Daniel Pezat, Le Reflet du canton de Lingwick, septembre 2010
Un homme à l’heure de la vieillesse regarde sa vie, les jours passés et ceux comptés qu’il lui reste. Toujours, il a voulu se tenir debout. Tenace face aux épreuves, heureux d’un lever de soleil, déçu de la bêtise humaine. Comme un long poème, son existence semblable à celle de tant d’autres aura été finalement une quête de la joie de vivre, de la beauté des choses.
Il a connu la méchanceté, les yeux plissés de la méfiance et les visages flasques des gens sans opinion. Il a vu des mains tendues, souvent ouvertes, parfois fermées. Des mains qui sont devenues des poings levés. Il a vu les frontières de barbelés, la faim et la misère mais toujours, il a regardé plus loin du côté du cœur, du côté de la beauté. Il a contemplé des cieux gris ou bleus des bords de la mer. Aimé les filles en jupes dans la lumière de l’été, le sourire de l’amitié, le chant d’un oiseau ou un voilier qui rentre au port.
Au-delà des sanglots et des cris de colère des humains apeurés. Loin du bruit de la ville, de ces chantiers, des sirènes des policiers et des sacres des éboueurs. Il a connu la guerre que font des enfants encouragés par des aînés assassins. Loin de tout, aujourd’hui, il écoute le calme de sa campagne, le murmure du ruisseau, le chant de la tourterelle à l’aube d’un jour de printemps. Il entend son sang qui coule dans ses veines, le bruit de la terre dans un crépuscule rougeoyant. Dans le silence de l’hiver, il sent la vie qui court en lui. La vie est là!
Quand il y a de la vie, il y a de l’espoir. Tant que nous avons de l’espoir, nous gardons notre volonté et nos pensées tournées vers demain. L’espoir nous donne le courage pour retrousser nos manches et faire de notre mieux ! L’espoir n’a jamais rien arrangé comme par magie. Il y a des choses et des gens qui sont irremplaçables. Il est important de préserver notre capacité d’accepter ce que nous ne pouvons pas changer. Les leçons que nous retirons de nos bons coups comme de nos erreurs n’ont pas de prix. Ce sont les expériences d’une vie.
Avoir foi en la Vie. Ce n’est pas uniquement croire que tout s’arrangera, mais savoir que tant que nous nous efforcerons de bien faire ce que nous avons à faire, tant que nous chercherons à nous améliorer et tant que nous serons les bâtisseurs et non destructeurs, nous pouvons être certains qu’il y a quelque chose de bien à venir. Sachant qu’il y aura une amélioration dans notre vie, nous pourrons en faire bénéficier les gens qui nous entourent. L’espoir et la fois en la Vie pourront toujours avec notre aide, déplacer des montagnes !
Notre joie de vivre n’a rien à voir avec les circonstances. C’est une chose que nous décidons à l’avance. Que nous aimions ou non ce que nous faisions ne dépend ni des gens ni du lieu, mais de la façon dont nous organisons notre propre pensée. Aimer la vie, c’est décider de l’aimer. Le bonheur est une décision que nous pouvons prendre chaque matin. Nous avons le choix. Nous pouvons passer la journée au lit à nous plaindre des choses qui ne vont pas à notre goût, ou nous lever et profiter de celles qui vont bien.
Chaque jour est un cadeau, aussi longtemps que nous pourrons respirer. Nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons accomplir pendant chaque nouvelle journée. Malgré l’usure du temps, nous réjouir de tous les événements heureux que nous avons accumulés au long de notre existence, de façon à pouvoir profiter de ces souvenirs plus tard. La vie est comme un compte de banque. On n’en retire que ce qu’on y a accumulé. Il faut y amasser le maximum de petits bonheurs, éviter d’y verser chagrins et peurs, vivre simplement, donner plus, attendre moins.
La vie est à la fois la chose la plus rationnelle et la plus irrationnelle qui existe. On crée la vie en s’accouplant. On peut la perdre aussi vite que nous l’avons reçue. On ne décide pas de naître. La nature a ses raisons. Ou bien est-ce le cœur ? Si nous n’avons pas décidé de naître, pourquoi vivons-nous ? Pourquoi faire de notre vie la meilleure chose possible ? La vie est gratuite. Nous pouvons en faire ce que nous voulons. Nous n’avons de comptes à rendre à personne. On ne peut refuser la vie puisqu’on est forcé de naître. Comme on ne peut l’échanger et encore moins la rendre, on essaye d’en faire simplement le meilleur usage.