Sylvie Dupont, Contact, Témiscaming, le 5 mai 2010
La pièce de théâtre « Attention ! 4 chasseurs » roule sa bosse depuis 2001 au Québec et cela ne semble pas vouloir s'arrêter car la troupe amateur en provenance de Petite-Vallée en Gaspésie nous en met plein la vue.
Enfin ! Les femmes ont pu découvrir de quoi les hommes parlent lorsqu'ils se retrouvent entre eux au camp de chasse. Avoir su qu'elles étaient leur sujet de prédilection, elles auraient cessé de se tracasser avec ça depuis longtemps. Si on prend au sérieux les propos des quatre joyeux lurons qui nous ont fait crouler de rire samedi dernier, c'est du moins ce qui en est ressorti.
La troupe se compose de quatre amateurs que je qualifierais de professionnels tellement ils jouent leur rôle avec justesse dans le cadre d'un spectacle bien rôdé. On perçoit sans peine que les interprètes Simon Côté, comptable dans la vie, Jean-Louis Lebreux, retraité de la fonction publique, Ralph Bernatchez, ambulancier, et Camille Brousseau qui a exercé différents métiers après la fermeture de la mine de Murdochville, prennent un grand plaisir à se retrouver ensemble sur la scène.
Le personnage de Roger (Simon Côté) vit en secret un amour virtuel avec la belle Linda et raconte à propos de son mariage qui bat de l'aile : « Les seules fois où il y a une flamme entre nous deux, c'est quand on mange de la fondue ».
Quand à Arthur (Jean-Louis Lebreux), le cuisinier du groupe dont les talents culinaires laissent plus qu'à désirer, il rêve, sans l'avouer aux autres, d'une carrière littéraire. Paulo (Ralph Bernatchez) a un bégaiement si prononcé qu'il doit dire à son chum : KRog. Rog. Rog. ééé, donne-moi cinq minutes, faut que je te parle deux minutes ». À 40 ans, Ti-Luc (Camille Brousseau) vit encore chez sa mère qui l'a adopté comme poteau de vieillesse. On comprend que la situation n'apporte pas que des avantages quand il rapporte les conseils de sa mère après qu'il lui ait présenté sa dernière conquête : « Ti-Luc, marie-toi pas si t'as pas les moyens de divorcer ».
Les comédiens possèdent leur rôle à la perfection, les décors reproduisent fidèlement l'illusion d'être dans le bois et les réparties vives et très drôles fusent de toutes parts. Les quelques chansons humoristiques parodiées par le quatuor ont également fait s'esclaffer la foule à plusieurs reprises.
Les spectateurs ont passé une très agréable soirée en compagnie de ces « pseudo » chasseurs. En ne se prenant pas au sérieux pour deux sous, ils ont réussi à nous embarquer dans leur « trip » de chasseurs du dimanche qui, en douze ans de traque à l'orignal, n'avaient toujours pas abattu leur premier ! Y en a-t-il qui se reconnaissent en ville !