Anne-Sofie Bathalon , La Gazette de la Mauricie, septembre 2023
C’est en novembre de l’année dernière que l’organisme à but non lucratif (OBNL), Voix de Pasaj, a fait son lancement officiel. Sandra Baron, cofondatrice, présidente et représentante du service de développement artistique interculturel Voix de Pasaj, expliquait en entrevue à la Gazette de la Mauricie que la création de ce regroupement d’artistes reposait sur des décennies de réflexion. « Ce sont plein d’échanges qui ont eu lieu sur le statut des artistes hors du réseau de commercialisation, sur l’insularité autant vécue aux Antilles que par nos communautés autochtones. On s’est dit établissons des passerelles entre les artistes qui sont ancrés dans leur communauté pour leur permettre une rencontre ». Qu’en est-il aujourd’hui ? Est-ce que l’expérience est concluante ?
Après neuf mois d’existence, Voix de Pasaj a pu organiser plusieurs rencontres et activités. Par exemple, leurs Cafés interculturels qui sont essentiellement des rencontres autour d’une boisson et de collations avec les artistes du collectif ainsi que la communauté. Des thèmes comme les arts Atikamekw, les arts littéraires ou encore l’opéra ont été abordés. La cofondatrice affirme qu’il y a eu un véritable engouement, de plus en plus de personnes assistent à leurs événements et viennent discuter.
Énergie nouvelle et mentorat
De plus, l’OBNL n’a pas eu besoin de développer une stratégie de recrutement d’artistes. En fait, à ce jour, ils sont presque sur une gestion de croissance. L’objectif lors de la création du collectif était de recruter une dizaine d’artistes. En date du mois d’août 2023, ils sont près de 36 membres. Il y a des artistes professionnels comme Doré Sowlo, Jeannot Bournival, King Maliba ou encore Jacques Newashish, mais il y a aussi des artistes en voie de professionnalisation ou des artistes citoyens. « Quand on fait nos soirées, on essaie de permettre aux deux de performer de manière à ce que l’un et l’autre apporte autant d’énergie nouvelle et de mentorat. » souligne Sandra Baron.
Le collectif d’artistes a décidé de mettre pied à terre dans Le Repère des Mauvaises Langues au 127, rue Radisson. Cette décision n’est pas le fruit du hasard, les fondateurs voulaient Trois-Rivières comme lieu d’attache. « On trouvait que Trois-Rivières était central et que le milieu était prêt pour accueillir ce genre de démarche. On ne voulait pas être noyé dans une espèce de goût du moment de va-et-vient de Montréal. On sentait les assises plus solides. »
Sandra Baron nous rappelle que leur modèle d’affaires repose sur l’économie sociale. Elle explique que le volet économique est relié avec le développement des carrières des artistes. Quant au volet social, celui-ci encourage les artistes à explorer de nouvelles avenues grâce aux projets de co-création. Les activités permettent également un mouvement de libération. « Tous les individus qui viennent de se rencontrer, de se reconnaître, qui n’ont pas été présentés de façon conventionnelle, qui n’ont pas partagé de moment particuliers ensemble, ont ce souci de libération et de connaissance de soi. » souligne Doré Sowlo, artiste professionnel du collectif “Voix de Pasaj”.
Les vocations de l’OBNL ne profitent pas seulement aux artistes membres, mais également à la communauté citoyenne. En plus d’offrir un accès privilégié et intime à la culture, elle offre un espace d’échanges, de partages et de découvertes. Pour cette année, Voix de Pasaj désire donner davantage à la communauté. Entre autres, ils ont renouvelé leur partenariat avec l’organisme Services d’accueil aux nouveaux arrivants. Aussi, ils ont été à l’écoute des citoyens, notamment concernant les demandes de thématiques précises. Ils sont activement à la recherche d’artistes afin de les représenter adéquatement. Finalement, ils désirent également lancer sous peu une gamme d’offres de services destinés aux entreprises.