Paul-Henri Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, février 2017
Ainsi la Ville de Saint-Hyacinthe s’apprête à démolir trois édifices du centre-ville pour agrandir un stationnement. Dehors les résidents, faut qu’on stationne!
Bien sûr, il se trouve des gens pour applaudir l’initiative, notamment sur les réseau sociaux. « C’est juste parfait! Bye bye les vieilles (sic) immeubles de pauvres! », « De vrais cambuses, jeter ça par terre n’est pas une mauvaise chose » a-t-on pu lire sur Facebook.
On oublie cependant qu’il y a des personnes réelles qui vivent là, des familles, des jeunes. Les trois bâtiments de deux étages abritent 11 logements. Ce n’est pas rien.
On m’a dit que l’une des locataires, une étudiante, avait fondu en larmes lorsqu’elle a appris son avis d’éviction. On m’a aussi dit qu’une demi douzaine de résidents s’adresseraient à la Régie du logement pour contester cette décision. Se faire mettre à la rue n’est pas sans conséquences.
D’autant plus que d’après un expert, deux des trois maisons sont en très bon état. Et les loyers sont très abordables, comparables à ceux demandés dans une coopérative d’habitation, par exemple.
Or, la Ville fait affaire avec les propriétaires, pas avec les locataires. On offre le gros prix pour acquérir leurs propriétés… simplement pour les démolir. Pour quoi? Pour une trentaine de places de stationnement. De plus, les organismes communautaires concernés n’ont pas été consultés.
On semble se foutre pas mal des résidents qui devront se reloger, bien que l’on ait confié la tâche à l’Office municipal d’habitation pour les aider. On se conforme simplement à la loi qui l’exige dans de telles circonstances.
Pendant ce temps, on parle de construire une grande tour de 15 étages avec 260 logements pour les personnes âgées. Où? Dans un stationnement du centre-ville.
Le projet est alléchant pour la Ville puisqu’on densifierait la population de ce secteur avec des gens théoriquement à l’aise financièrement. On doit saliver à l’idée de voir arriver un riche promoteur et les taxes qui viennent avec. Mais le problème, c’est qu’on ne gère pas un centre-ville historique comme un parc industriel. C’est d’abord un milieu de vie.
Si le projet est accepté, faudra-t-il démolir d’autres maisons pour remplacer ces espaces de stationnement perdus? Se trouvera-t-il des élus municipaux qui auront la sensibilité de penser d’abord aux résidents?
La problématique du stationnement au centre-ville ne date pas d’hier. Je me souviens qu’au début des années 80, alors que Clément Rhéaume était maire, on parlait déjà d’un stationnement à étages dans ce secteur. Le projet n’a jamais levé…
Bien sûr, la pression des commerçants auprès des autorités municipales doit être forte. On veut que la « clientèle » ait des places pour se garer… et consommer. Mais la démolition des maisons est-elle la seule solution?
L’ajout des horodateurs dans les différentes artères du centre-ville n’a certes pas amélioré la situation. Elle l’a empirée à mon avis.
Chose certaine, ce n’est pas en bouleversant la vie des familles, en les forçant à déménager, qu’on améliore la qualité de vie des Maskoutains.