Oriana Barkham, L’Écho de Cantley, avril 2023
La rivière Gatineau ou Tenàgàdin Zìbì est utilisée depuis des millénaires par les Premières Nations. Au 17e siècle, les autochtones ont guidé les voyageurs et commerçants de fourrure en canot le long de la rivière, de Tadoussac jusqu’aux Grands Lacs. Puis les bûcherons sont arrivés. Ils ont abattu de vastes étendues de forêt vierge et transporté les billots sur la Gatineau jusqu’aux scieries et papeteries du coin, leurs produits destinés à l’Europe. Dans les années 1800, des fermes et des chalets d’été ont surgi le long de ses berges. La drave sur la rivière a cessé en 1991. Ce fut une bénédiction.
Au début, des centaines de nageurs profi taient de baignades paisibles, parcouraient de longues distances et traversaient la rivière en toute sécurité. Les canoteurs, les kayakistes et les voileux se partageaient la rivière sans danger pour les autres. Malheureusement, les embarcations motorisées ont fait leur apparition et celles-ci constituent une véritable menace pour les nageurs et les embarcations à pagaie.
Selon les statistiques, la plupart des accidents de bateaux à moteur sont dus à l’inattention du conducteur. En 2018, une enseignante de 26 ans a subi des blessures graves lorsqu’elle a été frappée par une motomarine sur la rivière Gatineau. Ensuite, un jeune homme de 18 ans a perdu une jambe et une main lorsqu’il a été frappé par ses propres amis dans un bateau à moteur après avoir été éjecté du tube dans lequel il était tiré.
Les embarcations motorisées sont l’une des principales causes de la pollution qui ravage les rivières et les lacs du Québec. Notre rivière Gatineau demeure à ce jour l’une des rares rivières encore propres au Québec. Chaque été, les bénévoles des Amis de la Gatineau se font un devoir d’analyser l’eau de notre rivière. Malheureusement, la pollution causée par les embarcations motorisées menace maintenant notre rivière Gatineau.
Des études sur l’impact environnemental des embarcations motorisées ont révélé des effets néfastes sur nos milieux aquatiques. Le sillage et la turbulence des embarcations motorisées affectent les berges et provoquent l’érosion. Ils augmentant la turbidité et la disponibilité des nutriments stockés dans les sédiments, tels que le phosphore, qui favorise la croissance des algues. Ils perturbent les poissons, leur nidifi cation, leur frai et leur alimentation. Les sillages perturbent les oiseaux et d’autres espèces de fl ore et de faune, les menant à abandonner leurs nids et leurs aires d’alimentation sur le rivage. Les véhicules nautiques motorisés introduisent des espèces envahissantes. Ils émettent des gaz d’échappement, des déversements et des fuites de carburant. Leurs agents chimiques antisalissures et les traces de métaux utilisés comme biocides et herbicides laissent des toxines dans la rivière. Le bruit des embarcations motorisées perturbe toutes les espèces aviaires, ainsi que les poissons, d’autre faune …et les humains!
Bien qu’il existe en théorie des limites de vitesse pour les embarcations à moteur le long de notre rivière, celles-ci sont régulièrement ignorées. Trop souvent les motomarines et les bateaux à moteur naviguent à haute vitesse très près des rives. Les nageurs peuvent voir les propriétaires d’embarcations motorisées regarder les skieurs nautiques ou les planchistes derrière eux plutôt que de prêter attention aux usagers de la rivière qui se trouvent devant eux. Les pagayeurs doivent changer de cap pour faire face au sillage des embarcations motorisées et éviter de chavirer.
La grande majorité des Cantléens qui profi tent de notre rivière sont des nageurs, des pagayeurs et des voileux qui partagent la rivière en toute sécurité, profi tant de sa beauté, de son calme et de sa tranquillité, tout en pratiquant une activité saine et respectueuse de l’environnement.
La présence d’une seule motomarine ou d’un bateau à moteur détruit la paix et la tranquillité, présente un risque à la sécurité de tous, et endommage nos écosystèmes riverains.