Daniel Rancourt, Le Félix, Saint-Félix-de-Kingsey, mars 2025
Comme chaque année au mois de mars à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’Aféas (Association féministe d’éducation et d’action sociale) tient à honorer l’une de ses membres. En 2025, l’honneur revient à madame Hélène Larouche.
À la Ferme les Deux L dans le 9e rang de Saint-Félix-de-Kingsey, c’est le temps des agnelages : avec 120 brebis, Hélène ne chômera pas. «Avec les naissances multiples, car une brebis peut donner parfois jusqu’à quatre, cinq agneaux par portée, faut les nourrir au biberon. Mais nous avons la chance d’avoir de la relève», commence Hélène.
Le transfert de la propriété des Deux L est amorcé pour le fils d’Hélène et de François Latulippe, Jean-Martin, 22 ans, diplômé de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) de St-Hyacinthe. Et en plus de la ferme, Hélène lui a transmis l’amour, la passion et l’intérêt des «projets», multiples et nombreux comme en font foi les constructions de garages et de hangars, de différents pavillons et bâtiments, qui se multiplient sans cesse sur le terrain des Deux L. Ainsi, Jean-Martin prévoit la construction prochaine d’une nouvelle bergerie pour accueillir 500 agneaux! «Les projets n’arrêtent jamais», lance Hélène en riant.
Il y a les agneaux, mais il y a aussi les vaches Highland-dont on prévoit renouveler le troupeau avec l’acquisition d’une quinzaine de nouvelles vaches et d’un nouveau taureau, les porcs, les dindes et les poulets, sans oublier le potager! Et les 90 acres de terres qui leur appartiennent, et les 70 autres que les Deux L louent. Et la plantation de 6000 sapins destinés à l’autocueillette, prenant ainsi la relève de Jean-Guy Bernier, leur voisin et ami. Les projets n’arrêtent pas, n’arrêtent jamais aux Deux L.
Il ne faut surtout pas oublier de mentionner tout le travail de transformation de leur production agricole, sous l’impulsion inlassable d’Hélène Larouche. La boutique des Deux L regorge de leurs viandes déclinées en nombreuses coupes et découpes et préparations, mais aussi les 17 variétés de potages, les trois sortes de tourtières, quatre sortes de quiches, six sortes de tartes, plus les pâtés, les conserves et les marinades, les coquilles de fruits de mer et les «egg rolls», les desserts, etc., confectionnés avec l’aide d’une employée fiable, fidèle et dévouée. Plus les activités à temps partiel de service de traiteur… Non, on ne chôme pas aux Deux L !
Engagement
Comme si ce n’était pas assez, Hélène Larouche est membre du conseil d’administration de plusieurs organisations : syndicat des producteurs d’agneaux, les Balades gourmandes, secrétaire de l’Aféas de St-Félix, sans oublier qu’elle est membre du comité environnement de la municipalité! En plus de l’organisation de son marché de Noël! Non, mais expliquez-moi comment elle trouve le temps et l’énergie de faire tout ça ???
Bémols
Hélène Larouche ne peut s’empêcher de signaler quelques bémols à ses activités. Elle déplore grandement la fin des «Dimanches à la ferme», projet entrepris avec ses collègues partenaires des Jardins Chant de vie et du Paysan gourmand. «La clientèle de St-Félix n’est pas suffisante pour nos affaires. La majorité de notre clientèle, tant aux Deux L qu’aux Jardins Chant de vie et du Paysan gourmand, proviennent de l’extérieur : de Montréal, de Québec, Trois-Rivières, Drummondville, Victoriaville, etc. Même chose pour le marché de Noël! Nos exposants ne reviendront sans doute pas à cause du manque de clientèle. Les gens de St-Félix, la population locale, ne viennent pas nous voir. Et n’encouragent pas l’achat local». S’ils savaient ce qu’ils manquent !
Autre bémol : la production agricole entraîne son lot de paperasserie : des formulaires, des permis de ci, des permis de ça, avec évidemment, toujours des frais afférents. L’administration, et la comptabilité, d’une entreprise agricole, c’est toute une affaire!
Cela n’empêche pas Hélène Larouche d’aller de l’avant, Et on sait qu’avec elle, ce ne sont pas les projets qui manquent : amélioration de la génétique du troupeau ovin, programme «Maedi-Visma» pour contrôler et maîtriser ce virus infectant les troupeaux ovins (le troupeau des Deux L est catégorisé «diamant», comme exempt de maladie), etc.
Autre questionnement d’Hélène : «Où est la relève? Où sont passés les bénévoles? Par exemple, à l’Aféas, je ne sais plus combien de membres nous sommes, mais il n’y a qu’une poignée, une douzaine de membres présentes aux réunions. Où est passé l’engagement, l’implication, la participation des citoyens, de nos concitoyens, à St-Félix ? Avec les temps qui viennent, va falloir apprendre à s’entraider… Mais nous sommes bien à St-Félix», conclut celle qui a encore et toujours les joues rouges (et non les roues rouges !)*
Merci Hélène Larouche !
Ferme Les Deux L
931, rang 9, Saint-Félix-de-Kingsey Heures d’ouverture : de 9h à 18h Toujours préférable de téléphoner avant de se présenter : 819 848-2552 www.lesdeuxl.com
* référence à un premier article consacré à Hélène Larouche et la ferme des Deux L intitulé «Savez-vous pourquoi Hélène Larouche a les joues rouges ? paru dans Le Félix de juin 2017 (vol.18 no 6).