Ordures ménagères

Émilie Corbeil, Le Journal des citoyens, Prévost, novembre 2020

À partir de novembre 2020, la Ville de Prévost ainsi que la MRC des Pays-d’en-Haut ont annoncé une baisse de la fréquence des ordures ménagères sur leurs territoires respectifs.

Dans la MRC des Pays-d’en-Haut, on retire, pour la saison hivernale, un total de six cueillettes. La fréquence des ramassages reprendra aux deux semaines à partir d’avril 2021. Pour Prévost, les ramassages auront désormais lieu aux trois semaines plutôt qu’aux deux semaines, et ce, à l’année. Le Journal s’est entretenu avec Joey Leckman, conseiller et responsable du dossier de l’environnement à la Ville de Prévost, ainsi qu’avec Nathalie Rochon, mairesse de Piedmont.

Des motivations différentes qui se rejoignent

Alors que dans la MRC des Pays-d’en-Haut on insiste sur le fait que cette modification de la fréquence des collectes n’a rien à voir avec une mesure économique, pour Prévost, il s’agit de la première raison ayant justifié de diminuer les ramassages.

Madame Rochon a expliqué au Journal que seulement six ramassages de moins, soit environ 95, allaient être effectués pour 2020. Qui plus est, le compost sera désormais ramassé aux deux semaines plutôt qu’au mois, et une cueillette supplémentaire d’ordures ménagères est prévue tout de suite après Noël. Il s’agit purement d’un choix environnemental, la MRC ayant fait le pari que de diminuer la fréquence des ramassages d’ordures incitera les citoyens à mieux recycler et à commencer à composter.

À Prévost, c’est une autre histoire. La compagnie qui se chargeait du ramassage n’étant plus en opération, les prix des nouveaux soumissionnaires étaient beaucoup plus élevés. Le fait de faire passer le ramassage aux trois semaines plutôt qu’aux deux semaines devenait donc le choix économique à privilégier pour les élus.

Loin de n’y voir qu’un choix économique, Joey Leckman, échevin à Prévost, est comme madame Rochon, persuadé que cette nouvelle mesure n’engendrera pas de problème pour la majorité des citoyens et qu’il s’agit d’un incitatif important afin de modifier les habitudes des citoyens qui n’ont pas encore commencé à composter ou qui ne recyclent pas suffisamment.

 

Des citoyens mécontents

Sur les réseaux sociaux, plusieurs citoyens témoignent de leur désaccord. Certains vont jusqu’à dire qu’ils mettront leurs ordures dans les autres bacs. Ou alors qu’ils brûleront leurs déchets. Bien au fait du dossier, Joey Leckman s’attendait à ce genre de réponse qui selon lui n’est le fait que d’une faible minorité de citoyens. Dans la réalité, les diminutions de ramassages ne datent pas d’hier, et plusieurs Municipalités ont déjà fait le test. Chaque fois, les citoyens se sont bien adaptés et on a enregistré une hausse du volume de compostage de l’ordre de 15 à 20 %. Monsieur Leckman a également précisé que les baisses de collectes n’ont jamais été associées avec une baisse de la qualité du triage des matières résiduelles.

Même réponse du côté de madame Rochon, qui voit cette initiative comme une occasion de changer les habitudes et de mieux trier les matières résiduelles. Elle rappelle que les ordures ménagères ne devraient pas occuper plus de 5 % du volume de matières résiduelles totales d’un ménage.

 

Des solutions à la portée de tous

Pour beaucoup, le fait de diminuer les ordures ménagères passe forcément par le compostage. Selon André Genest, en entrevue à Nous.tv, seulement 25 % des ménages de la MRC des Pays-d’en-Haut utilisent leurs bacs bruns. Pour la majorité, le simple fait de composter compensera les effets de la raréfaction des collectes d’ordures.

En outre, il est possible de diminuer le volume des déchets qui atteignent les dépotoirs en évitant de jeter des objets et des vêtements qui peuvent encore servir. S’il était plus simple de les mettre au bac auparavant, il sera peut-être désormais plus à propos de les donner à un organisme local afin de leur donner une seconde vie.

Évidemment, les deux élus s’entendent pour dire que tous les ménages ne sont pas équivalents, et que les familles nombreuses, ou celles ayant des enfants aux couches, par exemple, peuvent avoir besoin de solutions adaptées. Si tant est qu’il soit impossible pour votre famille de fonctionner avec cette diminution des ramassages, vous êtes invités à communiquer avec votre Municipalité.

 

Faire partie de la solution

Pour Joey Leckman, tout passe d’abord par le choix de chaque citoyen de faire partie de la solution plutôt que du problème. Dans les faits, il est à la portée de tout un chacun de diminuer sa consommation. Il invite les gens à se poser trois questions avant de faire un achat : en ai-je vraiment besoin ? Cette acquisition me rendra-t-elle vraiment heureux ? Est-ce bien pour la planète ?

La démarche peut sembler difficile, alors que l’éventail des besoins et les motivations à la consommation ne cessent de grandir. Pourtant, il fait le pari que le réflexe viendra à qui veut bien se questionner réellement et systématiquement.