Controverse et polémique avant tout, quand la nouvelle n’est que prétexte à…

Alain Dubois, L’annonceur, Pierreville,  février 2024

Lundi 19 février, alors que je termine ma tournée nocturne, j’entends les cheffes syndicales jeter leur dévolu sur le premier ministre Legault qui semble avoir commis un crime de lèse-majesté. Au lieu de se contenter de commenter sur les ententes récentes signées avec les enseignants des principales unions syndicales, il a osé dire que les augmentations accordées, qui sont plus élevées qu’anticipées, allaient plomber le bilan provincial et contribuer au retard de l’équilibre budgétaire.

Après un petit café au resto, j’allume la télé pour voir le collaborateur à l’information de l’émission Salut Bonjour y aller à fond de train contre M. Legault, faisant ni plus ni moins que le perroquet des leaders syndicaux et sans aucune nuance. Pourtant dans ce qu’on reprochait au premier ministre de n’avoir pas dit, sur un clip d’à peine 20 secondes on l’entend bien dire exactement ce qu’il n’aurait pas dit et qu’il aurait dû donc dire. Et là les fils se sont touchés, ce n’était pas la première fois que j’étais témoin de ce genre de lynchage tout à fait inapproprié, que ce soit envers le premier ministre ou d’autres personnes, et j’ai envoyé un mot à Mario Dumont pour lui dire que son poulain, Philippe-Vincent Foisy, empruntait une tangente exaspérante et qu’il fallait faire quelque chose avant qu’il ne perde toute crédibilité.

Quelques minutes plus tard, en introduction pour son émission radiophonique, l’ex-ministre Normandeau affirme qu’elle a reçu une tonne de courriels et qu’à 95 % on y retrouve des gens comme moi qui en ont marre des sempiternelles lamentations des syndicats, entre autres choses. Bon au moins je ne suis pas seul.

La semaine passe, le collaborateur de SB semble avoir été apostrophé puisqu’il a la mine un peu longue et passe son temps à redire qu’il n’est pas si chialeur que ça. Ça dépend du point de vue.

Une semaine plus tard, moment un peu surréel alors que Catherine Fournier commente la démission mairesse de Gatineau. Témoignant des difficultés auxquelles doivent faire face les personnes qui s’impliquent politiquement, elle avoue que les élus doivent reconnaitre leurs torts puisque plusieurs manques de ce que je pourrais traduire par le mot « civisme » dans l’arène politique, mais elle ajoute que les médias ont également une grande part du blâme à porter puisqu’ils sont enclins à prendre un bout de clip et de le dénaturer dans le seul but d’obtenir des réactions, des audiences ou des clics. Elle dit comprendre que les médias doivent aller chercher des achalandages mais qu’à chercher constamment la polémique, ils participent au climat malsain qu’on retrouve dans les milieux politiques. Et j’ajouterais dans un peu toutes les sphères d’activités puisque la recette s’applique à toutes les sauces.

Et là, j’entends le beau Gino dire : C’est vrai que certains journalistes peuvent manquer de jugement parfois. Quoi ! Bordel Gino, pour les gens qui prennent leur information matinale non pas dans les journaux (autre que le journal de Montréal) ou à la radio, c’est Salut Bonjour qui est le fer de lance de l’info qui nourrira les discussions de la journée. Merde ces « journalistes » qui manque de jugement ce sont vous deux mec.

Enfin mardi dernier, si le cœur vous en dit, je vous invite à écouter, sur Ici première, l’émission Tout un matin du 27 février au segment de 8h38 où Dimitri Soudas détruit littéralement l’anthropologue, activiste pour les droits humains et chroniqueuses au Devoir et the Montreal Gazette. Alors que cette dernière insinuait que le groupe NorthVolt avait traficoté un sondage pour obtenir un résultat en sa faveur pour de basses intentions, l’ami Dimitri, avec qui je ne partage pas vraiment sa vision conservatrice au passant, la remet bien sèchement à sa place… provoquant par la même occasion l’écarquillement des yeux de l’animateur Patrick Masbourian. Oui oui, j’ai bel et bien vu le genre de bouille qu’il a fait via les ondes radio.

Alors en une dizaine de jours, je suis passé de l’écœurantite aiguë à un soupçon d’espoir que certaines personnalités médiatiques feront un examen de conscience sur leur méthode de travail. On est passés d’une flopée d’auditeurs qui se sont manifesté vivement par des courriels à une mairesse qui est trop polie pour insulter ses interviewers en direct mais qui les invite à réfléchir sur leur apport malsain au débat public pour terminer avec un vieux routier d’origine anglophone qui fait la démonstration que certaines personnes œuvrant dans les médias font un travail tout à fait exécrable. Il y a tout de même de l’espoir.