Real Boisvert, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, février 2017
Le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT) vient de mettre au point un nouvel indice de vitalité des territoires. Cet indice a été calculé à partir du pourcentage de travailleurs de 25 à 64 ans, du revenu médian de la population de 18 ans et plus et du taux d’accroissement annuel de la population sur une période de cinq ans. Le score obtenu à partir de ces trois dimensions permet de positionner les 41 municipalités de la Mauricie sur l’ensemble des 1100 localités du Québec.
Même si à première vue Trois-Rivières, St-Maurice, St-Boniface et Champlain s’en tirent relativement bien, 31 municipalités sur 41 présentent un indice négatif. Onze municipalités de la région se trouvent en queue de peloton, dont Shawinigan au 877e rang, et Notre-Dame-de-Montauban qui ferme la marche au 1078e rang. À l’exception de la MRC Les Chenaux, les autres MRC de la Mauricie montrent elles aussi un indice de vitalité négatif. À ce titre, Trois-Rivières, Maskinongé, La Tuque, Mékinac et Shawinigan occupent respectivement les 80e, 88e, 90e, 98e rangs sur un total de 101 MRC et agglomérations municipales du Québec.
Rappelons-nous que le territoire de la Ville de Trois-Rivières est loin d’être homogène. Selon d’autres sources, sur la soixantaine de paroisses ou d’unités de voisinage de la ville, plus du tiers font partie des communautés les plus défavorisées de la région.
Au bout du compte, tous ces chiffres nous ramènent au même constat : mis à part quelques îlots de prospérité, la Mauricie reste à la traîne sur le plan de l’emploi, des revenus et de la démographie.
« La problématique de la dévitalisation constitue un phénomène structurel et non pas une affaire sporadique. »
Cela étant, comme le précise le MAMOT, l’indice de vitalité servira à moduler la répartition des montants de 5 M $ et de 15 M $ qui seront respectivement ajoutés au Fonds de développement des territoires en 2018 et 2019. Fort bien, à ce chapitre, la Mauricie aura sa quote-part. Là n’est toutefois pas la question. Notre région vaut plus et elle ne peut se contenter d’être à la solde d’une péréquation d’appoint! Une telle mesure, au demeurant, n’incite pas les parties concernées à s’entendre sur les bases d’un développement concerté, mais les invite plutôt à se débrouiller toutes seules, chacune de leur côté.
La problématique de la dévitalisation constitue un phénomène structurel et non pas une affaire sporadique. Et c’est à ce niveau qu’il faut la considérer, en remettant à l’ordre du jour les principes élémentaires du développement collectif. Il est vrai que les moyens pour appliquer ces principes ont été cavalièrement écartés dans la foulée des mesures d’austérité qui ont conduit au démantèlement des instances de concertation et de mobilisation régionales. À charge de revanche, il faut cependant se redonner des outils communs pour s’attaquer à nos problèmes ensemble et de façon globale, et non pas à la pièce.
Puisque 2017 est une année électorale municipale, il serait heureux de voir émerger dans nos municipalités des leaders aptes à s’élever au-dessus de la mêlée et capables de démontrer que la vitalité locale ne se porte jamais mieux – et pour le dire autrement – que lorsqu’elle s’appuie sur l’action organisée des interdépendances.