Pompon Laine Café : Une équipe tricotée serrée

Julie Verreault, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, novembre 2016

Lorsqu’elles ont dû décider de la forme juridique de l’entreprise qu’elles voulaient lancer, la coopérative de travail s’est imposée aux initiatrices et propriétaires de Pompon Laine Café. En effet, comme le souligne l’une d’entre elles, Zoée Brière, étant donné que toutes s’entendaient au départ pour qu’il n’y ait pas de patron et que chacune prenne des initiatives, l’entreprise devenait possible en collectif.

Plus encore, l’idée de départ étant de créer un lieu tridimensionnel, à la fois point de vente de matériel pour tricoter ou pour tisser, café et endroit où les clientes, car la clientèle est surtout féminine, pourraient apprendre la construction textile, échanger et apprendre entre elles, l’entreprise était tout naturellement destinée à devenir coopérative. Pour Zoée Brière, la coopération, c’est exactement ce qu’elle constate tous les jours chez Pompon Laine Café. Dans le même ordre d’idée, les trois femmes d’affaires ont décidé d’implanter leur entreprise près du centre-ville de Trois-Rivières afin de favoriser la convivialité et le sentiment d’appartenance.

Des liens se sont d’ailleurs rapidement développés avec leurs clientes, et plusieurs générations se retrouvent maintenant ensemble dans les locaux de l’entreprise pour partager et apprendre.

En somme, il existe entre la forme juridique, le lieu d’affaires et les services offerts une cohérence dont témoigne le succès de l’entreprise, succès auquel les trois associées, fortes de parcours bien différents mais complémentaires, contribuent chacune à leur façon. Zoée Brière possède une technique en construction textile du Centre des textiles contemporains de Montréal. Christine Dubois est une passionnée de ce type de confection toujours prête à partager son savoir-faire avec générosité. Geneviève Raymond, qui enseigne au Cégep de Trois-Rivières, apporte son expertise en administration.

Lancée au printemps 2015 avec le soutien de Guy Provencher, conseiller au Centre de développement régional de la Mauricie (CDRM), la coopérative offre des cours de tricot, de crochet, de tissage, de filage et de fabrication de feutres ainsi que tout le matériel nécessaire pour fabriquer des tissus ou selon l’expression exacte, pour effectuer de la construction textile. L’entreprise prête même des métiers à tisser.

Zoée Brière estime que la coopérative est un modèle d’affaires sous-utilisé. Selon elle, il permet de réduire l’attention excessive accordée à l’argent dans une entreprise traditionnelle pour se concentrer sur le projet en tant que tel. « Dans une coopérative, on est obligé de discuter, de s’entendre et on prend ainsi de meilleures décisions. On se verse des salaires et s’il y a des profits, il faut les réinvestir dans l’entreprise ou embaucher des gens. »

La jeune femme de 27 ans, mère de deux jeunes enfants, ne voit pas vraiment d’inconvénients dans la coopérative: « C’est un modèle qui nous a beaucoup protégées et qui m’a fait découvrir que je pouvais être entrepreneure et aimer cela. Nous sommes fières d’être une entreprise d’économie sociale même si on n’a pas encore eu beaucoup de temps pour s’impliquer dans le réseau. »

Bien plus qu’une simple forme juridique, l’économie sociale représente une troisième voie qui favorise la mise en cohérence des différents volets d’un projet d’entreprise dans son ensemble et permet de mettre l’humain au cœur de ce dernier.