Le coronavirus : Pour ne pas les oublier

Yves Lirette, Le Cantonnier, Disraeli, le 25 février 2021

L’an dernier, un certain coronavirus s’immisçait dans nos vies, bouleversant nos habitudes. Que peut-on en dire une année plus tard, que doit-on en retenir ? Des emplois perdus, une économie bousculée, des écoles fermées, des éloignements essentiels calculés, une nouvelle hygiène masquée… et puis, l’isolement, l’abandon, la détresse, la colère, tout cela au cœur d’une solidarité qui se cherche, qui éclate, puis se retrouve, se redéfinit au hasard des rues, des fenêtres, des regards distants. Le virtuel impalpable, invisible est partout, nouveau dieu des échanges humains.

Il y a aussi les chiffres d’une année qui peignent un froid portrait des choses

Au Québec, on recense près de 300 000 cas confirmés d’infection à la COVID, un chiffre fondé sur les tests effectués, donc peu fiable et qui sous-estime la contamination. Retenons, à des fins de comparaison, que le taux de cas pour 100 000 de population est d’environ 3 200. En Chaudière-Appalaches, le taux est de 2 700 pour près de 11 500 cas ; le Réseau local de service (RLS) de Thetford s’en est tiré avec un taux de 3 000. En Estrie, 11 000 cas établissent le taux à 2 300 ; le RLS du Granit voit son taux atteindre 3 700. Somme toute, nos régions ont passé une meilleure année que l’ensemble du Québec en regard de la contamination.

Le nombre de personnes hospitalisées et aux soins intensifs varie de jour en jour : il faut garder en tête que la capacité du réseau de la santé est établie à 2 164 lits désignés COVID, seuil de la catastrophe. Plus on l’approche, plus on déleste, et plus on frôle la rupture, comme en décembre et janvier derniers. Puis il y a les décès, un chiffre fiable qui illustre bien où nous en sommes. Au Québec, plus de 10 000 personnes nous ont quittés depuis un an, foudroyées par le coronavirus : plus de femmes, 53 %, que d’hommes. Près de trois décès sur quatre sont survenus en centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) ou en résidences pour personnes aînées (RPA), et plus de neuf sur dix de ces décès sont survenus chez des personnes de 70 ans et plus : une hécatombe que nous n’avons pas su empêcher. En Chaudière-Appalaches, nous avons connu une année meurtrière pour près de 300 personnes, dont 70 % en CHSLD et en RPA. En Estrie aussi, près de 300 personnes ont perdu la vie, dont 73 % en CHSLD et en RPA.

Lorsque l’on pense à toutes ces personnes disparues, toutes ces mémoires du monde qui se sont effacées, la tristesse nous étreint, les larmes coulent, mais la nôtre de mémoire ne doit pas les oublier. Aujourd’hui une épidémie, hier une guerre, demain… La vie, si belle soit-elle, connaît des passages plus sombres, des départs que l’on voudrait ne pas être, mais la solidarité constructive saura toujours la faire renaître.