Si les cuisines collectives encouragent l’autonomie alimentaire, c’est qu’elles ont un impact direct sur la facture d’épicerie.

L’autonomie alimentaire, encore une affaire de femmes ?

Gabrielle Brassard-Lecours, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, le 4 avril 2017

La Moisson maskoutaine est surtout connue pour ses services de dépannage alimentaire. Pourtant, elle remplit une autre mission essentielle : aider sa clientèle à développer son autonomie alimentaire. Et ce sont surtout les femmes qui en profitent.

Depuis plusieurs années, l’organisme tient des ateliers de cuisine collective pour les personnes seules ou les familles à faibles revenus. Son objectif ? Rendre sa clientèle autonome pour qu’elle n’ait plus à faire appel aux services de dépannage ou aux banques alimentaires.

« On se rend compte que toute une génération n’a pas appris à aimer cuisiner et à prendre le temps, à reconnaître les aliments bons pour la santé et à savoir les apprêter », déplore Claudine Gauvin, directrice générale de la Moisson maskoutaine.

En plus d’enseigner la cuisine de base, la Moisson leur apprend comment mieux manger à meilleur coût : profiter des soldes, cuisiner en grande quantité, éviter les mets préparés et acheter en groupe pour réduire la facture d’épicerie. Elle propose des recettes simples et faciles à reproduire à la maison.

 

Les femmes, gardiennes de l’alimentation

Si quelques hommes fréquentent les cuisines collectives, les femmes sont largement majoritaires, car elles sont toujours responsables de l’alimentation dans la plupart des familles. « La nourriture reste encore un domaine très lié aux femmes. La cuisine, c’est encore l’affaire des femmes dans les maisons », remarque Claudine Gauvin.

La directrice de la Moisson observe que plus de femmes font appel aux banques et au dépannage alimentaires pour s’approvisionner en aliments frais. « Les hommes préfèrent aller dans les soupes populaires plutôt que dans les banques et les ateliers de cuisine », constate-t-elle.

 

La directrice s’explique cette tendance par le fait que plus d’hommes sont seuls, sans famille, et vivent souvent en chambre ou en colocation, des situations moins propices pour cuisiner. De plus, les femmes ont souvent la garde des enfants, ce qui les inciterait à apprendre à cuisiner pour les nourrir sainement. Malgré tout, Claudine Gauvin remarque qu’un plus grand nombre d’hommes commencent à s’ouvrir aux cuisines collectives depuis la naissance de l’organisme, qui célèbre cette année ses 15 ans.

 

Une façon d’économiser

Si les cuisines collectives encouragent l’autonomie alimentaire, c’est qu’elles ont un impact direct sur la facture d’épicerie. « De nos jours, on va souvent vers la facilité, vers des plats tout faits. C’est cependant coûteux pour les familles avec des enfants, alors que les salaires ne suivent pas nécessairement. Gaspiller la nourriture a aussi un coût. Il y a donc des économies à faire en apprenant à cuisiner », soutient Claudine Gauvin.

Selon elle, le manque de connaissances culinaires découle du rythme de vie : les gens travaillent de plus en plus, sans prendre le temps de manger, de cuisiner, de discuter à table, préférant les repas sur le pouce. « Manger doit devenir prioritaire pour que les familles puissent s’alimenter sainement. La clé de l’autonomie, c’est vraiment de savoir cuisiner », dit-elle.

 

Un rôle essentiel

Bon an, mal an, l’organisme vient en aide à plus de 200 personnes. Autant d’occasions de promouvoir le plaisir de mieux s’alimenter.