Un diffuseur d’enchantement

Gisèle Bart, Le Journal des citoyens, Prévost, le 15 mars 2012

C’est un trésor inestimable que nous a dévoilé le petit homme aux cheveux roux ce samedi 3 mars, à l’église Saint-François-Xavier de Prévost. Philippe Gélinas, voué à la diffusion des instruments anciens depuis 1976 dans divers ensembles dont la liste est impressionnante – je ne mentionnerai que Claude Gervaise – nous a proposé un très beau spectacle pour enfants. Il était assisté de la marionnettiste Lise Dyke, dont le parcours impressionne tout autant. On apprend d’elle que depuis 1993, elle travaille en étroite collaboration avec M. Gélinas.

Ce précieux trésor, c’est l’étalage de la réplique d’une dizaine d’instruments anciens pour la plupart inventés au Moyen-Âge sur lesquels jouait M. Gélinas, pendant que son acolyte, Mme Dyke, nous ravissait avec ses marionnettes. Dès l’accueil, le chatoyant rideau de velours orange, qui paraissait plutôt « tango » sous l’éclairage, contrastant avec le doux « lilas » du reste du décor, avait attisé notre intérêt. Dans des décors tout de fraîcheur, ces marionnettes nous ont narré un conte où le plus jeune et le seul généreux des trois fils d’un pauvre hère triomphe de deux ogres et d’un dragon à trois têtes. Après s’être emparé de la clé du château, il en libérera une jolie princesse avec laquelle il coulera de nombreuses années de bonheur. Tout cela aidé par un joli et amusant petit homme aux cheveux roux. Voilà pour le conte.

En ce qui concerne les marionnettes en elles-mêmes, elles étaient à gaine, soigneusement fabriquées, mignonnes et attirantes. Leur jeu était assez vivant pour capter et surtout conserver l’intérêt des enfants dont les rires fusaient souvent, ce qui faisait plaisir à entendre, comme quoi on peut encore les captiver par autre chose que l’informatique. La langue était d’un « beau parler », ce qui faisait plaisir également. Les dernières facéties du petit homme aux cheveux plus rouges que roux, à l’amusant chapeau du même rouge écarlate, teinte d’ailleurs retrouvée dans la robe longue de Mme Dyke, dans le ruban de ses cheveux et dans la chemise de M. Gélinas, les dernières facéties, dis-je, qui durèrent plusieurs minutes, achevèrent de nous mettre en liesse.

Quant à la musique, si elle réussit à intéresser les enfants, elle captiva tout autant les adultes présents. Pour ce faire, on nous fit ponctuellement chanter puis frapper des mains. Puis, à la fin, M. Gélinas, d’une voix calme et calmante, nous incita à quelques minutes supplémentaires d’attention afin que nous fassions plus ample connaissance avec le luth, la lyre, la flûte à bec, la flûte traversière, la vielle à roue, la vielle à archet, la cymbale, le tambourin, le cromorne et le carillon, sur lesquels il avait joué durant le spectacle. Il nous apprit tant de choses intéressantes et de si jolis mots parvinrent à nos oreilles comme chanterelles, sautereaux, et manivelle; il nous enseigna tant d’étonnantes choses comme la présence à l’intérieur de la vielle à roue d’un gros bourdon, d’un petit bourdon, d’une mouche et même d’un petit morceau de bois appelé « chien»; il nous raconta tant de détails de la vie au Moyen-Âge, ceci expliquant cela dans le domaine de la musique, de son importance, de son statut d’indispensable; son récit fut si fascinant que nous retenons autant cette dernière partie de cette heure et demie que la première, celle du spectacle en lui-même.

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