Laurent Nicolas, enseignant en Anglais au Collège André-Grasset et gagnant du prix de l'innovation 2023 de l'AQPC avec son trophée aux Ateliers St-Marc, où le trophée a été confectionné. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Peuples autochtones: un enseignant du Collège André-Grasset remporte un prix

Camille Vanderschelden, Journaldesvoisins.com, Ahuntsic-Cartiervielle, juin 2023

Un enseignant du Collège André-Grasset a remporté un prix pour le projet d’échange culturel et linguistique mené entre ce cégep à Ahuntsic et la communauté crie de la Baie James.

Le 8 juin dernier, l’Association des collèges privés du Québec (ACPQ) a décerné le Prix de l’innovation 2023 à Laurent Nicolas, enseignant en anglais du Collège André-Grasset.

Cette récompense vient saluer le projet d’échange culturel et linguistique instauré entre les étudiants du Collège André-Grasset et les élèves d’une école secondaire de la communauté crie de Chisasibi (à la Baie James).

Cet échange a été mené sur une plateforme virtuelle durant la pandémie de COVID-19, lors des sessions de 2020 et 2021, donnant l’occasion pour les élèves des deux communautés de créer des liens. Il a également permis de briser les stéréotypes dont les nations autochtones sont encore victimes.

Ce projet ambitieux avait même donné lieu à une visite d’une délégation crie au Collège André-Grasset, dont le Journal des voisins (JDV) vous faisait état en janvier dernier.

Laurent Nicolas n’est pas le seul à l’origine de cet échange multiculturel: du côté de la Baie James, Chad Hollett menait la barque, un enseignant de l’école secondaire crie James Bay Eeeyou.

Autochtonisation de l’enseignement

La décolonisation de l’enseignement (dont l’appellation autochtonisation est préférée) est une notion sur laquelle le Collège André-Grasset travaille fort. En vue des retombées très positives de l’échange sur les élèves, l’établissement scolaire souhaite répéter le projet d’échange virtuel chaque automne.

Un cours optionnel de diplomatie et d’éveil à la culture autochtone est en construction au Collège André-Grasset. Celui-ci offrirait aux étudiants qui le souhaitent un volet d’apprentissage sur le passé qui lie les Québécois et les autochtones.

Alors que Laurent Nicolas rêvait à une possible visite à Chisasibi avec ses élèves, afin de rendre la pareille à la délégation crie, une ombre vient s’ajouter au tableau. Chad Hollett, son interlocuteur de la Baie James, ne travaille plus à l’école secondaire crie.

«Idéalement, on planifie ce genre de voyage quand on a la confiance des gens qui nous reçoivent. On est en train d’essayer de maintenir le contact avec le chef de [l’école secondaire James Bay Eeeyou]», confie Laurent Nicolas au JDV.

Le trophée du Prix de l’innovation 2023 de l’ACPQ, remporté par Laurent Nicolas, enseignant au Collège André-Grasset. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

En attendant un meilleur jour pour les relations diplomatiques entre Ahuntsic et Chisasibi, Laurent Nicolas participe à l’autochtonisation du Collège André-Grasset du mieux qu’il peut. En outre, l’enseignant a créé un rapport d’enquête sur les liens historiques entre les Sulpiciens (les fondateurs de l’établissement scolaire) et les peuples autochtones de l’île de Montréal.

Comprendre la réalité

Pour Laurent Nicolas, emmener ses élèves à la rencontre «de leurs voisins cris du Grand Nord» serait synonyme d’un apprentissage de l’Histoire du développement de l’hydro-électricité au Québec.

Les élèves seraient ainsi amenés à comprendre comment ce projet de développement à la Baie James a conduit les Québécois à l’autonomie énergétique et politique. Sans oublier l’autonomie politique et financière de la communauté crie, qui s’est formée pendant ce combat.

C’est un apprentissage des réalités qui nous concernent tous, ici dans la métropole, notamment sur le prix de l’électricité. La récente tempête de verglas, qui est venue priver d’électricité la majorité des foyers montréalais, a par ailleurs exacerbé la nécessité d’un tel apprentissage pour ses élèves, selon Laurent Nicolas.

D’autant plus que le gouvernement Legault annonçait en septembre 2022 la possible construction de nouveaux barrages à la Baie James, en vue d’augmenter la capacité électrique d’Hydro-Québec de 100 TWh.


De gauche à droite: le gagnant du Prix de l’Innovation 2023, discute avec Denis Gagnon, le créateur du trophée à l’Atelier St-Marc, sur Gouin Est. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Un trophée ahuntsicois

Le trophée du Prix de l’innovation 2023 de l’ACPQ a été confectionné sur mesure pour le projet d’échange mené par Laurent Nicolas et Chad Hollett.

Le trophée arbore des symboles de la communauté crie, tels que les oies qui représentent le voyage et la plume, la collectivité. Sa structure déconstruite fait référence aux liens brisés entre la communauté autochtone et les Québécois, qui appellent à les reconstruire.

L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville est bien représenté dans cette nomination de l’ACPQ, car il a été créé par Denis Gagnon, artisan verrier de l’Atelier St-Marc, situé au 2070, boulevard Gouin Est.

En cette Journée nationale des peuples autochtones, consultez notre autre texte sur le sujet paru ce matin (21 juin 2023), sur L’autochtonisation de l’enseignement au Collège Ahuntsic.