à l’avance des travaux qui devaient être faits par Hydro-Québec. Après plusieurs tentatives, semble-t-il, ils ont cependant réussi à obtenir un plan de communication de la part de la société d'État (rencontre avec élus, affiches sur les terrains visés et soirée d’information avec les citoyens).
Des exigences
En entrevue téléphonique, la conseillère du district Ahuntsic, Émilie Thuillier, a affirmé que l’arrondissement a exigé la présence de l'un de ses employés lors du travail des équipes d’Hydro-Québec sur le terrain afin d'identifier de concert les arbres qui devaient obligatoirement être abattus. "Nous voulions que soit négocié chaque arbre qu'Hydro-Québec envisageait de couper pour ne pas qu'il y en ait qui soient abattus inutilement." Toujours selon Mme Thuillier, l’arrondissement s’est engagé à fournir à Hydro-Québec la liste des essences d’arbres qui remplaceront ceux qui seront abattus pour s’assurer qu’ils ne nuiront pas aux fils électriques.
Plus de mille dollars l'arbre
Selon le conseiller de Sault-au-Récollet, Étienne Brunet, le coût de remplacement d'un arbre est de 1100$, minimalement. «Nous comprenons qu'Hydro-Québec participe à la prospérité du Québec en versant plus d'argent dans les caisses de l'État, mais cela ne doit pas se faire aux dépens des résidants montréalais. Ce n’est pas à Ahuntsic-Cartierville de subventionner la société d’état», s’indigne M. Brunet. Étienne Brunet avait déjà fait valoir son mécontentement en ce sens l'an dernier, au moment où Hydro-Québec s'apprêtait à effectuer ce travail d'abattage d'arbres sur le site à proximité de l'Île Perry.
Des rencontres nécessaires
Pour sa part, le conseiller de Bordeaux-Cartierville Harout Chitilian, participe activement aux rencontres avec les citoyens et organismes de son quartier, lesquels sont inquiets des coupes projetés dans le boisé de Saraguay. À trois reprises, dans le passé, il a tenté de joindre Hydro-Québec pour faire valoir les craintes de ses commettants et demander une rencontre; la troisième démarche aura été concluante. "Hydro-Québec, ultimement, doit aussi faire des compromis", dit-il, ajoutant qu'il a reçu de nombreux appels des citoyens de son district à ce sujet.
Pas de coupe à blanc
La porte parole de la Coalition Verte (de Saraguay), Mme Sylvia Oljemark, a mentionné que les élus (Messieurs Chitilian et Gagné) ainsi que cinq groupes environnementaux ont participé à une rencontre avec les représentant d’Hydro-Québec, le 13 août dernier, et qu’ils doivent rencontrer la ministre des ressources naturelles Martine Ouellette, et des représentants d'Hydro-Québec, lundi 16 septembre prochain, à ce sujet. La position de la Coalition verte se résume ainsi: dans les centres urbains, Hydro-Québec doit procéder à de l’élagage plutôt que de la coupe à blanc qui permet à des espèces envahissantes de prospérer (herbe à poux, nerprun etc…) comme on peut le constater dans la servitude d’Hydro-Québec du secteur de l’Anse-à-l’orme, dans l’ouest de l’Île de Montréal.