Jacinthe Laliberté, Journal des citoyens, Prévost, avril 2023
Les athlètes des Laurentides en ski alpin ont, cette année, démontré plus que jamais leur supériorité en affichant des performances inégalées lors des Jeux d’hiver du Canada et des Jeux du Québec. Des exigences considérables incombent à ces jeunes qui affichent de telles performances : entraînement, étude, compétition et, surtout, préoccupation financière.
À chaque évènement sportif d’importance, le Québec est fier de ses délégations, notamment si les athlètes reviennent avec des médailles suspendues à leur cou. Mais qu’en est-il du soutien, notamment financier qui, rendu à un certain niveau de compétition, devient problématique pour certains ?
Voici deux exemples de persévérance et de combativité, Laurianne et Marc-Olivier Labelle qui espèrent réaliser, un jour, leur rêve. Mais, sans ce soutien financier, ils auront un obstacle de plus à franchir.
Des athlètes en devenir
Laurianne (14 ans) et Marc-Olivier (17 ans) résident à Prévost, ont tous deux monté sur leurs premières paires de skis vers l’âge de 18 mois. Un bagage génétique transmis par des grands-parents, moniteurs et directeurs d’école de ski, un père impliqué qui a été nommé entraîneur de l’année au mont Garceau et une mère aussi passionnée de ski que les autres membres de la famille.
Marc-Olivier fait partie d’une équipe de compétition depuis l’âge de 5 ans, et Laurianne a décidé, dès l’âge de 7 ans, de suivre les traces de son frère. Les deux évoluent dans le circuit des Laurentides sous la bannière du Mont Garceau.
Vers l’âge de 10 ans, autant l’un que l’autre, ils commencent à se mesurer à d’autres athlètes du Québec. Étant parmi les plus jeunes skieurs de leur catégorie respective, dès leur début sur le circuit des mini-provinciaux, ils en étonnent plus d’un.
Poursuivant aux championnats provinciaux, Laurianne se classe parmi les 20 meilleures skieuses de sa catégorie sur un total de 118. Nommée « athlète de l’année » deux années consécutives par Ski Mont Garceau, Laurianne est maintenant en route vers les Championnats de l’Est américain catégorie U16 (moins de 16 ans), et ce, malgré plusieurs blessures.
« C’est une vraie battante, elle veut démontrer, même si elle n’est pas celle qui revient avec la médaille d’or, que c’est possible de se battre pour ce que l’on croit », mentionne la mère, Caroline Lajeunesse.
Quant à Marc-Olivier, à 17 ans, il fait partie du circuit international et course, toujours sous la bannière du Mont Garceau. Il affronte des athlètes d’expérience âgés de 17 à 30 ans provenant des quatre coins du monde.
Trop jeune pour s’attaquer à la Coupe du monde, en attendant, il acquiert de l’expérience. « À 17 ans, c’est impressionnant de skier contre un athlète du Japon de 41 ans qui a fait des podiums aux Jeux Olympiques », de dire la maman avec une certaine fierté.
L’an passé, il était dans le top 10 et, cette année, il s’est classé, en général, dans le top 5 de sa catégorie d’âge national. Marc-Olivier explique, avec aplomb, sa vision : « Mon rêve à court terme est de faire partie de l’équipe du Québec et, par la suite, de celle du Canada pour participer à différentes Coupes du monde et possiblement les Jeux Olympiques de 2030. Je suis conscient qu’à mon âge, ceci peut être un peu cliché. Mais pour moi, le ski n’est pas seulement une passion, mais aussi un mode de vie ».
Sans oublier l’école
Autant pour les parents que pour les enfants, la scolarisation est aussi importante que le ski. S’entraînant environ 35 heures par semaine, ils s’absentent de l’école environ 120 jours par année. Malgré tout, Laurianne obtient une moyenne scolaire de 90 %. Quant à Marc-Olivier, admis au cégep en science politique avec une moyenne de 85 %, il se dit prêt à conjuguer avec ses deux passions. Hors de tout doute, ces deux athlètes démontrent qu’il est possible de parcourir leurs rêves en ne négligeant pas l’école.
Le nerf de la guerre : les contraintes financières
Aux dires de la mère du jeune homme, le ski et tout autre sport de compétition requièrent des ressources financières importantes. En tant que parent d’athlètes chevronnés, elle se donne en exemple : « Le coût de la saison de Laurianne se situe entre 15 000 $ et 20 000 $ et celle de Marc-Olivier, entre 30 et 40 000 $ puisqu’il est rendu à l’International. C’est difficile de ramasser cette somme annuellement pour une famille à revenu moyen ».
Lorsque les athlètes sont jeunes, les entreprises ne veulent pas investir. Étant plus jeune, Laurianne est ainsi inscrite à toutes les bourses laurentiennes comme la bourse des athlètes des Laurentides et celle du Centre du développement de l’excellence sportif à Saint-Jérôme. Sou-vent, l’attribution de ces bourses se fait de façon aléatoire par pige, donc, rien de concret, pour l’instant.
Rendues sur les circuits internationaux, les entreprises considèrent cette contribution comme un investissement. Par exemple, la compagnie Zaco, de Mirabel a proposé à Marc-André de créer une ligne de vêtements avec son logo et Laurianne a été sollicitée pour participer à des séances de photos pour les équipements de ski Blizzard/Tecnica. Comme ces apports monétaires ne sont pas suffisants, les parents organisent des campagnes de financement telles des soupers spaghetti et des parties de golf.
Toujours à la recherche de commandites, ramasser de telles sommes est un défi de taille presque impossible à atteindre. Les parents de ces deux athlètes ne sont pas les seuls dans ce cas et il est pour eux utopique de penser qu’un soutien financier viendra éventuellement de certaines instances sportives. Ces jeunes athlètes, appelés « espoirs du Québec » pour réussir à atteindre leurs objectifs, ont besoin de commanditaires sérieux.