Sylvain Ladouceur, L’Écho de Cantley, août 2011
Depuis le début de ma carrière et depuis le temps que je gravite dans le milieux communautaire, artistique, sportif et philanthropique, j'entends, à répétition, une phrase qui me fait dresser les cheveux, soit : "Nous sommes juste au communautaire"
Je me permets donc de faire une petite montée de lait, polie, afin de nous aider à remettre les choses en perspectives et à apprécier notre travail à sa juste valeur. Plusieurs acteurs du communautaire se comparent aux gens d'affaires et aux grandes entreprises de ce monde et se permettent de se dévaloriser face à eux. Pourquoi ? Ils ont de l'argent et nous n'en avons pas. Oui, je vous l'accorde, l'argent mène le monde, mais il importe de nous arrêter, quelques instants, pour "calculer" l'impact économique de nos actions.
Dans nos organismes, nous travaillons avec des gens, avec l'humain, et à mon avis, une vie n'a pas de prix. Toutefois, quand nous appuyons ou guidons un individu à améliorer sa qualité de vie, à prendre confiance, à régler certaines problématiques, nous l'appuyons aussi à devenir un citoyen actif. Cet individu contribuera à la communauté, à la société, tant au niveau social qu'au niveau économique.
Le fait que cette personne se porte mieux et qu'elle soit active dans la société se répercute positivement sur chacun d'entre nous. Moins de dépendance envers l'état, moins de coûts en santé, moins de criminalité. Plus d'apport économique, plus grande contribution à l'état dans le cadre d'un nouvel emploi, plus de capacités parentales, plus d'apports positifs dans sa communauté. Etc. Etc. Etc. La somme de tous ses impacts est énorme et vaut autant, sinon bien plus, que tous les profits qui peuvent être réalisés par les grandes entreprises et leurs dirigeants.
Bien sûr, l'un de va pas sans l'autre. Un grand bénévole avec qui j'ai eu le plaisir de travailler, un homme d'affaires grandement respecté, soit Monsieur Raymond Brunet*, président de Ed Brunet et associés, nous avait dit, qu'à son avis : "Le développement économique est impossible sans le développement social et que le développement social est impossible sans le développement économique." Que c'est vrai ! Il faut, pour bâtir une société, plusieurs composantes-clés et les acteurs du communautaire et de la philanthropie font partie des piliers du développement social et économique. L'impact de notre travail va bien au-delà de la cuisine collective, de la bourse d'étude, du groupe d'entraide,. L'impact de notre travail est étroitement relié à la capacité d'une société ou d'une communauté à se prendre en main, à se développer et à être fière et confiante.
Je nous invite donc à prendre notre place et à être fiers de ce que nous accomplissions, quotidiennement, souvent à la sueur de notre front et par vocation beaucoup plus que pour la paie. Imaginez-vous, un instant, si tous les organismes sans but lucratif disparaissaient, du jour au lendemain, quel impact ça aurait sur notre pays, sur notre économie. Quoi qu'on puisse en dire, nous sommes chanceux, au Canada, de pouvoir compter sur un tissu social fort, mené à bout de bras par des gens engagés, permanents ou bénévoles. Soyons-en fiers !
Alors la prochaine que vous entendez quelqu'un dire que "c'est juste le communautaire", faites-nous tous une faveur et recadrer son discours afin de lui faire valoir toute la force de notre secteur.