Éric Cyr, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 26 avril 2021
Le transporteur aérien Air Canada, subventionné par le gouvernement fédéral, qui en est actionnaire, ne reprendra pas ses liaisons régionales sur une base régulière dans de nombreux aéroports du Québec et en abandonnera plusieurs autres après un accord conclu avec Ottawa, le 13 avril dernier. C’est le Québec qui est le grand perdant de l’entente puisque bien que le siège social de la compagnie aérienne se situe à Montréal, la belle province est le territoire qui récupérera le moins de dessertes.
Air Canada a de plus confirmé qu’il ne reprendra pas ses liaisons régulières vers Wabush au Labrador, qui dessert Fermont. Le même scénario s’applique pour Baie-Comeau sur la Côte-Nord, Mont-Joli au Bas-Saint-Laurent, Gaspé en Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine et Val-d’Or en Abitibi.
Concurrence déloyale et manque de fiabilité
Les régions du Québec sont actuellement dans une impasse en ce qui a trait à l’accès à leur territoire par voie aérienne puisque plusieurs escales ont été complètement abandonnées ou partiellement délaissées par Air Canada. La grande majorité des élus des régions, qui jugent que le service du transporteur national manque de fiabilité, sont heureux que certains petits transporteurs régionaux poursuivent leur mission alors que d’autres ont manifesté l’intérêt de prendre le relais, où l’ont déjà fait, en tentant tant bien que mal d’offrir des services sans toutefois être soutenus par les gouvernements. Les élus demandent donc aux gouvernements de leur venir en aide afin d’assurer la pérennité des dessertes aériennes régionales. Air Canada entend conclure « de nouveaux accords interlignes avec des transporteurs régionaux tiers » pour les déplacements qu’elle ne pourra assurer au moyen de services directs, ce qui fait craindre aux élus la réapparition d’une concurrence déloyale aux frais des contribuables.
L’annonce de l’aide financière de près de 5,9 milliards de dollars par Ottawa a fait réagir L’Alliance des chambres de commerce de la Côte-Nord qui réclame depuis de nombreuses années un service aérien adéquat, fiable et à prix raisonnable. Les chambres de commerce dénoncent le fait qu’aucune aide n’ait été octroyée par le gouvernement du Canada aux transporteurs du Québec, ou à ceux qui ont manifesté le désir de reprendre le flambeau dans les régions du Québec, et demandent des actions pour une desserte aérienne durable et efficace.
Pire qu’avant pour les régions
Dans le cadre de cet accord bâclé qui ne tient pas compte des spécificités régionales, Air Canada a conclu avec le gouvernement du Canada une série d’accords de financement par instruments d’emprunt et de capitaux propres qui lui donnera accès à des liquidités maximales de 5,879 milliards de dollars par l’intermédiaire du Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE). Dans le cadre du montage financier, Air Canada a pris un certain nombre d’engagements liés au remboursement des clients, à la desserte des collectivités régionales, à des restrictions touchant l’utilisation des fonds fournis, à l’emploi et aux dépenses d’investissement. Air Canada offre aux clients admissibles qui ont acheté des billets non remboursables pour un voyage commençant au plus tôt en février 2020, mais qui n’ont pas voyagé en raison de la Covid-19, le choix d’un remboursement selon le mode de paiement initial.
TREQ
La Coopérative de transport aérien régional du Québec (TREQ), dont la mission est de doter le Québec d’un réel transporteur aérien régional au service des régions et de leur développement tout en assurant l’offre de billets d’avion à bas prix, envisage de desservir l’aéroport de Wabush au Labrador. Le conseil municipal de Fermont a adopté, en mars dernier, une résolution afin que la mairie paie les frais d’adhésion de 10 $ à la Coop TREQ aux citoyens fermontois qui en feront la demande et pour rembourser ceux qui se sont déjà inscrits.