Marc Cochrane, Autour de l’Île, Saint-Pierre, mars 2025
L’imposition des tarifs douaniers de 25 % au Canada, annoncée par le président américain Donald Trump et initialement prévue pour le 4 mars avant d’être suspendue jusqu’au 2 avril, risque d’entraîner des conséquences néfastes non seulement pour les entreprises exportatrices mais aussi pour les importatrices. Ces répercussions frapperont également l’île d’Orléans.
Regroupant les copropriétaires de la Ferme Onésime Pouliot, Daniel et Guy Pouliot et présidée par Joey Boudreault, l’entreprise Les Produits Encore exporte depuis 2023 dans le nord-est des ÉtatsUnis des fraises et des framboises, mais aussi des tomates, du sirop d’érable, des cerises de terre ainsi que des raisins et des nectarines en provenance de l’Ontario.
Cette mesure de Trump pourrait chambouler le fonctionnement des Produits Encore.
« L’application de ces tarifs douaniers rend notre entreprise non compétitive. Jusqu’à présent, nous exportions 100 % de notre stock au sud de la frontière, mais nous devrons désormais réduire de 70 % nos cultures de fraises et les vendre sur le marché canadien à moindre coût », a commenté M. Boudreault aussi responsable développement des affaires à la Ferme Onésime Pouliot.
Et Les Produits Encore ne sont pas les seuls touchés. « Plusieurs producteurs agricoles de l’île font affaire avec l’entreprise Taste of the North pour exporter leurs produits aux États-Unis », a-t-il souligné.
LE SECTEUR DE LA TRANSFORMATION DU BOIS ÉGALEMENT AFFECTÉ
« Nous n’exportons pas, mais j’ai des clients qui exportent et ça aura un impact sur nous. De plus, j’achète du bois aux États-Unis et la contre-taxe imposée par le Canada s’y applique. Ces produits sont dans la liste qui devait entrer en vigueur dernièrement », a soutenu Rémi Blouin, copropriétaire de De Bois Blouin.
LES IMPORTATIONS AUSSI FRAGILISÉES
Des entreprises de l’île d’Orléans qui n’exportent pas, mais qui importent des États-Unis seront fortement touchées puisque le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé l’instauration de contre-tarifs sur divers produits en provenance de chez l’Oncle Sam. C’est le cas de Confiturerie Tigidou.
« Le geste de Donald Trump complique notre approvisionnement en pots pour les confitures. Nous les faisions venir des États-Unis, mais nous devrons nous tourner vers la Chine. D’autres entreprises du Québec et de l’île doivent vivre avec ce même problème », a précisé Vincent Paris, propriétaire de Confiturerie Tigidou.
LE TOURISME PEU TOUCHÉ
Selon Marie-Maude Chevrier, conseillère touristique et adjointe à la direction à la MRC de L’Île-d’Orléans, la décision du président américain ne devrait pas affecter la fréquentation des touristes américains dans la région de Québec et sur l’île d’Orléans.
« J’ai récemment échangé avec l’Alliance de l’industrie touristique sur cette question. Pour l’instant, les associations touristiques prévoient peu de changements sur le comportement des visiteurs en provenance des états frontaliers (Nouvelle-Angleterre). Majoritairement démocrates, ces voyageurs ont une bonne opinion du Canada et représentent une forte proportion des touristes américains au Québec, puisqu’ils peuvent s’y rendre facilement en voiture », a mentionné Mme Chevrier. Cependant, face à la récente montée des tensions avec les États-Unis, près de la moitié des Québécois qui avaient prévu d’effectuer un voyage au sud de la frontière en 2025 ont déjà annulé leurs plans ou ont l’intention de le faire. C’est ce que révèle un sondage réalisé par la firme Léger pour le compte de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.
Cette situation engendre des pertes majeures se chiffrant autour de 3 milliards de dollars pour l’économie américaine, selon les estimations des économistes de l’Alliance.