Vous croyez que les élections municipales n’ont rien changé à Saint-Hyacinthe? Détrompez-vous! Tout porte à croire que durant les quatre prochaines années, la parole citoyenne sera mieux entendue et respectée.
Le maire Claude Corbeil a gagné ses élections, certes, mais il s’attendait sûrement à une plus forte majorité. La candidate Chantal Goulet, peu connue et sans réels moyens financiers, a tout de même récolté plus de 40% des votes. C’est beaucoup dans les circonstances.
Ça fait pas mal de gens mécontents, assez pour faire réfléchir celui qui pensait remporter la mise les doigts dans le nez.
Ce dernier a profité de son passage obligé à la Chambre de commerce pour rectifier le tir et livrer sa nouvelle vision de l’administration municipale.
D’abord, il a donné un grand coup. Exit la tour de 15 étages érigée au centre-ville sur le bord de la rivière. Pourtant, il y tenait mordicus. Même en campagne électorale, il gardait le cap, faisant fi de l’opposition citoyenne déjà manifestée à plusieurs occasions et de diverses manières : interventions aux séances du conseil, pétition et lettres ouvertes.
Or, la grogne était plus profonde et plus contagieuse qu’on croyait. Au point d’éjecter de son siège la conseillère du secteur et de miner la propre popularité du maire.
Le message était clair : si tu veux gagner la prochaine élection, mon homme, il faudra écouter véritablement la parole citoyenne. La soirée organisée avec les promoteurs de Réseau sélection avait été un simulacre de consultation : le projet était déjà ficelé.
Les rencontres citoyennes
Les consultations qui s’amorcent en avril seront d’un tout autre ordre. Annoncées également devant le parquet privilégié de la Chambre de commerce, les « rencontres citoyennes » se dérouleront jusqu’en juin. Tous les secteurs de la ville auront la visite du maire en personne, accompagné du conseiller ou de la conseillère du district.
« Nos citoyens veulent être consultés et entendus et nous souhaitons leur donner plus d’occasions de nous partager leur point de vue » a dit Claude Corbeil. Le message des électeurs était passé.
Et ce n’est pas un hasard, à mon avis, si le premier secteur visité fut le district Christ-Roi. C’est là que le foyer de contestation avait été le plus ardent. Le maire était accompagné du nouveau conseiller Jeannot Caron qui s’opposait au projet de Réseau Sélection et qui a gagné son élection, délogeant ainsi Sylvie Adam qui siégeait au conseil depuis une vingtaine d’années.
Bien sûr, le projet insensé de la grande tour avait déjà fait des dégâts. Comme, par exemple, les achats successifs d’immeubles à logements abordables pour en faire des stationnements. Mais le maire a dit qu’il avait eu sa leçon : finies les décisions unilatérales d’importance sans consultation populaire.
Et le centre-ville, semble-t-il, sera la première démonstration de la nouvelle administration municipale, version « à l’écoute ». Toujours lors de son allocution à la Chambre, le maire a déclaré qu’il y aura une étude d’impact sur la santé des résidents : une proposition citoyenne qui avait pourtant été rejetée du revers de la main par l’ancien conseil. Le centre-ville fera également l’objet d’un programme particulier d’urbanisme (PPU) incluant évidemment une préoccupation culturelle importante.
À l’évidence, la campagne électorale de 2017 aura changé bien des choses. À commencer par une oreille plus attentive des élus pour la parole citoyenne. Tout en gardant on œil, bien entendu, sur l’élection de 2021…