Marie-Mélie Pépin, enseignante au programme Techniques de gestion et intervention en loisir au Collège Laflèche

Discussion autour d’un café avec une allumeuse d’étincelle

Francyn Laquerre, La Gazette de la Mauricie, Trois Rivières, février 2020

Dans le cadre de Sismic, le Pôle d’économie sociale de la Mauricie offre des ateliers d’idéation de projets aux étudiants du programme de Techniques en gestion et intervention en loisir (TGIL) du Collège Laflèche. Ce projet pilote est possible grâce à l’engagement d’une enseignante du programme, Marie-Mélie Pépin. Elle a assisté au lancement officiel de Sismic et ce fut pour elle, une révélation. « Je me suis dit : c’est ça que ça nous prend. Il faut vraiment faire quelque chose ensemble. » Elle a eu l’intuition que l’économie sociale apporterait une distinction au programme d’enseignement offert.

Marie-Mélie a le Collège Laflèche tatoué sur le cœur depuis longtemps. C’est avec fierté qu’elle en parle : « Notre slogan, c’est le Laflèche à vie. » Avant d’y être enseignante, elle y a été étudiante. Elle a ensuite poursuivi des études à l’Université du Québec à Trois-Rivières en loisir. Aucune surprise lorsqu’elle m’indique son choix de milieu de stage : à la vie étudiante du Collège Laflèche. Son engouement et sa passion pour le loisir sont tels qu’elle soumet une proposition en bonne et due forme au Collège pour démarrer un nouveau programme en loisir. « C’est important de créer de nouveaux projets. Améliorer les choses. C’est important, comme tous les domaines, d’innover, de s’adapter, de s’actualiser. Et ça passe par le développement. »

Concrètement qu’est-ce que fait un technicien en loisir ?

« C’est tellement large, on peut travailler dans plein de milieux : le municipal, le communautaire, l’événementiel, les milieux scolaires, la santé (autant privé que publique). Les gens ne comprennent pas ce qu’on est capable de faire. On se fait toujours dire qu’on est des joueux de ballons. Il faut faire connaître la profession. »  Plus elle m’en parle et plus l’image du technicien m’apparaît tel un couteau suisse social. Marie-Mélie aime la métaphore. « En effet, on le qualifie d’agent de changement, d’agent de liaison, de développeur de talent. Le technicien est tellement en contact avec des gens dans son milieu de vie. C’est une ressource-conseil, une référence. Il entend parler les gens et peut les aider à se rassembler, se structurer et leur donner de l’information pour faire avancer les projets. »

 

Y a-t-il des liens entre le loisir et l’entrepreneuriat collectif ?

On le comprend, par son rôle, le technicien en loisir est un agent qui peut faciliter l’émergence de projets collectifs, mais le lien avec l’économie sociale se dessine encore davantage lorsque l’on parle de son mandat. « Notre but est d’améliorer la qualité de vie des gens. » Cet objectif reviendra à plusieurs reprises dans la conversation. L’importance également de répondre aux besoins de la communauté, de collaborer ensemble pour s’assurer que les services offerts sont adéquats. L’humain est à la base des interventions du technicien. Bref, le technicien intervient par le loisir, auprès de sa communauté.

« On constate qu’il y a plus de nos diplômés qui se partent en affaires. On entend parler qu’il y a plusieurs modèles économiques, mais pourtant, je ne me souviens pas en avoir entendu parler dans mes cours à l’université et au cégep. On ne parlait pas beaucoup d’entrepreneuriat tout court à l’époque. Pourtant, l’entrepreneuriat devrait faire partie intégrante de notre domaine. Minimalement, informer les étudiants de ce qu’est la réalité et pourquoi l’économie sociale est importante dans leur travail et dans la société d’aujourd’hui. Il y a aussi un besoin de démystifier l’entrepreneuriat. Tu n’es pas obligé d’être tout seul quand tu te pars en affaire. »

Des entreprises ont d’ailleurs été créées par des finissants du programme. L’entreprise VégÉcolo est un bel exemple de services collés à la communauté. Ils offrent des produits locaux, un espace de garderie et ont également organisé un événement où les clients pouvaient rencontrer directement les producteurs. Cette entreprise a été cofondée par une ancienne étudiante. Marie-Mélie me parle ensuite de la Ferme du Tarieu. Cette microbrasserie prône les partenariats dans la production de certains de leurs services. Pour terminer, Joey Hébert, un diplômé du programme, avait clairement un profil entrepreneur. Il a d’ailleurs passé à l’émission des Dragons pour son entreprise MOS Racks.

À un moment de l’entretien, nous sommes interrompues par une cliente du café qui a entendu des bribes de notre conversation et qui mentionne à Marie-Mélie à quel point son travail semble vraiment intéressant. En effet, son enthousiasme est contagieux. Pas de doute, cette enseignante engagée est la bougie d’allumage qui permet certainement à la jeunesse de se dépasser et de donner le meilleur de soi.