Ma vie hors de piste

Éric Morasse, Le Bulletin des Chenaux, Sainte-Geneviève-de-Batiscan, le 28 octobre 2011

Simon Laganière a toujours rêvé de dire qu'il était réalisateur et musicien. Un rêve qui est aujourd'hui sa réalité. Il gagne sa vie en travaillant comme réalisateur pour l'agence de communication Egzakt, à Trois-Rivières, tout en continuant à travailler sur des projets de films plus personnels. Une carrière qu'il mène conjointement à celle de musicien, puisqu'il est aussi connu sous le nom de Mario Goyette, leader du groupe de musique les Frères Goyette.

Pourtant, Simon n'a pas fait d'études en cinéma. Au collégial, il étudiait en Sciences humaines, profil éducation, afin de devenir enseignant pour les sourds et muets, puis il a changé de parcours pour faire une Attestation d'études collégiales en multimédia pour être graphiste. Par contre, il estime qu'il n'était pas très doué dans ce domaine et il a changé une nouvelle fois de direction.

Ce qui avait toujours été pour lui un loisir est devenu sa carrière. « On avait une caméra à la maison et j'ai toujours fait des petits films. » Dès l'âge de 13 ou 14 ans, il passait une partie de ses étés à faire des scénarios et les tourner pour le plaisir avec son frère et ses amis. Puis, alors qu'il était au cégep, un court métrage qu'il a réalisé a attiré l'attention de son entourage et de ses professeurs. C'est à ce moment qu'il s'est aperçu qu'il avait un certain talent pour le cinéma.

Mais le moment où Simon a vraiment alors qu'il s'était inscrit à Kino 3R, poussé par ses amis. Kino 3R est un groupe qui se réunit pour réaliser et présenter des courts métrages tournés dans un délai très court et avec peu, ou pas du tout, de budget. « C'est là que j'ai vraiment appris à faire des courts métrages ».

Le premier film qu'il a présenté lui a permis de faire le tour de quelques festivals, dont le Worldwide Short Film Festival de Toronto. C'est alors qu'il a eu envie de se lancer plus avant dans la réalisation et depuis, quelques-uns de ses films lui ont permis de voyager dans différents festivals en Amérique et en Europe.

Son métier, il l'a appris « sur le tas », en travaillant à différents projets en faisant des montages. Son travail chez Egzakt lui permet autant de vivre que d'acquérir de l'expérience. Ce qui l'anime est toujours la même chose. «J'aime raconter une histoire, partir de zéro, imaginer les images. C'est un beau mélange de créativité et de technique.» C'est aussi cette même créativité qui se met en branle lorsqu'il travaille à l'élaboration d'un album des Frères Goyette. «Faire un album, c'est comme un long métrage. Chaque chanson est une scène. C'est le même élan créateur.» Là où il regrette un peu de n'avoir pas fait d'études en cinéma, c'est lorsqu'il dépose un projet auprès des bailleurs de fond comme la SODEC et le Conseil des arts, comme c'est le cas actuellement. Cela demande beaucoup de préparation et de rigueur dans l'écriture. Toutefois, Simon estime que son expérience de terrain lui a permis d'apprendre à travailler avec une bonne efficacité.

Actuellement, il a une trentaine de courts métrages à son actif, deux vidéoclips et beaucoup de capsules publicitaires. Son dernier film «Les Outils », auquel ont participés Gilles Vigneault et Claude Gauthier, s'est mérité en 2009 le prix du meilleur court métrage au festival Fantasia. Il a également été présenté en ouverture du Imagine Science Films Festival de New York, ainsi qu'au festival Off-courts de Trouville, en Normandie, et au Rendez-vous du cinéma québécois. Ça va plutôt bien aussi pour les Frères Goyette dont le troisième album, «Rencontre du 3e âge» est en nomination à l'ADISQ, dans la catégorie country.

Bien entendu, dans le domaine du cinéma, la ville de  Montréal est incontournable. C'est là que se trouve l'industrie. Quant au marché, on peut dire qu'il est international. Par contre, il y a peut-être un léger avantage à vivre en région à cause la discrimination positive dans l'octroi des bourses. «Comme il y a moins de population, si on travaille fort, c'est plus facile d'avoir des bourses à causes des quotas régionaux.»

Mais pour Simon Laganière, ce qui est le plus important dans le fait de vivre à Champlain, c'est que c'est là qu'il puise ses idées. «L’inspiration vient de la région, des racines. Que ce soit les expressions qu'on utilise ou les lieux.» On pourrait dire que c'est la vie rurale qui est sa muse, un aspect que l'on remarque aussi dans l'autre volet de sa vie artistique, soit dans les textes et la musique des Frères Goyette. Vivre en région n'est donc pas un frein et Simon Laganière l'illustre en citant Beethoven: «Si tu veux être international, chante ton pays.»
 

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