Santo Rizuto, jardinier amateur, cultive en ville de la vigne sans engrais. Photo : Nora Azouz / JDV

Après six ans de persévérance, sa vigne bio donne enfin des fruits!

Nora Azouz, Journal des voisins, Montréal, août 2024

Santo Rizuto, jardinier amateur, fréquente les allées du jardin communautaire Ahuntsic depuis une dizaine d’années. 2024 est un millésime particulier pour lui, car, après six ans de patience, sa vigne donne enfin des fruits.

«J’avais de la vigne chez moi en Italie, se remémore Santo Rizuto, je voulais vraiment produire quelque chose de bon ici.»
En dépit des avertissements des autres jardiniers sceptiques, le quinquagénaire a cru bon de persévérer.
«Beaucoup m’ont dit que ce n’était pas une bonne terre et qu’elle n’allait pas donner de fruits. Moi, je voulais quand même essayer.»
Après plusieurs années de labeur, les graines de raisin ont commencé à germer. «J’ai gagné mon défi de le faire pousser naturellement! Je suis content que nous ayons été capables de faire sortir un nouveau fruit au jardin communautaire d’Ahuntsic», se réjouit Santo Rizuto.

Tout naturel!

Santo entretient 15 plants de vigne. Pas assez pour produire du vin, mais suffisamment pour faire des heureux autour de lui. «L’année dernière, la vigne n’a produit que quelques grappes, mais cette année, je vais pouvoir en distribuer à tout le monde! » Néanmoins, « pour faire du vin, précise-t-il, il faudrait une superficie quatre fois plus grande que celle que je cultive à présent ».
Au départ, lorsque sa parcelle lui a été attribuée par Ville en vert, il a fallu «retirer la roche».

«J’ai commencé par nettoyer avec une pelle, se rappelle-t-il. J’ai ensuite mis les plants et, chaque année par la suite, j’ai ajouté un peu de compost, mais maintenant je laisse la terre travailler. Je n’ajoute plus rien. Les racines prennent toute l’eau et absorbent tous les nutriments de la terre. Tout est naturel, s’enorgueillit-il. Je ne mets plus aucun engrais chimique. » Ce faisant, le jardinier a su consolider de «manière durable» l’infrastructure du jardinet pour renforcer les ceps et les rameaux de la vigne. Il a aussi contribué, à sa mesure, à la sécurité alimentaire.

Du fumier et de la patience

« Le pied de vigne va chercher sa nourriture lui-même, explique-t-il. C’est plus biologique, je voulais que la plante travaille pour se développer toute seule, et ce, quel que soit le temps que ça prend! »
Toutefois, une fois par année, le jardinier dépose sur sa parcelle du « fumier de poule provenant d’une ferme située à une heure et demie de Montréal, en Montérégie, à Sainte-Christine », indique-t-il. Le fermier lui en a vendu trois sacs, au départ, « pour faire des tests ». Puis Santo a recouvert le sol avec différents paillis (paille, bois raméal fragmenté, sciure de bois et engrais verts) afin que les graines de raisin Thompson germent au mieux. Et le miracle s’est enfin produit!

Laisser la nature agir

S’il arrose régulièrement ses autres légumes et fruits, pour la vigne, le jardinier laisse « la nature faire son travail ». Selon lui, les racines vont chercher l’eau plus profondément dans la terre, ainsi. « Avec trop d’eau, les racines ne descendent pas profondément dans la terre, alerte-t-il et elles vont moins travailler. »

«Prendre soin de la terre et des gens!»

Aussi, Santo s’appuie sur les conseils de son voisin de parcelle, Richard Bourdeau, qui l’aide à améliorer naturellement la productivité de la terre. Tous deux mettent en garde : «Beaucoup de jardiniers ont abandonné leur terre, car ils ne s’étaient pas informés avant», déplorent-ils.

«Sans doute, pensaient-ils que la Ville allait donner [en permanence] des engrais ou de la paille, ajoute Santo, mais chacun est responsable de son jardinet et de son entretien. Le travail préalable n’est pas à négliger [il faut compter] au moins six heures, au départ, si la parcelle est en jachère.»
Bien entendu, comme dans de nombreuses activités, l’enthousiasme est bien présent au démarrage, mais chaque parcelle est soumise à l’épreuve du temps. «L’entretien d’un jardin communautaire et de ses allées est indispensable», ajoute pour sa part Richard Bourdeau.

«Dans notre approche de la culture de la vigne, nous voulons démontrer comment privilégier l’usage des ressources biologiques pour rétablir la santé d’un sol, pour récolter des fruits en bonne santé. Nous voulons prendre soin de la terre et des gens! »

Temps d’attente pour obtenir une parcelle dans un jardin
communautaire de l’arrondissement

Jardin Communautaire

Nombre moyen de personnes en attente sur la liste

Temps d’attente moyen pour une 1ʳ offre

Jardin Ahuntsic
(156 parcelles)

60

1 saison

Jardin Christ-Roi
(63 parcelles)

100

3 saisons

Jardin Deschamps
(69 parcelles)

10

1 saison

Jardin Gérard Legault
(136 parcelles)

10

moins d’une saison

Jardin Marcelin-Wilson
(201 parcelles)

50

1 saison

Jardin Pierre Lapointe
(77 parcelles)

80

3 saisons

Jardin Saint-Sulpice
(304 parcelles)

90

1 saison

Jardin Sault-Au-Récollet
(62 parcelles)

25

1 saison

Source : Ville en vert

Contact : info@villeenvert.ca

10416 Rue Lajeunesse, Montréal, QC H3L 2E5