Montréal, ville à repenser

V. Di Candido, échos Montréal, Montréal

La Ville de Montréal est dans une phase de transition. Cela, en raison d'abord d'une crédibilité lourdement entachée par les nombreux scandales de corruption qui ont éclaté ces dernières années, à l'origine de la démission toute récente de l'ex-maire Gérald Tremblay. Ensuite, de par la guerre fraticide d'Union Montréal, le parti jadis inébranlable et soudé qui, dans le sillage de la démission du maire, est maintenant en implosion et force le maire par intérim à mettre en place au Comité exécutif une coalition avec les deux oppositions, Vision Montréal et Projet Montréal, ainsi qu'avec les indépendants.

Avec cette alliance en main, le nouveau maire de Montréal, Michael Applebaum, premier maire anglophone depuis une centaine d'années, sera à la tête de la mairie jusqu'à l'élection municipale de novembre 2013. Union Montréal, l'ex-parti de M. Applebaum, puisqu'il siège désormais comme indépendant, a perdu la majorité au Conseil municipal après les nombreuses démissions des dernières semaines. Avec six représentants de l'opposition au sein du Comité (sur un total de 11 ! et c'est sans compter les indépendants), il aura une faible marge de manœuvre.

Montréal est reconnue ingouvernable du fait de sa structure héritée des fusions municipales. Les arrondissements roitelets forcent la Ville-centre à faire de nombreux compromis. Sa composition cosmopolite, les deux solitudes anglophone et francophone séparées par la rue Saint-Laurent rendent également la gouvernance plus difficile.

L'expérience actuelle pourrait servir de modèle. La Ville gagnerait dans le futur à avoir un Comité qui engloberait toutes les formations et à les impliquer directement dans le processus décisionnel, ce qu'on pourrait établir au prorata du nombre d'élus de chaque parti.

La présence des différentes formations politiques serait un atout supplémentaire pour enrayer la corruption et fournirait une représentativité citoyenne qui fait défaut dans le régime actuel. L'opposition qui est majoritaire n'avait aucune voix, ou presque, au Comité exécutif (on se souvient que Richard Bergeron de Projet Montréal y a tout de même déjà siégé) et que la majorité des scandales ont été révélés par les journalistes.

L'opposition devrait profiter de sa présence au sein du processus décisionnel au Conseil pour mettre en place cette procédure démocratique et la normaliser pour les élections futures.

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