Jocelyn Sheink, Aux quatre coins, Ascot-Corner, mai 2017
Nous sommes tous souvent sollicités pour faire du bénévolat. Que ce soit à l’occasion d’une fête ou encore pour un évènement caritatif quelconque, c’est toujours quand on s’y attend le moins que l’on nous approche.
Pas plus tard que la semaine dernière, alors que je suis dans la douche, la tête recouverte de shampoing, ça sonne à la porte. Bien évidement j’ai oublié de me sortir une serviette, me v’là tout nu dans le passage à la course pour attraper une serviette sans être vu. Je réponds enfin à la porte. C’est monsieur Chevalier qui me demande si je suis disponible pour arbitrer la célèbre course de boîtes à savon sur neige qui a lieu chaque année. En février dernier, à l’occasion de la Saint-Valentin, je mange tranquillement au restaurant avec mon amoureuse. Me voilà en train de lui expliquer pourquoi il y a du rouge à lèvres sur mon col de chemise quand un gentil monsieur, que je connais à peine de vue, s’approche de notre table pour me demander : « Aie Jocelyn, as-tu un peu de temps pour nos jeunes? Ils ont besoin d’une mascotte lors du lav-o-ton organisé pour amasser des fonds pour leur voyage sur Mars ». Deux jours plus tard, alors que j’attends sagement à la lumière de circulation du village tout en effectuant des recherches archéologiques dans mes orifices nasaux à la quête d’un quelconque trésor perdu, un véhicule voisin klaxonne.
Son propriétaire me fait signe de baisser ma vitre et me demande : « Bonjour M. Sheink, à l’âge d’or nous organisons un salon de la mariée. Seriez-vous capable de nous donner un coup de main, nous avons besoin d’hommes célibataires pour un grand mariage multiple? » Un autre tantôt, je suis en train de tester la toilette chimique que nous venons de louer pour l’été quand ça cogne dans la porte. Sans attendre quelqu’un m’explique que Les Petits Chanteurs du chœur de la très Sainte Flanelle du village se cherchent un castrat! « Serais-tu disponible? Ça demande juste une petite opération de rien du tout ».
Bon vous allez surement trouver que je suis en demande, mais ce n’est pas là mon plus grand problème. Ce qui me cause le plus de désagrément c’est mon incapacité à dire non. C’est pourquoi l’hiver prochain, vous auriez pu me voir, déguisé en savon poilu, accompagné de ma nouvelle femme de cinquante ans mon aîné, pour donner le départ de la course de boîtes à savon avec ma voix de soprano colorature (castrat). Heureusement, une âme charitable du conseil d’administration du journal Aux Quatre Coins m’a approché pour connaître mon intérêt à apporter mon humble contribution au journal. J’ai donc, sans aucun remords, laissé tomber toutes mes autres implications pour me consacrer au Journal. C’est donc avec le plus grand des plaisirs que je servirai cette belle institution au meilleur de mes aptitudes. Souhaitant que celle-ci perdure et continue à nous informer au sujet de notre belle et vivante communauté.