Photo : Anne-Sofie Bathalon

En première ligne avec Geneviève Tardy : pour la protection du Lac Saint-Pierre

Anne-Sofie Bathalon, La Gazettte de la Mauricie, Trois-Rivières, juillet 2024

La Zone d’Intervention Prioritaire (ZIP) est un comité instauré par le gouvernement fédéral dans les années 90 pour assurer la gouvernance écologique du fleuve Saint-Laurent. Parmi ces zones, la ZIP du lac Saint-Pierre se distingue par son engagement pour la préservation de cet écosystème unique, reconnu par l’UNESCO comme une réserve de la biosphère. La ZIP du lac Saint-Pierre mène diverses actions pour lutter contre les espèces exotiques envahissantes, préserver les habitats naturels et sensibiliser la population aux enjeux écologiques. La Gazette poursuit sa série d’entrevues sur des acteurs mauriciens importants en environnement, et discute avec sa directrice générale Geneviève Tardy. Avec un parcours riche et varié, elle apporte une expertise précieuse pour promouvoir la durabilité de ce territoire tout en conciliant les besoins industriels et récréatifs.

Historique et objectifs

Plusieurs ZIP existent tout au long du fleuve, de Montréal à la Gaspésie, chacune responsable d’un tronçon spécifique. Elles ont pour mission principale de protéger la qualité de l’écosystème du Saint-Laurent. Leur mandat s’étend également à la gestion de la biodiversité et à la conciliation des usages du territoire, allant au-delà de la simple gestion de l’eau. En outre, les ZIP jouent un rôle de concertation avec différents acteurs grâce à des tables de concertation régionale (TCR), se concentrant sur la gestion de l’eau.

Les activités des ZIP comprennent des projets de restauration de milieux naturels, des suivis de la qualité de l’eau, des inventaires de la faune et de la flore, et des programmes de sensibilisation à la biodiversité. Elles collaborent également avec d’autres organismes de bassins versants (OBV), des ministères, des municipalités et des OBNL pour réaliser leurs objectifs de conservation et de gestion durable du territoire.

Le Lac Saint-Pierre

Le lac Saint-Pierre, situé entre Montréal et Trois-Rivières, est une section cruciale du fleuve Saint-Laurent, reconnue pour sa biodiversité exceptionnelle. Celle-ci est d’ailleurs classée réserve de la biosphère par l’UNESCO. Ce lac est un écosystème d’une grande importance écologique, abritant une multitude d’espèces animales et végétales.

La ZIP du lac Saint-Pierre se consacre à la protection et à la restauration de cet écosystème unique. Les actions menées incluent la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, la préservation des habitats fauniques et la sensibilisation des citoyens à la protection de l’environnement. Les efforts de la ZIP visent à assurer la durabilité de cet environnement précieux tout en conciliant les différents usages du territoire, tels que les activités industrielles et récréatives, pour maintenir l’équilibre entre développement et conservation.

Évoluer aux côtés des Tourbières de Lanoraie

Geneviève Tardy, directrice générale de la ZIP du Lac Saint-Pierre, est une passionnée de l’environnement depuis son plus jeune âge. « Moi, je suis tombée dedans quand j’étais enfant, comme Obélix dans sa potion. Pour vrai, à cinq ans, j’étais déjà environnementaliste » explique-t-elle en entrevue.  Originaire de Lanoraie, elle a été sensibilisée très tôt aux enjeux écologiques, notamment grâce aux tourbières de sa région. Ces écosystèmes particuliers ont marqué son parcours, influençant ses études et sa carrière.

Après des études en géographie et en gestion de l’environnement à Trois-Rivières et à Sherbrooke, Geneviève a axé tous ses travaux universitaires sur les tourbières, réalisant un stage déterminant à Lanoraie. Elle est devenue coordonnatrice de projets de sauvegarde des tourbières et a contribué à l’élaboration de plans de conservation d’envergure en collaboration avec le ministère de la Faune et des Forêts et celui de l’Environnement. Depuis 2003, Geneviève est un pilier de la Société pour la conservation de la tourbière de Lanoraie, dont elle est présidente depuis 2008. Sous sa direction, plus de 500 hectares de terres ont été protégés, témoignant de son engagement indéfectible.

L’indépendance comme solution

Geneviève Tardy est également une ardente défenseuse de l’indépendance du Québec, qu’elle voit comme un moyen crucial pour une meilleure gestion environnementale. Selon elle, un Québec indépendant pourrait exercer un contrôle plus strict sur les enjeux écologiques, notamment la gestion des espèces exotiques envahissantes et le contrôle des émissions polluantes. « Je m’implique beaucoup en politique, mais la raison de pourquoi je fais de la politique, c’est parce que c’est un outil de sauvegarde de l’environnement. Je suis indépendantiste. Je veux que le Québec devienne un pays. Pourquoi? Parce que c’est un levier pour protéger l’environnement. Tu sais, il y a d’autres raisons de faire l’indépendance du Québec. Mais la raison pour laquelle je suis indépendantiste, c’est celle-là.»

Elle souligne la vision plus progressiste du Québec en matière d’environnement, contrastant avec celle du Canada. Elle ajoute : « le Québec est beaucoup plus progressif. Oui, pour des raisons historiques. Si on avait du pétrole, on aurait le même discours, j’en suis convaincue. Mais ce n’est pas ça qu’on a comme ressources naturelles. Nous autres, c’est de l’eau. […] Les Québécois, on ne se perçoit pas comme un producteur de pétrole, on se perçoit comme un producteur d’hydroélectricité. »

En somme, l’engagement de Geneviève Tardy va bien au-delà de la simple préservation, en intégrant des projets ambitieux et une réflexion profonde sur l’autonomie politique et environnementale du Québec.