Jordane Masson, L’écho de Compton, Compton,
septembre 2024
Natif de Compton, Gilles Patry est la troisième génération de sa branche familiale dans la région. Son père, Joseph Patry, était cultivateur sur le chemin Hatley, une terre achetée à l’époque par le grand-père qui venait de la Beauce. M. Patry a poursuivi la lignée à son tour avec quatre enfants : Guylaine, Guy, Lucie et Pierre. Maintenant conjoint de Réjane Tardif depuis vingt ans, il a aussi neuf petits-enfants et sept arrière-petits-enfants. Depuis 37 ans, il occupe le poste de chauffeur d’autobus pour la Commission scolaire des Hauts-Cantons.
« Je suis bien content de n’avoir aucun accident à mon actif en 37 ans et d’avoir ramené chaque enfant sain et sauf à sa demeure. »
Qu’est-ce qui vous a amené à devenir chauffeur d’autobus?
C’est arrivé en 1987. À l’époque, j’étais cultivateur de fraises. Le 4 juin, il y a eu un gel qui a détruit les fleurs de mes fraisiers. J’ai perdu ma récolte au complet. Je devais donc me trouver un autre revenu. Un moment donné, je rencontre le fils d’un monsieur qui avait vendu son commerce et je lui demande ce que fait son père maintenant. Il me dit qu’il est chauffeur d’autobus. Ça m’intéressait, alors je suis allé donner mon nom. J’ai suivi la formation à Coaticook pour passer le permis et je sillonne les routes en autobus jaune pendant l’année scolaire depuis tout ce temps.
À quoi ressemblent vos journées?
Je me lève à 5 h 30. J’ai la chance d’avoir l’autobus dans ma cour, donc je n’ai pas à aller le chercher à Coaticook. Avant de partir, je dois faire une inspection pour m’assurer que tout est en ordre. Je pars vers 6 h 15, et le premier élève embarque à 6 h 30. D’abord, c’est les jeunes du secondaire, donc je les amène à La Frontalière et au Collège Rivier. Ensuite, je fais une deuxième tournée pour les enfants du primaire. Des fois, selon les élèves, je peux desservir jusqu’à cinq écoles différentes. Je suis habituellement de retour à la maison vers 8 h 55. Par la suite, je vais chercher les jeunes à la polyvalente vers 14 h 55 pour les ramener chez eux, puis je vais à l’école Louis-St-Laurent pour reconduire les élèves du primaire à leur tour. Je finis ma tournée vers 17 h.
Quels sont les défis dans votre métier?
Je dirais que c’est de garder le contrôle des élèves dans l’autobus, surtout au retour! Par contre, je trouve que j’ai un bon circuit et je pense avoir des jeunes qui sont bien élevés à la maison. Tout part de là, au final. Pour les défis, il y a aussi tout ce qui touche la sécurité. Un autobus a sept miroirs sur lesquels il faut garder un œil, en plus des angles morts. Ce n’est malheureusement pas tout le monde qui respecte les signaux rouges et la pancarte Arrêt de l’autobus. Le parcours de la 147 dans mon trajet est le pire.
Qu’est-ce que vous aimez de votre travail?
Je trouve que c’est valorisant. À mon âge, je sens que je fais quelque chose de ma vie, que je me rends utile, surtout à 85 ans! Aussi, j’aime beaucoup les enfants et leurs sourires. Je leur dis bonjour, certains répondent, d’autres non, plusieurs finissent par répondre au fil du temps. J’ai transporté les mamans, maintenant je transporte leurs enfants et, bientôt, les petits-enfants! Certains deviennent grands, mais me reconnaissent et me saluent quand ils me voient. Je trouve cela plaisant. J’aime conduire mon autobus tout simplement. Bref, me lever le matin pour cela, ce n’est jamais une corvée pour moi!