Tout laisse à croire que nous assisterons prochainement à la fusion des villes de Shawinigan, Grand-Mère et Shawinigan-Sud.

Shawinigan, Grand-Mère et Shawinigan-Sud bientôt fusionnées ?

Luc Dufresne, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, janvier 2017

On sait désormais qu’il y aura au sud de la région une grande ville qui regroupera Trois Rivières, Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières-Ouest, Ste-Marthe-du-Cap et, possiblement, St Louis de France et Pointe-du-Lac. Au Centre-de-la-Mauricie, les décisions ne sont pas encore prises mais on voit mal comment la ministre des Affaires municipales dérogerait à la ligne de conduite qu’elle a suivie partout ailleurs au Québec et qui consiste à effectuer les regroupements les plus vastes possible.

D’ailleurs, les gens du Centre-de-la-Mauricie, qui ont toujours eu le souci de s’affirmer face à la capitale régionale, se retrouveraient, à cet égard, en position de faiblesse s’ils ne disposaient pas d’une grande municipalité élargie capable de faire contrepoids à la nouvelle ville de Trois-Rivières. On peut donc s’attendre, sans être présomptueux, à assister, à brève échéance, à la création d’une ville regroupant, à tout le moins, Shawinigan, Grand-Mère et Shawinigan-Sud.

À court terme, de telles réorganisations municipales nécessitent surtout des ajustements et des adaptations faciles à identifier sinon à réaliser, alors que les bénéfices qu’elles sont susceptibles de procurer sont plutôt de l’ordre du long terme et plus difficiles à préciser. Il y a sans doute là un facteur qui explique, en partie, l’opposition qu’elles ont provoquée. C’est ainsi qu’il faut changer des noms de rues pour éliminer des dédoublements, intégrer les cadres et le personnel de diverses provenances dans une nouvelle administration, opérer un réarrangement des organisations syndicales, harmoniser différentes conventions collectives, pondérer des actifs et des dettes avec des charges fiscales de façon équitable pour l’ensemble des citoyens de la nouvelle entité, etc. Il y a là des défis importants et délicats qu’il faut relever sinon on risque de n’avoir que transposé sur un nouveau terrain des tiraillements et des conflits que la réorganisation municipale avait précisément pour objectif de faire disparaître.

La responsabilité d’amorcer la transition vers la nouvelle ville de Trois-Rivières a été confiée aux maires des municipalités impliquées, aidés d’un conciliateur. On imagine que c’est la même formule qui sera éventuellement retenue dans le cas du Centre-de-la-Mauricie. Quoi qu’il en soit, les gens qui seront chargés de cette mission devront non seulement envisager les problèmes d’intendance et d’administration engendrés par la création de la nouvelle ville, mais également esquisser les assises du fonctionnement ainsi que du rôle des nouveaux ensembles urbains. Le projet de réorganisation municipale n’a pas, en effet, simplement comme objectif d’amalgamer dans un nouvel emballage des responsabilités et des tâches traditionnelles mais, surtout, d’insuffler un nouveau dynamisme dans les agglomérations urbaines québécoises. Cependant, forger une nouvelle culture est une entreprise plus exigeante que de voter des budgets pour paver des rues ou décider de rénover un système d’aqueduc, toutes respectables et indispensables que soient ces dernières responsabilités.

Dans son rapport intitulé Miser sur la solidarité, M. André Thibault, le mandataire chargé de faire des recommandations sur la réorganisation municipale dans la MRC de Francheville, consacre quelques pages à la question «Qu’est-ce qu’une ville au Québec en l’an 2001?». Il est, semble-t-il, le seul mandataire nommé par la ministre des Affaires municipales qui ait ainsi assorti ses recommandations d’éléments de cette nature. Il faut dire que M. Thibault a une vaste expérience de participation à des organismes publics et parapublics et que, comme professeur au département de récréologie de l’UQTR, il s’intéresse tout particulièrement aux questions de participation et d’implication des gens et des citoyens dans leur milieu. Mais, l’essentiel de son mandat ne portant pas sur cette question, il s’est contenté, dans son rapport, d’une présentation très sommaire de ses idées sur le sujet. Cependant, il a bien voulu répondre à nos questions afin d’alimenter la réflexion des citoyens qui seront affectés par la réorganisation municipale dans notre région.