« Si on pouvait juste garder un sentiment de gratitude pour tout ce qu’on a, parce que ça peut s’arrêter n’importe quand, finalement » -Kim Poirier Photo : Lila Dussault

Cultiver la gratitude

Lila Dussault, GRAFFICI, Gaspésie, juillet 2020

Pour Kim Poirier, résidente de Chandler et enseignante au primaire, la crise de la COVID-19 est une occasion pour les Gaspésiens de se souvenir de leur identité chaleureuse et surtout, de privilégier la gratitude plutôt que la peur, dans les choix de l’après-pandémie.

« Souvent, les gens attendent d’avoir une grosse maladie pour commencer à vivre. […] Là, ça s’est passé pour tout le monde en même temps », explique cette ancienne bénévole pour l’Association du cancer de l’Est du Québec qui a parcouru le chemin de Compostelle en 2015.

« Je pense que le fait que tout se soit arrêté, ça permet de voir que parfois, on prend des choses pour acquis dans la vie, des choses aussi simples que d’avoir la liberté de visiter nos amis et nos parents. […] Si on pouvait juste garder un sentiment de gratitude pour tout ce qu’on a, parce que ça peut s’arrêter n’importe quand, finalement. »

 

« Des hommes pareils »

Cette quarantenaire remarque que la pandémie a permis de réhumaniser la planète en ramenant les gens sur un pied d’égalité : «  Tout d’un coup, l’humain redevenait l’humain et même les personnes qui étaient les plus riches au monde n’avaient pas plus le droit de visiter leur famille ». Très active sur les réseaux sociaux, elle a d’ailleurs, au début de la pandémie, interprété au piano une chanson de Francis Cabrel afin de rappeler que « nous sommes tous « Des hommes pareils » ».

Mme Poirier souligne également l’importance de partager la compréhension, plutôt que la crainte, particulièrement sur les réseaux sociaux. « On voit comment la contagion de la peur a été beaucoup plus présente que celle du virus pendant la pandémie. Moi, je tente par mes messages d’avoir un discours de bienveillance. J’essaie d’être contagieuse à ce niveau-là. »

 

Identité gaspésienne : garder le cap sur l’accueil

Pour l’après-pandémie, elle souhaite que la Gaspésie se souvienne de son identité de terre d’accueil ainsi que de l’importance du tourisme. « J’aime cette proximité-là. J’aime avoir des gens d’ailleurs qui viennent et qui me racontent leurs histoires. Je pense que la Gaspésie devrait rester un endroit où il fait bon vivre, qu’il fait bon visiter, un endroit sécuritaire où les gens sont les bienvenus. »

 

S’engager, qu’ils disaient

Grandement engagée socialement, Mme Poirier souhaite voir fleurir un esprit plus communautaire dans son environnement. « Souvent, ce que l’on voit, c’est que ce sont les mêmes personnes qui s’impliquent dans les petites communautés  », observe-t-elle. Or, cette dernière espère voir « des gens plus tolérants, plus portés à aider leur voisin, à faire attention à la beauté de leur ville, à moins polluer, à être plus souriants ».

La Gaspésienne rappelle que le bonheur n’est pas quelque chose d’individuel : « Si je suis la seule personne heureuse dans ma ville, ultimement, je ne serai plus si heureuse que ça. Mais si j’embellis ma maison, que ça donne le goût au voisin d’embellir sa maison et que ça donne le goût à l’autre voisin aussi, éventuellement, tout le monde va être plus beau. »

https://graffici.ca/actualite/comment-les-gaspesiens-voient-ils-lapres-pandemie-partie-2-3/