La violence économique

Mathieu Perchat, Le Mouton Noir, Rimouski, août 2023

Avec le manque de financement qui touche les services d’aides aux personnes en situation d’itinérance et les services d’aides alimentaires dans les régions Bas-Saint-Laurent et Gaspésie, cumulée à la difficulté de sortir d’une précarité alimentaire accentuée par les différentes crises que nous connaissons (logement, hausse du cout de la vie, écologique, etc.), la constatation d’une inégalité économique se démarque très franchement.

D’ordinaire, on a tendance à comprendre ces inégalités comme le produit du hasard ou d’un ordre naturel : ceu.elles qui présentent un talent particulier sont les plus riches. En résumé, le fatalisme les justifie. Mais si elles n’étaient que le résultat d’une économie qui avait justement pour but de créer ces inégalités, non pas avec une intention de provoquer de la pauvreté, mais au contraire de s’enrichir le plus possible, continuerons-nous à l’accepter ?

Une pauvreté systémique ?

Dans notre réalité actuelle, les inégalités entre riches et pauvre n’ont jamais été si grandes. Alors que les états continuent d’alimenter avec les fonds publics les banques, les entreprises privées (aviations, etc.) pour les secourir lors des crises, qu’elles ont-elles même causées, des personnes perdent leur maison, rencontre des difficultés à se nourrir ou tombent dans une pauvreté extrême.

Chaque année, Oxfam International publie un rapport des inégalités croissantes qui relève que « les 1% les plus riches de la planète possèdent deux fois plus que les richesses cumulées de 6,9 milliards de personnes ». La solution serait donc de « taxer les ultra-riches et les grandes entreprises […] pour sortir des crises qui se succèdent et se superposent depuis 2020. Il est temps de tordre le cou à la théorie du ruissellement » (Oxam, 2023).

Cette situation d’inégalité n’est pas le fruit d’un hasard ou d’un ordre naturel. Le talent ou le travail ne sont pas à l’origine et la justification de ces inégalités. Si elles sont possibles et actuelles, c’est par le système économique et ses fondations reposant sur les banques privées installant un monopole de création monétaire. En effet, ce système économique est pensé pour produire ces résultats d’inégalités extrêmes : la monnaie doit être détenue par très peu de mains. La technologie numérique actuelle n’a permis que d’accélérer ce processus d’avidité et de concentration de richesses.

C’est pour cette raison qu’il est légitime de parler de violence du système économique capitaliste. Mais cette violence est tellement ancrée dans notre société, que nous ne la remarquons plus.

Comment expliquer autrement que des personnes ont de la difficulté à se loger, à trouver de quoi manger à chaque repas, si ce n’est par la violence de notre système économique.

Les mécanismes considérés comme neutre de notre économie, comme les crédits ou la Bourse, voire les monnaies virtuelles, permettent uniquement d’enrichir les riches en prenant aux pauvres. Un classique dirait-on.

Des solutions ?

Les solutions se trouvent toujours dans les mêmes éléments : privilégier la coopération à la compétition, le partage à la possession privée, la mise en commun à l’accumulation, « la relation sur l’individualise et l’être sur l’avoir » (

En effet, notre culture actuelle qui repose sur son système économique est incapable de répartir équitablement les richesses, est incapable de préserver les environnements et n’est pas à même de préserver les conditions d’existences des générations suivantes. Tous les outils sont là, il suffit de choisir de transformer la culture en commençant à interroger les valeurs que portent et transmettent nos actions quotidiennes qui utilisent cette économie.

Sources

https://www.oxfam.org/fr/communiques-presse/depuis-2020-les-1-les-plus-riches-ont-capte-pres-de-deux-fois-plus-de-richesses