Christine Caron, Le Vieux-Montréal, novembre-décembre 2010
Qu’évoque le silo no5 pour vous ? Un vestige industriel dont les murs détériorés servent de toile aux graffiteurs, un écran contre les nuisances des activités du quai Bickerdike, une perspective spectaculaire mais inaccessible sur la ville, le fleuve et les îles ? Le sondage maison de l’ARVM, en ligne depuis le printemps dernier, reflète ce clivage, les répondants préférant par une faible majorité la conservation du silo à sa démolition mais étant partagés quant à l’intérêt de le conserver en tout ou en partie.
II y a par ailleurs unanimité en faveur d’une utilisation publique du lieu, ce qui ne surprend guère, le site étant en continuité du principal espace public du Vieux-Montréal, le Vieux-Port ! Une nouvelle étape vers le redéveloppement du site a été franchie le 1er novembre dernier alors que Transports Canada transférait la propriété de la Pointe-du-Moulin et des bâtiments et structures qu’on y trouve à la Société immobilière du Canada (SIC). Déjà les grandes orientations sont arrêtées : Créer un nouvel ensemble urbain exceptionnel aux plans de l’architecture, du paysage et du développement durable ; Conserver et mettre en valeur le patrimoine industriel du site ; Atteindre une mixité de fonctions et d’usages s’adressant à des clientèles multiples ; Attirer les Montréalais et les touristes notamment par un belvédère accessible au public ; Favoriser une démarche de participation citoyenne, de partenariat et de respect du voisinage.
Si les ambitions sont grandes, les contraintes et embûches à la mise en valeur n’en sont pas moindres. Le maintien des activités portuaires et industrielles, notamment de la voie ferrée traversant le site, limite les usages possibles. Le niveau de contamination, le potentiel de transformation des structures elles-mêmes, autant d’éléments à préciser qui détermineront la faisabilité des projets. Une réalisation progressive dont la première phase serait achevée en 2017, à temps pour le 375e anniversaire de la fondation de Montréal, a été annoncée.
L’obligation d’autofinancement inscrite dans le mandat de la SIC l’incitera sans doute à déterminer au plus tôt une vocation qui permette à tout le moins d’amortir les coûts d’entretien qui s’élèvent à 500 000 $ par an. Il n’en tient qu’aux résidants de s’informer sur le site prévu à cet effet www.pointedumoulin.ca et de s’impliquer dans la démarche offerte pour s’assurer que les projets retenus répondent à leurs aspirations.