Benoît Gaucher, Échos Montréal, Montréal, novembre 2016
Les Montréalais sont habitués à zigzaguer au travers du jeu de piste grandeur nature que dressent les fameux cônes orange délimitant les innombrables zones en travaux. La seule vue de ceux-ci leur fera probablement exprimer un soupir de résignation tellement sont-ils blasés par cette interminable valse. Que l’on soit piéton, cycliste ou automobiliste, difficile d’échapper à ce dédale d’obstacles. Le trajet pour se rendre à Montréal est en temps normal déjà relativement considérable pour les résidents des régions alentour, mais avec le facteur des chantiers, cela devient cauchemardesque. Du jour au lendemain, des rues deviennent à sens unique, ajoutant à la complexité de se rendre à l’heure au travail.
Malheureusement, l’avenir semble encore plus sombre concernant ce dossier. Dernièrement, Le journal de Montréal informait ses lecteurs que les 10 ans à venir connaîtront 2 fois plus de travaux routiers. Ainsi, près de 7 milliards de dollars devraient être nécessaires pour la remise aux normes des infrastructures.
Il semble que cette fin d’année 2016 s’annonce particulièrement chargée en terme de chantiers, ce qui risque d’en faire rager plus d’un. En effet, s’il est compréhensible que la Ville souhaite faire le maximum pour présenter la métropole sous son meilleur jour à l’occasion du 375e, certains s’interrogent cependant sur la répartition de ces travaux dans le temps. Il semble que beaucoup de projets ont été condensés durant la même période. De plus, considérant le nombre de chantiers, il apparaît difficile que 2017 fasse exception à cette nouvelle tradition montréalaise.
En outre, bien que les travaux aient leur utilité certaine pour la rénovation et l’amélioration des infrastructures et pour permettre à la Ville de se développer à long terme, il n’en demeure pas moins que pendant ceux-ci ont lieu, l’impact économique négatif peut être relativement conséquent. En juin dernier, Échos Montréal traitait des défis que les commerçants de la rue Saint-Denis avaient à affronter afin de survivre économiquement. Beaucoup de commerces ont effectivement dû fermer suite à la baisse considérable d’achalandage engendrée par les chantiers titanesques ayant eu cours sur l’artère, qui plus est lors de la période estivale, habituellement propice aux commerçants.
Si les chantiers sont indispensables et peuvent, une fois finis, laisser espérer un essor économique réel pour les secteurs concernés, beaucoup sont d’avis que le juste milieu semble être la solution, que l’on devrait jumeler aménagements esthétiques et rénovations pratiques, tout en prenant aussi en compte l’activité économique durant ces chantiers, afin de limiter ainsi un nombre de faillites au taux de croissance inquiétant.
En attendant, les Montréalais devront s’armer encore de patience, en espérant peut-être une accalmie afin de fêter le 375e dans la bonne humeur.