Sébastien Michon, Le Val-Ouest, Valcourt, mai 2025
Le conseil municipal de Bonsecours, lors de sa séance du 5 mai dernier, a refusé d’accorder un montant de 360 $ demandé par l’école primaire Notre-Dame-de-Bonsecours pour son gala Méritas. Une décision qui a suscité des échanges animés pendant la période de questions.
La demande a été refusée par trois votes contre ce financement et deux votes pour. Le conseiller Louis-Philippe Auger a quant à lui choisi de se retirer lors du vote, compte tenu que ses enfants fréquentent cette école.
Respecter scrupuleusement le budget
Des élus ont expliqué ce refus par le fait que le conseil souhaite scrupuleusement respecter son budget 2025, voté en décembre dernier. Un budget de l’ordre de 1,6 millions $ pour cette municipalité qui compte 657 habitants.
«L’an dernier, nous avons eu un exposé des Loisirs de Bonsecours. Ils nous ont démontré, chiffres à l’appui, que ça devenait extrêmement difficile pour eux de pouvoir organiser des activités qui bénéficient à toute la population. Dû à l’augmentation des coûts. Suite à cette présentation, le conseiller Georges Halasz a proposé une résolution. À l’effet d’accorder aux Loisirs un montant [supplémentaire] d’un peu plus de 2000 $, à partir du poste budgétaire réservé aux autres organismes. Le conseil a adopté cette résolution. Ce qui fait que, pour cette année, ce fonds tombe à zéro, peu importe les demandes», explique le conseiller Alex Bouthillette.
Il ajoute : «Ce n’est pas que nous sommes contre les autres organismes. Toutes les causes sont bonnes. Mais si on se met à faire des changements budgétaires pour l’école, alors pourquoi on n’en ferait pas aussi pour d’autres qui feront des demandes?»
«Conséquent vis-à-vis de la persévérance scolaire»
C’est la conseillère Valérie Descôteaux qui a demandé au conseil que ce vote soit public. Plutôt que de prendre cette décision de refus en séance de travail. Lors de l’assemblée, celle-ci a exprimé son ouverture à allouer des fonds à l’école, malgré cet objectif de rigueur budgétaire.
«J’aimerais que le conseil soit conséquent dans sa démarche vis-à-vis de la persévérance scolaire. Nous avons hissé le drapeau de la persévérance scolaire [devant l’édifice municipal]. De même, nous avons pris une photo, rédigé un message sur Facebook et avons offert des cartes de souhaits à chaque classe, pour soutenir les élèves. Avec pour but que les jeunes les voient et que ça les encourage à continuer. Nous arrivons à la fin de l’année, où on offre des Méritas, et le conseil se désengage. Je ne trouve pas que c’est logique.»
Une reconnaissance pour les efforts des enfants
Selon les informations obtenues par le Val-Ouest, cette initiative aurait été instaurée par Cécile Laliberté, qui fut mairesse de Bonsecours pendant 14 ans. Après quelques années de pause, la municipalité a choisi de nouveau, en 2024, d’offrir des sous à l’école pour cette activité.
Les 360 $ offerts par la municipalité ont permis, l’an dernier, de remettre près d’une vingtaine de Méritas dans cette école qui compte une centaine d’élèves. En reconnaissance des efforts d’enfants qui ont amélioré leur comportement ou encore leurs résultats scolaires. Les prix sont remis sous forme de certificats-cadeaux pour une librairie sherbrookoise.
Marc-André Bourgon, un parent d’élève siégeant sur le conseil d’établissement de l’école, s’est dit déçu que Bonsecours ne renouvelle pas son soutien financier cette année.
«J’ai apprécié votre geste de l’an dernier. Lors du Gala Méritas, on voyait des jeunes avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles. C’était gratifiant pour eux. Surtout qu’il s’agit d’une petite école située dans un village. Je trouve ça triste que pour 360 $, vous votiez contre ça», a-t-il fait savoir aux élus.
Non contribution du Canton d’Orford
Pendant l’assemblée, certains élus se sont publiquement questionnés sur le fait que le Canton d’Orford ne contribue pas, lui aussi, à cette remise de prix. Compte tenu que 46 % des enfants qui fréquentent l’école de Bonsecours proviennent de cette municipalité. Ce qui a fait réagir certains citoyens d’Orford présents dans la salle.
Les conseillers Alex Bouthillette, André Leduc et Georges Halasz sont tous trois intervenus pour mentionner qu’il ne s’agissait pas d’une décision à l’encontre de l’école ou du Canton d’Orford, mais plutôt d’un choix budgétaire.
Des citoyennes et citoyens ont alors demandé formellement à la municipalité si celle-ci pourrait interpeller le Canton d’Orford pour qu’elle participe financièrement à cette activité. Ce qu’elle s’est refusée de faire jusqu’à maintenant, selon ces citoyens.
Le conseiller Alex Bouthillette a répondu :
«Le mieux qu’on pourrait faire, c’est que Bonsecours appuie la démarche de l’école dans sa demande à Orford. Mais ce n’est pas la municipalité qui va faire directement une telle demande d’aide financière à une autre. Ce n’est pas son rôle.»
«Je suis gêné d’être citoyen de Bonsecours»
Ces échanges ont peiné un citoyen dans la salle, qui a tenu à exprimer son inconfort.
«Je veux exprimer ma déception quant à la décision du conseil municipal concernant l’école. Je suis un peu gêné d’être un citoyen de Bonsecours quand vous faites ça. C’est un manque de respect complet.»
Ce citoyen a alors spontanément mentionné publiquement qu’il allait lui-même offrir 200 $ à l’école, à titre de compensation. «Je vais modifier mon budget et mettre mon argent ailleurs», a-t-il ironisé.
Cet élan a suscité d’autres réactions du même genre. Tant et si bien que la Bonsecouroise Valérie Berger, copropriétaire de la Ferme Péchés Moutons, s’est portée volontaire pour amasser les dons après la séance du conseil.
Dons spontanés de citoyens
Au moment de la publication de cet article, trois jours après les faits, le montant amassé s’élève à environ 500 $. Marc-André Bourgon se dit bien heureux de cette générosité citoyenne. Qui permettra ainsi d’offrir davantage de prix aux élèves cette année.
Malgré cette bonne nouvelle, il déplore tout de même la situation. Il réitère que l’école renouvellera, plus tard cette année, ses demandes de soutien financier aux deux municipalités en vue des Méritas de 2026. Et ce, tient-il à souligner, après les élections municipales qui se tiendront en novembre prochain.