Michel T, Échos Montréal, mai 2023
Suite à la saga des locations illégales d’inscriptions Airbnb, qui a pris une tournure tragique récemment avec le décès de 7 personnes dans le Vieux-Montréal et dont nous avons parlé dans notre édition d’avril 2023, le Gouvernement du Québec et la Ville de Montréal ont entamé diverses mesures qui viseront à réduire drastiquement les risques que des gens sans scrupules ont mis en pratique par le passé pour se faire du profit au détriment des principes de sécurité les plus élémentaires.
On se rappellera que dans l’incendie qui a frappé ce regroupement de logements Airbnb situés à la Place D’Youville – par ailleurs illégaux puisque cela est interdit dans la réglementation même du Vieux-Montréal – plusieurs anomalies impardonnables avaient été constatées. Ainsi, il n’y avait pas d’avertisseurs de fumée, il manquait de fenêtres dans plusieurs logements et bon nombre de ceux-ci n’avaient pas accès à une sortie de secours. Toutes ces lacunes ont contribué directement aux décès tragiques qui ont eu lieu.
Il faut noter que sur le nombre de Locations Airbnb, que l’on évalue aux alentours de 30 000 à Montréal, seulement quelque 2 000 ont un permis d’exploitation. Et cela s’avère particulièrement problématique dans un contexte où la métropole souffre en parallèle d’une sérieuse pénurie de logements à prix abordables. Bon nombre de propriétaires en profitent donc pour faire des augmentations de loyers salées. Et bien sûr c’est pire dans le cas de ceux qui opèrent ces Airbnb illégaux, et dont l’appétit pour un profit rapide n’est nullement diminué par les rares amendes-bonbons vouées à timidement pénaliser les contrevenants. Cela a donc incité les diverses instances dirigeantes à finalement changer les règles en vigueur. Par exemple, le Gouvernement obligera désormais les propriétaires à louer sur du plus long terme. Également, les amendes seront plus salées, fréquentes et sévères envers les locations illégales. Pour ce qui du municipal, il se donnera lui aussi beaucoup plus de mordant au niveau judiciaire, et l’on prévoit par ailleurs augmenter sensiblement le nombre de contrôles, notamment pour s’assurer que tous les logements respectent les règles de sécurité essentielles (sorties de secours, avertisseurs, etc…).
En corollaire, la Ville de Montréal redoublera ses efforts pour accroître le parc immobilier, spécifiquement à l’intention des gens à plus faibles revenus. On en a d’ailleurs a un exemple concret avec le Manoir Lafontaine. La Ville versera 5,6M$ à l’organisme communautaire Interloge, pour faire l’acquisition de ce bâtiment de 14 étages et 91 appartements, situé dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal et estimé à 28M$. Le montant de la subvention aidera à transformer les appartements en logements abordables. On se rappellera que le Manoir était devenu une figure médiatique symbolique et emblématique de la Crise du Logement lorsque les locataires avaient été menacés de « réno-victions » par les propriétaires qui désiraient essentiellement se libérer des résidents pour augmenter subséquemment les coûts des loyers. Le Juge qui avait été saisi du dossier avait débouté les propriétaires et donné entièrement raison aux locataires, menant ultérieurement à la vente prochaine de l’immeuble Interloge et avec l’appui de la Ville de Montréal.
Mais il n’en demeure malheureusement pas moins que la pratique est devenue courante pour beaucoup de propriétaires et spéculateurs immobiliers sans scrupules. Espérons que les nouvelles annonces conjointes du Gouvernement du Québec et de l’hôtel de ville montréalais seront des pas dans la bonne direction et les pierres angulaires de futures autres nouvelles à venir.