Marc Simard, Le Mouton Noir, Rimouski, juillet-août 2018
Le mercure indique 38 degrés Celsius. Il fait plus chaud qu’hier mais moins que demain selon les bonzes de la météo. Avec cette chaleur, une salade et un sandwich suffiront pour souper. Ah, mais j’ai de la viande dans le frigo qui va se perdre. Bah, ce n’est pas la fin du monde.
Bon an mal an, au Canada, près de 40 % de la nourriture produite est perdue. Le citoyen est responsable de 47 % de ce gaspillage. Des fermes à la cuisine familiale, en passant par les centres de distribution et les épiceries, des millions de tonnes d’aliments se retrouvent au dépotoir.
En novembre 2017, le gouvernement du Québec tenait un sommet sur l’alimentation qui a mené, un an plus tard, en avril dernier, à la Politique bioalimentaire 2018-2025. Pour une fois, Québec semble avoir pris ses responsabilités et y a même octroyé une enveloppe de cinq milliards de dollars sur cinq ans. Le but premier de cette politique : mieux répondre aux attentes des consommateurs tout en soutenant mieux les entrepreneurs et les organismes œuvrant dans ce secteur.
Pour ce faire, elle vise sept cibles jugées ambitieuses et déterminantes pour l’avenir du secteur bioalimentaire :
- Investir 15 milliards en production agricole et aquacole, dans les pêches et en transformation alimentaire;
- Accroître de six milliards les exportations bioalimentaires internationales du Québec;
- Ajouter dix milliards de contenu québécois dans les produits bioalimentaires achetés au Québec;
- Augmenter la part des entreprises agricoles et de transformation alimentaire québécoises ayant implanté des pratiques d’affaires responsables;
- Doubler la superficie en production biologique;
- Augmenter de 52 % à 70 % la part des volumes de produits aquatiques québécois écocertifiés;
- Améliorer la valeur nutritive des aliments transformés au Québec.
C’est un bon début. Mais le problème du gaspillage alimentaire demeure. On le sait, certaines épiceries commencent à donner leurs invendus à des banques alimentaires. Certaines études soutiennent même que les surplus de production qui sont jetés pourraient nourrir la planète plus que décemment.
«Fait moins connu, on estime que le tiers des pertes se produit avant même que les aliments quittent la ferme. Les raisons de ce gaspillage à la source sont multiples et variées : les denrées peuvent être laissées au champ parce qu’elles ne se conforment pas aux standards des industries de la transformation et de la distribution (esthétique, poids, calibre), parce que la fluctuation du prix des aliments sur les marchés mondiaux rend une récolte non rentable ou encore en raison d’une « surproduction planifiée » visant à pallier les risques de mauvaises récoltes. Chez les particuliers qui ont un jardin ou qui cultivent des espèces fruitières, les pertes peuvent survenir lorsque la production excède les besoins ou les capacités de récolte… ou tout simplement pour cause de vacances estivales.»(1)
Et les solutions?
Encore une fois, la solution ultime doit passer par une prise de conscience collective. Actuellement, on a l’impression que ce sont toujours les mêmes militants qui comprennent le problème. Il faut des campagnes d’information mais aussi et surtout des propositions concrètes pour que chaque citoyen ou citoyenne puisse poser des gestes faciles et accessibles. Que les bottines suivent les babines finalement.
- Mathieu Boyd, « Cinq ans de Fruits Partagés… et du vent dans les voiles! », Le Mouton Noir, juillet-août 2018.