Jean-Pierre Lamonde, Au fil de la Boyer, Saint-Charles-de-Bellechasse
Il y a quelque temps, l’archevêque de Québec, Mgr Lacroix, à réuni les personnes engagées dans la grande paroisse Saint- Benoît-de-Bellechasse pour leur apprendre que non seulement leur curé, l’abbé Rosaire Gagné, allait bientôt prendre sa retraite, mais aussi les curés des paroisses au sud de Bellechasse (Sacré-Coeur-en-Bellechasse) et dans Les Etchemins (Sainte-Kateri-Tekakwitha).
Du même coup, il annonçait qu’il ne pourrait pas nommer un curé dans chacune des paroisses, mais un curé pour les trois. Jolie surprise ! Il s’agit d’un territoire où il y avait jusqu’à l’an dernier 29 paroisses. La raison est qu’il n’y a plus suffisamment de prêtres. Bravo pour le changement, me direz-vous! Mon voisin dans le banc à Saint-Henri, ce soir-là, me dit: me semble que c’était mieux avant. Hélas, nous ne pourrons reculer dans le temps.
Pour la grande majorité des gens ne fréquentant pas l’église, la décision de l’archevêque ne change pas grandchose. Pour ceux qui fréquentent un peu ou beaucoup, cela signifiera bientôt moins de messes dominicales et un peu plus de célébrations de la Parole, moins populaires à ce moment-ci. Pour ceux que l’avenir de l’église, bâtiment patrimonial au coeur du village, préoccupe un tant soit peu, cette information de l’archevêque rend encore plus précaire l’avenir de l’église, puisqu’elle annonce une moins grande utilisation de celle-ci d’année en année. Cela s’ajoute au vieillissement des personnes qui viennent à l’église.
En 1991, La Boyer osait prédire, dans un article, que l’église serait à vendre en 2010. On s’inquiétait alors de l’avenir du vieux couvent dont personne ne semblait vouloir. Au lieu de se regrouper, chaque projet s’organisait dans son coin, avec ou sans subvention, et l’utilisation du couvent devenait de plus en plus improbable. On se disait que ce serait, à un moment donné, la même chose pour le presbytère et pour l’église. Heureusement, les astres se sont alignés et deux bâtiments patrimoniaux ont été récupérés pour être utilisés par l’école d’une part, et par la municipalité d’autre part. Il restait l’église.
En 2010, trois rencontres animées par l’agent culturel de la MRC ont été tenues avec des citoyens du milieu afin d’imaginer de nouveaux usages à l’église. Une douzaine de propositions ont alors été soumises, mais il n’y eut pas de suites concrètes. Nous voilà en 2018. L’église est bien entretenue, chauffée 24 heures par jour en saison froide, et elle sert généralement moins d’une heure par semaine. Fort heureusement, il y a une assez bonne assistance à Saint-Charles, sauf lors des célébrations de la Parole, et les gens sont généreux lors des campagnes de financement.
Une église intacte et vide
De nombreuses rencontres ont été tenues en Bellechasse ces dernières années avec les responsables des Fabriques et des municipalités dans le but d’inciter ces organisations à travailler ensemble pour trouver de nouveaux usages pour les églises, tout en conservant la possibilité qu’il y ait aussi des offices religieux. Certaines personnes croient que les autres églises vont fermer et que la leur va survivre. Le problème, c’est que, dans toutes les municipalités, on pense la même chose là-dessus. Si nous tenons à ce que rien ne change, nous condamnons la collectivité à avoir une église belle et intacte, mais désertée et inutile.
Transformée, magnifique et utile!
Il y a un mot d’ordre tacite au niveau de la sous-région qui est le suivant: si une localité trouve un deuxième usage pour son église, il faut qu’elle le considère et rapidement, car cela ne se présente pas souvent. Les projets d’adaptation et de transformation des églises pour de nouveaux usages ont généralement donné des résultats exceptionnels. En Bellechasse, c’est possible, à Saint-Charles aussi. Les responsables de la Fabrique, de l’église et de la municipalité ont commencé à échanger.Tous les partenaires sont ouverts; les temps sont venus, il faut faire quelque chose de bien, chez nous, afin de garder longtemps une église magnifique, et utile au plus grand nombre. À suivre.