Une situation qui a assez durée

Jérémie Perron, Le Bulletin des Chenaux, septembre 2023

Le vendredi 18 août, plus de 150 personnes se sont réunies au quai municipal de Batiscan afin de manifester leur droit d’un accès à la grève et le droit d’en profiter en toute quiétude d’esprit selon les lois en vigueur.

Dans le discours public, il est répété à maintes reprises que ce sont les riverains qui s’opposent avec véhémence à la présence du public sur la grève. Quoiqu’ils tolèrent le passage des marcheurs, il en est tout autre de ceux qui désireraient y pique-niquer ou profiter du paysage plus longtemps qu’il n’en faudrait pour attacher leurs souliers. Pourtant, questionné à ce sujet, le ministère de l’Environnement a confirmé qu’une foule d’activités y sont permises :

Q : Qu’est-il permis de faire sur les terres de l’État ? (Camping, pique-nique, feu, etc.) R : En vertu de la Loi sur les terres du domaine de l’État (LTDE, chapitre T-8.1), toute personne peut passer sur les terres du domaine de l’État, à moins qu’une loi ou un règlement du gouvernement ne le permette pas. Sur les terres du domaine de l’État sous l’autorité du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), le droit de passer ou de séjourner s’exerce conformément aux normes prescrites par le gouvernement par voie réglementaire.

Ainsi, de manière générale, sauf disposition contraire, les citoyens peuvent pratiquer la randonnée pédestre, la raquette, le vélo de montagne, le camping ou faire un pique-nique sur les terres du domaine de l’État sous l’autorité du MRNF.

La réalité, c’est que seule une infime minorité de propriétaires riverains manifestent une telle intolérance et le démontrent d’une façon jugée illégale de la part du regroupement de citoyens. D’abord en installant des pancartes austères qui ruinent le paysage et le climat public du lieu, puis en intimidant ceux qui ignorent leur signalisation. Selon plusieurs témoignages, il ne s’agirait que de quatre propriétaires supportés par quelques citoyens. La grande majorité des riverains ne s’en préoccupent donc pas ou encore, font partie des manifestants pour un accès public à la grève.

La levée de boucliers s’est produite au début de juillet à la suite d’une intervention policière, où une famille profitant de l’endroit s’est fait expulser. Les photos prises à ce moment ont rapidement circulé, suscitant l’indignation. En réponse, la page Facebook — La plage de Batiscan doit rester accessible — a vu le jour et a rapidement rassemblé près de 1000 personnes supportant la cause. Puis, avec le conseil de l’organisme Fondation Rivières, le regroupement a fait circuler une pétition, réclamant un juste accès à la plage.

C’est qu’en apparence la municipalité semble promouvoir le caractère privé de la plage plutôt que sa nature publique. Clôture barrée, terrain négligé, pancarte inhospitalière affichant des textes erronés, contribuent au découragement des résidents et des touristes souhaitant profiter de la grève. Questionné à ce sujet, le maire de Batiscan n’a pas démenti cette position. L’interprétation qu’il fait de la loi lui dicte effectivement qu’il n’est permis que d’y circuler sans s’arrêter. Une interprétation qu’il tient d’un juriste conseillant la municipalité.

Plusieurs citoyens se questionnent quant à l’honnêteté de cette position. Le maire croit-il réellement en ses propos ou entretient-il un discours qu’il sait être faux ? D’un côté ou de l’autre, la population demande des comptes et surtout, l’heure juste. Qu’en est-il réellement ?

Quoi qu’il en soit, la population est appelée à la vigilance dans la propagation des informations. Des faits erronés ont circulé, entre autres que le maire avait menacé d’appeler la police pour chasser les participants du défi kayak Desgagnés le 19 août. De telles affirmations non fondées nuisent à l’instauration d’une paix dans ce dossier en créant une polarisation.

Afin d’en savoir plus, vous êtes invités à consulter le site de la Fondation Rivières à l’adresse suivante, https://fondationrivieres.org/projets/ acces-public-plage-de-batiscan