De la broderie qui crée des liens

Sophie Brodeur, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, novembre 2018

Dans le cadre du programme de médiation culturelle de la ville de Saint-Hyacinthe, Caroline Laplante, artiste de la région, a réalisé le projet « Le fil de la conversation » avec des résidentes de la résidence Saint-Hyacinthe, à Douville. Ces dames (et un homme) ont participé à la création d’une robe médiévale pour laquelle elles ont brodé des ornements.

Quand elle a pris connaissance du programme de médiation culturelle, Caroline Laplante a vu là une occasion de créer une expérience intéressante pour des personnes qui, vivant en résidence, ne voient en général que leur famille, le personnel soignant et les autres résidents.

Il n’a pas été facile de trouver une résidence qui désirait s’impliquer. C’est grâce à Kathleen Martin, intervenante au centre de femmes L’autonomie en soiE, organisme associé au projet, que la résidence Saint- Hyacinthe a accueilli son projet d’activité à bras ouverts.

 

Le plaisir retrouvé de la broderie

Madame Laplante axe ses pratiques artistiques sur les rencontres et le but de son projet était la transmission et le partage des connaissances. Certaines des participantes, âgées de 85 à 98 ans, avaient une expérience de broderie qui, souvent, datait d’environ 70 ans. Plusieurs d’entre elles avaient brodé leur trousseau, la broderie était à l’époque l’activité frivole de la journée…

Accompagnée de deux bénévoles et d’une représentante de la ville de Saint-Hyacinthe, madame Laplante a supervisé les séances de broderie qui devaient initialement durer quatre semaines, à raison de deux heures par semaine.

Les propriétaires de la résidence, Chantal Demanche et Julie Halde, ainsi que les participantes ont tellement aimé cette activité qu’elles ont voulu la prolonger. Caroline Laplante a donc été engagée par la résidence et a continué à venir broder avec les dames durant tout l’été. Pour faire écho à la saison, elles ont alors brodé des fleurs.

 

Fierté et reconnaissance

Quand le projet initial de médiation culturelle a pris fin, il y a eu une exposition qui a duré une semaine à la résidence. À l’occasion du vernissage, du mousseux et des bouchées ont été servis. Les participantes vivaient une grande fierté devant le travail qu’elles avaient accompli et qu’elles montraient à leurs proches.

Ensuite, la robe médiévale ornée de ses broderies a été exposée durant tout l’été au centre Humania. Après le projet de broderie de fleurs, il y a encore eu une exposition, puis les broderies ont été remises aux participantes. Elles sont fières de montrer leurs réalisations à leurs familles.

 

Une participation qui ouvre des possibilités

L’atmosphère des séances de broderie est solennelle. Les participantes sont concentrées, elles s’appliquent à leur travail, elles y mettent du cœur. Des résidentes qui ne peuvent pas broder à cause de l’arthrose ou d’une vision insuffisante viennent jaser, regarder, aider. Le fil de la conversation se brode point par point, échange par échange.

L’expérience, réellement enrichissante, s’est poursuivie tout l’automne et continue jusqu’à Noël. Selon Chantal Demanche, cette activité stimule les résidentes, elle les amène à se raconter, à créer des liens, et à s’ouvrir aux autres.

Dans son projet, Caroline Laplante a réussi à créer, au-delà des broderies, un réel « fil de la conversation ». Quand on connait l’importance des liens qui nous unissent aux gens qui nous entourent, on constate qu’il s’agit d’un art qui fait beaucoup de bien.