Sébastien Michon, Le Val-Ouest, Valcourt, août 2024
Offrir une plus grande autonomie alimentaire et une meilleure résilience aux aléas économiques et climatiques. C’est l’objectif ambitieux que se sont données les municipalités de Windsor et de Saint-François-Xavier-de-Brompton. En adoptant chacune un «Plan de développement d’une communauté nourricière 2024-2026 (PDCN)». Un plan dont certaines actions sont mises de l’avant cet été.
Qu’est-ce qu’un PDCN?
Il s’agit d’une démarche qui vise à « favoriser la santé, la proximité et l’accès aux aliments sains ». Et ce, en tenant compte des enjeux propres à Saint-François-Xavier-de-Brompton et à Windsor.
En 2023, plusieurs dizaines de citoyens et d’élus des deux municipalités se sont impliqués dans la création du plan. Avec le soutien financier du MAPAQ Estrie ainsi qu’avec les services du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie et de la coopérative Niska.
Conférence gratuites
L’une des cibles du plan : favoriser le transfert de savoirs. Pour permettre aux citoyens une plus grande autonomie dans la production d’une partie de ce qu’ils mangent.
Pour y arriver, Saint-François-Xavier-de-Brompton organise des «conférences PDCN» gratuites à ses citoyens. Avec des thématiques comme les grands principes de la permaculture ou encore la façon d’entretenir facilement son potager. Les non-résidents de la région peuvent y assister au coût de 5 $.
Le 19 août, la conférencière Anne Marie Comparot de Vivaces – Nature et autonomie offrira des trucs pour cuisiner sans recette. Et un peu plus tard cet automne, le 15 octobre, Joachim Yensen-Martin partagera son expertise et de nombreux conseils pratiques sur la façon de créer un aménagement paysager comestible.
Initiatives pour les aînés et les enfants
D’autres initiatives s’adressent plus particulièrement aux enfants. Comme « De ton jardin à mon bedon ». Qui facilite l’approvisionnement des centres de la petite enfance (CPE) en fruits et légumes frais et locaux. Ou encore des activités intergénérationelles de jardinage entre les élèves de l’école primaire de L’Arc-en-ciel et les aînés du Jardin des sages.
Implication des producteurs agricoles
L’agriculture et la foresterie jouent évidemment un rôle majeur dans le développement de ce plan d’action. D’autant plus que 83 % du territoire de la municipalité est situé en zone agricole.
Plusieurs productrices et producteurs agricoles se sont donc joints à la démarche du PDCN, faisant connaître leur réalité et leur vision. Les deux tiers ont d’ailleurs signifié leur grand intérêt à écouler leur production localement.
De même, le plan a permis de cibler quelques terres en friche qui pourraient être cultivées. Un atout important pour une municipalité qui compte les sols parmi les meilleurs de la MRC, avec ceux de Saint-Claude et de Val-Joli.
Point de chute de légumes
Les commerces mettent eux aussi de l’avant des projets. C’est le cas, par exemple, du Café Fabulé qui est le point de chute des paniers de légumes de Bio locaux des Cantons-de-l’Est.
Carte interactive
Le plan a permis la création d’une carte interactive. Pour savoir où sont situés les différents acteurs de ce système alimentaire en évolution.
Favoriser la plantation d’arbres fruitiers
En plus de l’organisation de conférences, la municipalité soutient d’autres initiatives. Comme celle de planter, le long des sentiers qu’elle entretient, des arbres fruitiers. Tout en sensibilisant les citoyens à la plantation de végétaux comestibles plutôt qu’ornementaux. Entre autres après la construction d’une nouvelle résidence.
Potagers, pesticides et serres urbaines
La municipalité veut aussi changer certaines règlementations municipales. Pour autoriser les potagers de façade, interdire les pesticides synthétiques en zone urbaine ou encore exclure les petites serres nourricières de la liste des bâtiments accessoires. «Nous voulons que les gens qui veulent mettre une serre ne soient pas obligés de demander une dérogation s’ils ont déjà une remise ou un garage», indique Karl Frappier, conseiller municipal en charge du PDCN.
Laisser pousser sa pelouse…
Certains changements exigeront que la municipalité s’adresse à la MRC du Val-Saint-François. Comme celui qui vise à permettre aux propriétaires de laisser pousser leur pelouse au-delà des 15 centimètres exigés. Car la MRC coordonne l’uniformisation du règlement général entre les 18 municipalités du Val.
Les employés de Saint-François-Xavier ont d’ailleurs commencé à tondre différemment la pelouse sur les terrains municipaux. «Ils font une tonte plus courte aux abords des sentiers. Et plus loin, ils laissent ça plus haut. On fait la même chose près des stationnements municipaux ou pour le terrain de balle. Pour favoriser les pollinisateurs. On appelle ça la gestion différée des espaces verts», explique Karl Frappier.
… ou installer des prés fleuris
Une des alternatives proposées aux citoyens serait de carrément installer, au lieu de la pelouse, ce qu’on appelle un « pré fleuri ». C’est-à-dire d’ensemencer des fleurs sauvages pour favoriser la biodiversité. L’Académie Potagère, une entreprise de formation maraichère établie à Saint-François-Xavier-de-Brompton, a d’ailleurs mise en ligne une vidéo sur ce sujet cet été.
Décisions des élus en septembre et octobre
Tout ce processus de changements réglementaires se poursuivra jusqu’au début de l’automne. «Ce mois d’août, le comité consultatif d’urbanisme (CCU) et l’inspecteur municipal vont arriver avec des propositions concrètes au conseil municipal. Nous pendrons ensuite des décisions en septembre et en octobre», fait savoir Karl Frappier.