Hausse de l’aide alimentaire

 Mathieu Perchat, Le Mouton Noir, Rimouski, novembre 2023

À l’heure actuelle, Moisson Rimouski-Neigette réalise 600 dépannages alimentaires chaque mois, ce qui permet de répondre aux besoins. Seulement, cette demande ne cesse d’augmenter sans que les moyens de Moisson, eux, n’augmentent en conséquence. La demande d’aide alimentaire a progressé de 36% ces quatre dernières années.

Au Bas-Saint-Laurent, ce n’est pas moins de 1234 personnes par mois qui ont eu recours à une aide alimentaire, et sur ce nombre, 20% sont des enfants (Bilan faim 2023)

Selon le Bilan 2023 de Faim, la situation de Moisson Rimouski-Neigette est similaire à celle des autres Banques alimentaires du Québec. Ce qui permet de qualifier la situation de crise humanitaire.  Moisson Rimouski-Neigette, comme les autres Banques alimentaires du Québec sont en ce moment à bout de souffle.

En effet, avec la hausse des besoins de la population, les organismes connaissent une augmentation des coûts d’opération. Les financements reçus de la part du gouvernement n’augmentent pas en conséquence. Sans parler de la difficulté d’accès aux denrées alimentaires en quantité suffisante, « l’épuisement et la pénurie de main-d’œuvre et de bénévoles, le manque d’infrastructures, etc » (Bilan faim 2023, p. 14).

Seulement, l’aide alimentaire reste une solution transitoire pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Seule la lutte contre la pauvreté arriverait à régler efficacement ce problème sociétal grâce à une amélioration du filet social. « Il y a quelque chose de profondément brisé à l’heure actuelle. Et ce sont les plus vulnérables de notre société qui en paient le prix, de pair avec les organismes sous-financés qui se démènent à trouver des solutions pour les aider » (Bilan faim 2023, p. 14).

La pauvreté et ses causes

L’insécurité alimentaire reste un symptôme de la pauvreté, les organismes d’aides alimentaires sont alors aux premières lignes face à elle. Cependant, éliminer la faim ne permet pas d’éliminer la pauvreté, pourtant, régler le problème de la faim permet à ces personnes d’avoir un frein de moins dans leur parcours pour tenter de se sortir de cette situation de vulnérabilité extrême (Mémoire, 2023, p. 2). 41,2 % des personnes qui bénéficient de l’aide alimentaire sont des adultes vivant seuls, et 18,6 % sont des familles monoparentales (Mémoire, 2023, p. 3).

Selon le Mémoire déposé par Les Banques alimentaires du Québec, l’amélioration du filet social passe obligatoirement par une augmentation du pouvoir d’achat des personnes les plus vulnérables. Cela grâce à des mesures d’allègement du coût de la vie et de redressement de leurs revenus (Mémoire, 2023, p. 2).

Par exemple, en ce qui concerne le logement, l’impossibilité d’accès à la propriété et le coût des loyers sont reconnus comme cause de l’insécurité alimentaire. Car plus le loyer prend de la place sur le budget, plus celui dédié à l’alimentation en est imputé.

Ensuite, concernant le salaire, il est reconnu qu’au Québec, un emploi à temps plein au salaire minimum permet rarement de vivre hors de la pauvreté (Mémoire, 2023, p. 3). De plus, les aides sociales ne permettent pas non plus de sortir de la pauvreté, et de loin.

Les difficultés des organismes

Auparavant, les Banques alimentaires du Québec fonctionnaient grâce aux dons de denrées alimentaires. Mais avec l’augmentation de la demande, ces organismes se voient dans l’obligation d’acheter des denrées. L’ampleur de la demande et la stagnation de l’approvisionnement ne suffisent plus à les alimenter en conséquence.

En 2022, 62 % des organismes avaient déclaré manquer de denrées (Mémoire, 2023, p. 4).

Pour s’approvisionner en conséquence, les organismes du Québec évaluent à 24 M$ de budget pour 2023. Actuellement, des discussions sont en cours avec le gouvernement pour espérer recevoir une aide suffisante. « Le seul financement gouvernemental récurrent couvrait seulement 10 % des coûts d’exploitation des Moissons du Québec en 2022-2023 » (Mémoire, 2023, p. 6).

Ensuite, chaque Moisson a à se charge des employés, des espaces d’entreposage, de l’équipement spécialisé, une flotte de camions et le carburant pour les garder sur la route, etc. De ce fait, les Moissons se placent dans une chaine d’approvisionnement commerciale sans pour autant avoir les ressources équivalentes (Mémoire, 2023, p. 6).

Concernant les dons de denrées alimentaires, souvent pour éviter le gaspillage, des frais sont nécessaires pour faire acheminer les aliments, c’est pourquoi certains donateurs ne sont pas souvent capables de les soutenir.

Or, des crédits d’impôt sont possibles pour ceux qui nous donnent. Et cette mesure fiscale reste trop souvent peu connue et mériterait d’être bien plus publicisée dans le secteur agroalimentaire (Mémoire, 2023, p. 7).

« Dans chaque région du Québec, les Moissons sont donc des maillons cruciaux de la chaine de l’aide alimentaire. Il faut les soutenir et les aider à aider la population québécoise dans le besoin » (Mémoire, 2023, p. 7).

Pierre-Olivier Lefrançois, « Aide alimentaire: Moisson Rimouski peine à garder le rythme », Journal Le soir, 27/102023, à 18:00, Url : https://journallesoir.ca/2023/10/27/aide-alimentaire-moisson-rimouski-peine-a-garder-le-rythme/

Mémoire dans le cadre des consultations sur le prochain plan de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale. Déposé par Les Banques alimentaires du Québec, juin 2023. Url : https://banquesalimentaires.org/wp-content/uploads/2023/08/Memoire_Consultations-sur-le-prochain-plan-de-lutte-a-la-pauvrete_BAQ.pdf

Bilan faim 2023, Url : https://banquesalimentaires.org/wp-content/uploads/2023/10/Bilan-Faim-2023_Final.pdf